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Critique de SerialLecteurNyctalope


Joann Sfar n'a que bien peu de limites à l'oral comme à l'écrit. Lui, le niçois de coeur, ancré dans l'histoire familiale nous livre sa jeunesse aux repères protéiformes. En montant la garde devant la synagogue Deloye, lycéen à Masséna, les repères géographiques me sont forcément très familiers. Une fois de plus Joann Sfar excelle dans cette narration huilée sans anicroche, en reliant chaque case par ce fil conducteur de l'antisémitisme et du regard d'autrui. Avec sa faculté de se mettre en scène et de se dessiner à différents âges de sa vie, de manière peu flatteuse c'est le moins qu'on puisse dire, la mise en abîme excelle par ce ping pong incessant.

On y croise Joseph Kessel, Jacques Médecin, Raymond Barre ou Jean-Marie le Pen invitant un ancien SS, à deux pas de chez moi dans la grande salle Acropolis où les niçois en masse acclamaient l'immonde. Ironie de la chose, Yom Kippour s'est tenu pendant longtemps dans cette salle comme pour conjurer le sort inconsciemment surement. Vous y croiserez des personnages détestables ou tendres par instants. Entre skinheads et policiers peu concernés par le terrorisme à l'époque, entre magouilles politiques et hommage à un père brillant, Joann Sfar convoque ses souvenirs pour en exhausser la réalité. Entre croix gammées et insultes, le présent se forge sur les racines du jeune Joann tout en retraçant les événements familiaux marquants. Sans jamais devenir manichéen, Joann s'interroge sur le judaïsme en tant que tel, sur l'intérêt de ses coutumes, sur ce qu'il est possible et admissible ou pas. Vous rirez à travers ces scènes de full contact selon les professeurs, mais vous rirez beaucoup moins lorsque les petites phrases assassines antisemites viendront éclater dans votre réalité ou lorsqu'un professeur antisémite adulé par les jeunes femmes du premier rang, souhaitera jeter tous les juifs à la mer. L'obscurantisme et le racisme ne changent pas de trottoir malgré les années qui passent.
Brigitte Findakly aux couleurs, Joann pour l'humour et le dessin si caractéristique que nous connaissons depuis fort longtemps, rien ne change, tout est toujours sensible, drôle et sarcastique avec des apparitions du chat du rabbin par moments.

Avec un long cahier final retraçant les événements de ces périodes et les articles de presse s'y afférent et photos d'archives de son père, Joann Sfar ouvre une boîte de Pandore devant laquelle on s'émerveille et s'horrifie.

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