Ce jour-là, en sortant du centre de radiologie,
je suis rentré chez moi à vélo. J'ai toujours adoré faire du vélo à Paris et je me souviens de ce trajet comme d'un moment privilégié. Évidemment, après la nouvelle que je venais d'entendre, il aurait été plus prudent de repartir en taxi, car les pavés inégaux n'étaient pas très indiqués dans ma
situation. Mais précisément, après la nouvelle que je venais d'entendre, j'avais besoin d'air.
Selon Marshall Rosenberg, le grand génie qui est l'inventeur de la communication non violente, la principale source du sens de la vie c'est de contribuer au bien-être de ceux qui nous entourent.
(...) après tout, je ne suis pas le seul à devoir mourir. Ce n'est pas comme si on m'avait injustement puni, mis au cachot, à l'eau et au pain sec. Non, tout le monde devra y passer un jour.
Même s'ils doivent renoncer à leur mode de vie d'« avant », les malades ont besoin de sentir qu'ils continuent de faire « partie du club » -- le club des vivants qui « font des choses » et « vivent leur vie ».
Je n'ai pas de mots pour décrire la satisfaction que j'éprouve à l'idée d'avoir un tant soi peu redonné confiance et espoir à ces malades – mes frères – dans la tourmente.
C'est à la racine du problème qu'il faudrait s'attaquer : mettre fin à l'empoisonnement de l'environnement et réformer l'industrie agroalimentaire. Au lieu de quoi 97% de notre effort de recherche est tourné vers les méthodes de soin et de détection... Je suis de ceux qui pensent que notre santé est intrinsèquement liée à celle de notre environnement. Guérissons notre planète pour nous guérir.
L'écologie nous apprend que toute forme de vie est l'expression d'échanges au sein d'un réseau. La terre elle-même ne fonctionne que comme un réseau où tout interagit avec presque tout en permanence. Là aussi, ces interactions génèrent des propriétés émergentes qui constituent l' « intelligence de la terre ». C'est cette intelligence que nous sabordons quand nous violons délibérément les équilibres naturels.
Il a été très bien résumé par mon ami Michael Lerner : « On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade. »
Le principal obstacle au développement de cette médecine intégrée [dite holistique], c'est qu'elle n'offre aucune occasion de gagner beaucoup d'argent.
Tout comme les systèmes de neurones, l'organisme produit lui aussi des propriétés émergentes. Et, comme pour le cerveau, ces propriétés constituent une sorte d' « intelligence », cette « intelligence du corps », que nous sommes plus habitués à désigner sous le nom de « santé ».
Qu'est d'autre la santé, en effet, que la résultante d'un fonctionnement harmonieux et équilibré de tous les systèmes qui constituent l'organisme ? Quand ce fonctionnement se détraque, il ne sert à rien de s'acharner sur l'organe qui a l'air de flancher, le foie, le sang, le coeur, etc. Il faut chercher à restaurer l'équilibre de l'ensemble.