Des locked-in syndromes doivent avoir été causés par trop de « Y a pas de souci ». J'ai entendu ça : lorsqu'un bébé pleure et qu'on décide de le laisser pleurer, ça ne lui apprend rien d'autre que « Y a pas de souci ». Très tôt, il se dit que ses émotions n'ont aucune importance, que c'est inutile de s'en ouvrir aux autres. Si l'enfant finit par cesser de pleurer, c'est une défaite, je crois.
Le sujet, ce n'est pas seulement le chien Marvin ou pas seulement Lili. le sujet, c'est Facebook et la promesse qu'offrent les images. le petit chien de Facebook, la jolie fille de Facebook, et pour finir le carnage de Facebook seront toujours plus attirants que les drames vécus et éprouvés dans nos vies minuscules. Car derrière ces images, dans la joie ou dans l'horreur, se tiennent des promesses plus grandes que nous.
Notre époque c'est celle du type qui achète tellement de livres qu'il n'aura jamais le temps de les lire et ça l'angoisse tellement qu'il en oublie à quoi servait à l'origine la lecture.
Ce qui m'intéresse chez un collègue, ou chez un étudiant, s'il est question d'aborder la pratique artistique, c'est l'avancée de sa compréhension de ces sujets essentiels et absolument pas intellectuels : la représentation du vivant, de sa structure, sa mécanique et ses aplombs ; la représentation de l'espace selon des modalités géométriques et atmosphériques ; le sens de la lumière ; la méthode de perception et d'évocation de la couleur. Tout cela d'après nature, photographie, film. Tout cela en peinture, en bande dessinée, en photographie et pourquoi pas aussi en mots. "La raison pour laquelle", je m'en fous. "Comment on va s'y prendre", ça m'intéresse infiniment plus. Je veux de l'imagination. Car toutes les idées se ressemblent, puisque ce sont elles qui nous font humains. Seule compte à mes yeux la rétivité du monde à se plier à nos projets. C'est dans le contact impossible entre notre projet et le médium que se cache l'artiste.
Le sujet, ce n’est pas seulement le chien Marvin ou pas seulement Lili. Le sujet, c’est Facebook et la promesse qu’offre les images.
Lorsqu'on a davantage peur de l'AVC que des sorties de boîte de nuit, la boxe devient récréative. Le vrai combat c'est le contact avec le monde.
La littérature existe parce que la vie ne suffit pas.
Ecrire, c'est quand quelque chose te tracasse et que tu peux le faire sortir. "Y'a pas de souci, c'est l'inverse. Chaque " y a pas de souci" entendu confortera l'auteur dans l'idée que toute communication avec l'extérieur est vouée à l'échec.
Il essaie de se vendre à une dame de la télévision habillée en gamine mais soixante ans au compteur et lunettes "Alerte à Malibu" alors qu'on est en décembre, connasse. (page 43)
« Faut plus que t'achètes sur Amazon, bébé, car ils ne déclarent pas leurs impots.
- C'est vrai ? Comment ils font ? » (page 162)