Elif Shafak, m'a conquis depuis longtemps. Ses romans se suivent et me procurent un enchantement toujours renouvelé. Ce roman qui ne déroge pas à la règle, qualifié dans la shortlist du Booker Prize 2019, conforte son statut de grande dame de la littérature contemporaine.
Leila, une prostituée de 43 ans, est assassinée dans une rue d'Istanbul. Son coeur s'est arrêté de battre mais son esprit a un sursis ; il continue de fonctionner durant 10 minutes et 38 secondes. le temps qu'il lui faut pour rembobiner le film de sa vie, se remémorer des choses qu'elle se serait crue incapable de se rappeler, des choses qu'elle croyait oubliées à jamais.
Leila n'a jamais eu de vie normale. Née et élevée dans une maison où règnent le mensonge et l'hypocrisie, mortifiée par son père, elle s'affranchit des conventions sociales et de la bien-pensance et s'enfuit pour Istanbul ; la ville où finissent tous les mécontents et tous les rêveurs.
Si sa famille de Sang l'a bannie, cinq amis seront désormais sa nouvelle famille, une famille d'Eau. Une Eau qui peut laver les blessures de la vie et le chagrin amassés au fond d'elle.
Ce roman qui suinte la vie tourmentée et le destin tragique de Leila, n'est pas sombre pour autant. On s'attache vite à Leila, l'héroïne principale du roman. Mais on s'attache aussi à ses amis, différents les unes des autres, parfois truculents : Nalan le transsexuel, Humeyra la chanteuse de casino, Zaynab la naine, très pieuse mais diseuse de bonne aventure…
Grâce à sa belle plume, à la magie de ses mots,
Elif Shafak nous gratifie d'un opus profond, poignant mais en même temps tendre, parfois loufoque, empreint d'humanisme.