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Citations sur Les dépossédés (11)

Est-ce donc à cela que ressemble le mensonge ?
Lorsqu'on se ment avant tout à soi-même.
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Le mensonge commence toujours par le déni.
Il est arrivé quelque chose- pour autant, on se refuse à l'admettre.
Ainsi commence le mensonge.
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-Eh bien, non, vole donc ta pomme de terre, pauvre gueux !
En apaisant ta faim tu^prouves au moins que tu es un homme libre !
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Pendant la pause de midi, la jeune femme se trouvait dans la queue devant la cantine populaire rue Jakuba, munie de sa gamelle. Elle était tête nue et le soleil lui brûlait le sommet du crâne à travers les cheveux, comme si une large plaie ouverte se fût trouvée à cet endroit.
Dans la file d'attente, maintes personnes avaient eu des parents ou des amis dans les différents établissements hospitaliers du ghetto, et quasiment toutes racontaient les mêmes histoires : les enfants jetés par les fenêtres du service d'obstétrique, les personnes âgées et infirmes éventrées à la baïonnettes ou succombant sous les tirs des soldats. Seule une infime partie de ceux qui s'étaient rendus dans les hôpitaux avaient réussi à sauver leurs proches.
Selon certaines rumeurs, le Président avait obtenu des autorités, au terme de longues négociations, qu'elles épargnent une poignée de personnages particulièrement haut placés parmi les malades à conditions de déporter d'autres individus à leur place. Une nouvelle commission aurait été établie. Celle-ci était chargée d'examiner les listes des hôpitaux pour identifier tous les anciens patients y compris ceux qui avaient cherché à se faire admettre par le passé - mais dont la demande avait été rejetée, faute de contact. N'importe qui faisait l'affaire du moment qu'on pouvait le troquer contre l'un des rares irremplaçables du ghetto dont les dirigeants ne pouvaient absolument pas se passer.

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Ils ont un besoin urgent de médecins, ici ! Moi, je ne peux pas dormir, tant je suis taraudée par l'effroyable vérité : celle que nous n'avons aucun avenir...
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Le froid était tel, durant ces mois d'hiver, que Martin devait rompre la glace dans le puits avant de pouvoir tirer l'eau. A quatre pattes, Véra s'efforçait de nettoyer le sol, tout au moins sommairement, mais ses mains enflaient et s'engourdissaient au contact de l'eau glacée. On avait pendu un fil pour étendre le linge entre le tuyau de la cuisinière et la porte du cabinet de Maman mais les vêtements ne séchaient guère et on avait beau alimenter le feu, le froid s'engouffrait quand même et vous pénétrait jusqu'aux os.
Les douleurs dans ses articulations devenaient alors insupportables. Pourtant, bien plus que le froid et l'humidité, c'était la faim qui transformait la vie en un lent supplice. Couverts d'œdèmes, le ventre, les poignets et les chevilles se boursouflaient et les articulations étaient pesantes, sans force. C'était toujours la même soupe claire à l'odeur d'ammoniaque et, au bout de plusieurs jours à ce régime, la lassitude laissait place au vertige et le vertige à une sorte d'obsession. Chaque heure, chaque minute qui passait enfonçait un peu plus cette idée fixe dans le cerveau de Véra : manger.
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Travail, travail, travail ! Combien de fois ne vous l'ai-je pas dit et redit : le travail est le mont Sion ! Le travail est la fondation de mon État . Travail - Un dur labeur sera notre discipline. (P. 332)
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Quand les déportés et les morts sont plus nombreux que les vivants, ils se mettent à parler à leur place. Les vivants ne sont plus en nombre suffisant pour avoir la force de porter la réalité ; c'est aussi simple que cela.
A présent, Adam comprend : c'est de là que viennent les voix.
Quand il fait froid et sombre et que l'humidité brouille toutes frontières, la balance penche de l'autre côté ; alors que le ciel là-haut n'est plus à lui, mais à eux. Ce sont eux qui marchent sous la voûte : en route pour Marysin depuis la prison de la rue Czarnieckiego, par rangs de trois ou cinq, escortés par les gardes ; ou bien debout derrière la clôture de la Maison verte, leurs petites mains oubliées pendues au grillage.
En d'autres temps, un silence absolu régnait dans les colonnes de marche. A présent, il entend les hommes chanter. Tous les dos chantent. C'est un chant sorti de la terre, sourd et puissant comme un grondement qui croît et grossit à l'intérieur de son corps. Car ce chant résonne aussi en lui. Le monde entier tremble et retentit de cette complainte. Il se bouche les oreilles de toutes ses forces pour la repousser ; en vain. Car quand les morts chantent, rien ni personne ne peut empêcher leurs voix de s'élever ; rien ni personne ne peut les faire taire.
Lorsqu'il se réveille enfin, il ne reste que l'écho de son propre cri. Mais cet écho se répercute au loin, bien au-delà de lui-même, comme s'il avait malgré lui dessiné les contours de tous ces morts et absents, dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres.
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Mais comment peut-il y avoir de Vérité s'il n'y a pas de Loi, et comment peut-il y avoir de Loi s'il n'y a plus de Monde ?
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...le meilleur travailleur est celui qui a l'estomac vide. Les ouvriers au ventre plein sombrent dans la torpeur. Ils n'ont plus la force de tenir leurs outils. Ils tombent sur le train. Et s'ils ne tombent pas sur le train, ils ont les yeux rivés à l'horloge, dans l'attente du signal qui leur permettra de se lever et d'aller reposer leur corps suralimenté. [...] Il s'agit de maintenir les cochons dans une condition où ils ne sont jamais rassasiés. Ainsi la nourriture les obsède ; la pensée qu'ils pourront bientôt manger les pousse à travailler un peu plus longtemps, à donner toujours un peu plus : ils sont toujours à la à limite d'être tirés d'affaire, sans l'être tout à fait. (P.61)
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