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Ce livre m'a fait voyager, avec ses descriptions de la ville d'Istanbul dans les années 1950 et la ville plus reculée de Van, des personnages hauts en couleurs, des saveurs, des odeurs typiques qui raconte la vie de l'héroïne, Leila.

Elle est découverte assassinée dans les rues d'Istanbul. Pendant 10minutes et 38secondes, elle voit défiler les épisodes marquants de sa vie, de sa naissance, son enfance, son adolescence à sa vie d'adulte. Sa vie est dure, dès sa naissance dans un village retranché où elle vient au monde au sein d'une famille dans laquelle le père a deux épouses qui doivent cohabiter. Elle s'enfuit alors à Istanbul, où elle est contrainte de se prostituer. Dans sa misère, Leila a réussi malgré tout à nouer des amitiés très fidèles et profondes, avec notamment d'autres marginaux de la ville. Leurs vies nous est conté également.

J'ai adoré la première partie du livre, où l'on voit chronologiquement défiler la vie de Leila. Il y a véritable travail sur les sens, notamment sur l'odorat et le goût et les descriptions sont visuelles.
En revanche, j'ai moins accroché sur la deuxième partie du livre sur le deuil des amis de Leila et son enterrement. On comprend probablement cela avec ce que l'auteure nous partage sur sa propre vie et l'impossibilité pour elle-même d'avoir pu assister aux funérailles de sa grand-mère. Même si le tout est cohérent car c'est un livre sur la vie, mais aussi la mort, j'ai moins aimé la dynamique de la deuxième partie et les péripéties autour de l'enterrement de Leila.
Toutefois, j'ai passé un très bon moment de lecture et ce livre me marquera pendant longtemps.
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Elif Shafak est une écrivaine turque, dont j'apprécie la subtilité du discours. Elle choisit de donner la parole aux personnes mises à l'index dans son pays, les femmes, les gays, les Kurdes et bien d'autres, tous les opposants au régime en place, en général.

"10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange" prend vie sur un espace-temps original, le temps que met le cerveau à se déconnecter du corps après l'instant T de la mort clinique. Profitant de ces quelques minutes, Leila passe en revue sa vie et les circonstances qui l'ont conduite à la prostitution pour finir assassinée, jetée dans les détritus d'Istanbul. Divisé en trois parties, L'esprit, le corps et l'Âme, ce roman déroule deux histoires différentes et complémentaires.

Dans la première, l'Esprit, grâce aux odeurs qui émanent de son environnement, comme Marcel Proust et sa célèbre madeleine, Leila se remémore les différentes étapes de son passé, ses proches avec leurs secrets inavouables et les abus de toute sorte qui l'ont conduite à s'en éloigner, choisissant le seul moyen de survivre pour une femme sans instruction, la prostitution. Au gré de rencontres particulières, elle se recompose une famille de coeur, une famille d'eau pour l'autrice, en tissant des liens d'amitié forts avec d'autres "parias" à son image. Certains portraits sont truculents et distillent un moment de légèreté appréciable dans les bas-fonds étouffants d'Istanbul.

Dans la seconde, le Corps, se déroule une épopée macabre menée tambour battant par les cinq amis de Leila pendant laquelle j'ai un peu décroché. Hésitant entre rire devant le grotesque des personnages pourtant animés d'un projet louable quoique rocambolesque, et pleurer de perdre tout le fil d'une histoire remplie d'humanité et de poésie qui m'avait permis de cerner un beau portrait de femme volontaire.

Les points forts de cette histoire sont basés sur le thème général, l'amitié, la discrimination des êtres hors normes, ainsi que l'écriture, toujours aussi magistrale, pour faire vivre les quartiers d'Istanbul, même lors des maltraitances envers les exclus. En revanche, le bémol s'est imposé par les caricatures poussées à l'extrême des amis dans leur lugubre expédition nocturne. La dernière et courte partie, L'Âme, envolée lyrique sur le grand repos, l'esprit enfin en paix avec le corps, donne une chute magistrale au récit, mais n'a pas réussi à effacer ce qui m'a perturbée.

Refermant ce roman, je me suis trouvée démunie de toute l'émotion que j'avais pu accumuler depuis que j'avais fait la connaissance de Leila et de sa vie, comme si ses turbulents amis me l'avaient arrachée, me laissant le coeur froid, presque indifférent face à un destin qui ne peut que bouleverser, sans apitoiement. C'est une impression bizarre, suffisamment dérangeante pour me gêner et ne pas pouvoir déterminer si j'ai aimé ou pas ma lecture, sans toutefois pouvoir l'oublier.
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La descente aux enfers d'une jeune fille dans la Turquie de l'après guerre, racontée par petites touches comme un puzzle dont les pièces se mettent en place progressivement. Une évocation de la Turquie de la seconde moitié du XXème siècle, et des courants contraires qui la traversent : nationalisme, laïcité ou retour à la religion, soif de modernité et attrait de l'Occident ou respect des traditions, démocratie ou dictature.
Mais c'est aussi l'occasion d'aborder des questions universelles : la fin de l'enfance et la perte de l'innocence, les relations au sein des familles, l'inceste, le basculement dans la prostitution ; et c'est, surtout, une grande histoire d'amitié entre l'héroïne et différentes personnes toutes plus ou moins cabossées pas la vie et les choix qu'elles ont fait.
Un récit poétique, imagé et coloré, plein de bruits, d'odeurs, de saveurs, qui stimule l'imagination et s'adresse aux cinq sens.
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leila, prostituée dans les années 70 à Istanbul. Assassinée dans une ruelle sordide, elle va rester pendant 10 minutes et 38 secondes consciente de ce qui se passe. Elle va alors, guidée par des odeurs se remémorer sa vie passée et en particulier les rencontres avec ses cinq amis.

Ce livre m'a été conseillée par ma bibliothécaire et elle a eu bien raison. La première partie du livre, celle où elle se remémore son enfance et ses amis est pour moi plus passionnante que la seconde même si la fin est sympathique. Et quelle bande d'amis. Tous plus loufoques mais attachants les une des autres, et prêts à tout pour honorer la mémoire de leur leila. C'est dur mais tendre et émouvant à la fois. Certains passages sont également très drôle. Une réussite.


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« 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange » est le portrait d'une femme et le portrait d'un pays. A travers Leila, c'est la Turquie de le seconde moitié du XXè siècle que décrit Elif Shafak. Une Turquie qui oscille entre modernité occidentale et tradition religieuse, entre ouverture sur le monde et repli identitaire, entre les sirènes du capitalismes et les rêves du communisme.
La plume d'Elif Shafak est suffisamment douce pour tout évoquer, y compris l'indicible. Elle a cette capacité à parler des horreurs sans crudité ou jugements à l'emporte-pièce, ce qui rend les scènes d'autant plus poignantes.
Elle a su faire de Leila une héroïne, non pas parce qu'elle est plus forte qu'Istanbul ou parce qu'elle traverse les épreuves que lui impose l'autrice, mais parce qu'elle est vraisemblable : à la fois profondément marquée dans ces manières par son travail de prostituée, et en même temps encore terriblement enfant, le coeur plein de générosité.
Dans beaucoup de séries ou de livres, il y a surabondance de personnages marqués ou excentriques, afin de faire dans une représentativité qui est bien souvent bancale. Dans ce roman, ce n'est pas le cas : la ville, le quartier, la vie de Leila, tout explique qu'elle soit liée à des personnages qui ont une histoire forte.
J'ai lu ce roman dans mon optique de faire le tour du monde par les livres et les auteurs. Je n'étais pas certaine d'aimer l'histoire, malgré les recommandations d'autres lecteurices. Au final, je suis contente d'avoir découvert la plume d'Elif Shafak et la vie de Tequila Leila.
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Troisième roman d'Elif Shafak que je lis, « 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange » retrace le destin de Leila, depuis le moment de sa mort dans une rue d'Istanbul pendant 10 minutes & 38 secondes.
Ce laps de temps suffit à retracer les moments importants de sa courte vie, depuis son enfance dans un village anatolien jusqu'à son arrivée dans la capitale, la rencontre avec chacun de ses amis.
Elif Shafak est une conteuse née, elle prend le lecteur aux tripes avec des personnages aux destins atypiques, confrontant de face la Turquie ancestrale, traditionnelle et patriarcale à la Turquie moderne.
Une lecture sympathique dont j'ai, néanmoins, de loin préféré la première partie – la deuxième manquant, à mes yeux, justement de l'incroyable talent d'Elif Shafak à raconter de belles histoires.
Lien : https://letempslibredenath.w..
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Même si je ne lis pas tous les textes d'Elif Shafak, j'avais adoré "Le lait noir" consacré à la maternité et ses chausse-trapes. Et la magnifique couverture bleue m'a fait de l'oeil ...
Voici donc un texte qui commence par la fin : celle de Tequila Leïla, prostituée d'Istabul, assassinée.
Dans une première partie, nous remontons le cours du temps pour aller à la rencontre de celle qui s'appelait Leyla Afife Kamile en 1947 dans la ville de Van.Sa mère biologique Binnaz a été dépossédée de sa fille, pour devenir celle de la première épouse de son père, Haroun : Suzan. Victime de violence masculine non entendable par sa famille, Leyla fuit sa famille pour Istanbul où elle devient rapidement prostituée du bordel de l'Amère Ma.
Sabotage Sinan, l'ami d'enfance, fasciné par les codes secrets, Nostalgia Nalan, Jameelah, Zaynab122 la naine, qui lit l'avenir dans le marc de café et Hollywood Humeyra, la chanteuse seront ses fidèles amis à l'histoire aussi complexe que la sienne : identité sexuelle, poids de la religion, de la famille, attachement aux rites (qui peuvent être soutenant), exploitation de la femme, corruption, violence encore et toujours, maladies chroniques mal soignées ...
Dans la seconde et la troisième partie, ce sera la bataille des amis de Leïla pour qu'elle bénéficie d'un "enterrement" en cohérence avec son histoire et éviter le cimetière des abandonnés de Kylios. C'est une épopée loufoque et dangereuse, mais ses amis y arriveront et pour certains en paieront le prix.
C'est une réalité terrible et en même temps heureuse que nous dépeint l'auteure. Il y a beaucoup d'amour, de solidarité dans ces vies qui peuvent sembler désespérées (un mariage même avec un étudiant qui veut changer le pays comme tant d'autres), de force (le pouvoir du groupe, de l'amitié), Mr Chaplin, le chat, un poisson bleu ... et l'immunité des hommes dans un pays, une capitale où le sublime côtoie l'innommable, et où comme tant d'autres, la femme est utilisée, abusée. le mot "féminicide" a encore de beaux jours devant lui.
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Des baklavas qui fondent sous la langue aux eaux turquoise du Bosphore, j'ai voyagé grâce à la plume d'Elif Shafak. Ce roman est une découverte de l'auteure pour moi et je pense que je vais me procurer ses autres romans. 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange retracent de façon fluide et juste de la vie de Leila. Issue d'une famille reconnue, sa naissance demeure cependant tragique pour celle qui lui a donnée la vie. Avec une note de mélancolie présente pendant la lecture, j'ai été sensible au parcours de cette gamine pour qui la vie bascule et finira prostituée dans les bordels d'Istanbul. Alors que sa vie vient de s'arrêter, son cerveau reprend le fil des souvenirs. Divisé en trois parties, ce roman est une ode à la femme parsemée de tristesse. Dans une Turquie où la femme n'est rien, Elif Shafak dresse un roman de dénonciation sous forme engagée. 



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Première impression : la couverture, superbe. Rien que cet élément m'a poussée à l'achat.
Deuxième impression : le résumé. Surprenant, original, il m'a donnée envie de me plonger vite dans cette histoire.
Ressenti final : mitigée. Voici en quelques lignes pourquoi.
J'ai beaucoup aimé la première partie du livre, celle durant laquelle la personnage principale, Leila, fraîchement assassinée, se remémore des souvenirs marquants de sa vie. Ce n'est pas seulement un flash accéléré comme on pourrait l'imaginer, mais 10 minutes et 38 secondes, durant lesquels l'esprit fonctionnerait toujours, de souvenirs liés à des sensations, émotions ou odeurs que nous offre l'auteur, nous permettant de découvrir cette jeune femme dont le sort a mal tourné.
Plein d'ingéniosité, très poétique et tragique à la fois, écrit avec une jolie plume, cette première partie pourrait se suffire à elle même.
La deuxième partie est plutôt consacrée au corps et à ce qu'il en advient. Et ici, on change de registre ; ou comment des amis sont prêts à l'impensable pour rendre sa dignité à leur amie. Cette portion tend plus vers le tragi-comique, la situation étant tellement absurde et burlesque. On perd totalement la poésie et la beauté du début, comme si c'était un autre livre. J'ai été beaucoup moins emportée et touchée par ce passage qui tranche trop avec la première partie du roman.
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Dans l'image d'Epinal, la ville d'Istanbul est mystérieuse,, à la fois occidentale et orientale et également la ville terminus de l'Orient Express.

Mais oublions cette vision idyllique pour revenir à la dure réalité de la vie.

Tequila Leila notre héroïne tout comme sa bande est venue vivre une vie meilleure.

Lorsqu'elle se retrouve un soir abandonnée morte comme un véritable déchet dans une benne à ordure, durant dix longues minutes et trente huit secondes son cerveau s'accroche à la vie.

L'on dit qu'au moment de passer de l'autre côté du Styx, l'on refait le film de sa vie.

Pour Tequila Leila, ce sont des moments de sa vie, des odeurs, des saveurs plus ou moins exotique. Chacune de ses rencontres avec "sa famille" a un goût amer ou sucré, un moment de doute ou un mauvais moment.

A vous d'entrer dans sa famille d'adoption en lisant ce nouvel ouvrage d'Elie Shafack
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