Les deux nigauds a été édité pour la première fois aux éditions Hachette dans la collection La Bibliothèque rose en 1862. C'est certainement une des oeuvres de la Comtesse de Ségur les plus comiques, avec
Les malheurs de Sophie, tout en véhiculant une forte morale. Comme chaque roman de la comtesse de Ségur, ce roman est adressé à un de ses petits-enfants. Celui-ci est dédicacé à son petit-fils Armand Fresneau qui vit en Bretagne. «Reste toujours brave et loyal Breton, et garde-toi bien de devenir un Parisien frivole, moqueur, vain et inconstant. »
L'aspect comique marque particulièrement ce texte, les scènes burlesques s'y multiplient. Les personnages ont des noms amusants, qui prêtent déjà à rire.
Les deux nigauds sont risibles tant ils sont ridicules, ils se pensent supérieurs, mieux habillés que tout le monde. Imbus de leurs personnes, ils sont incapables de voir qu'ils sont la risée de tous, ils ne savent pas se comporter en société et en paient le prix fort. Mais même lorsqu'ils vivent le pire, on a encore des difficultés à les plaindre. Enfants trop gâtés par des parents trop laxistes, la leçon finira par porter ses fruits, mais à quel prix ! Car ce roman est avant tout une leçon de vie, la
Comtesse de Ségur, très attachée à la campagne, ne conçoit pas le tumulte de la vie parisienne. Elle cherche à démontrer que la vie à Paris n'a rien de féérique, mais qu'au contraire, c'est un endroit où il ne fait pas bon vivre.
Dans
Les deux nigauds, Sophie Rostopchine cherche aussi à dénoncer l'enfance maltraitée, sujet autobiographique, qu'elle a traité dans plusieurs de ses romans dont
Les malheurs de Sophie. Finalement, la morale de ce texte est sans doute que tout le monde peut changer. Ces deux méchants enfants égoïstes des premières pages deviennent de gentils enfants dévoués et aimants. La bonté chrétienne de la Comtesse de Ségur l'a une fois de plus emporté sur la méchanceté.