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Avant d'être attiré par le résumé, je dois dire que c'est la couverture qui m'a donné envie de prendre Trois filles d'Ève en main. Ce bleu foncé avec les motifs floraux colorés et la ville, évoquant l'Islam et l'Orient, m'ont vraiment tapé dans l'oeil !

Maintenant, l'histoire : le roman relate la vie de Peri, sur deux époques. L'une contemporaine, où elle est une femme frayant dans la bourgeoisie stambouliote, mariée à un riche entrepreneur immobilier et mère de trois enfants dont une adolescente ; et l'autre, dans les année 1980-1990, où elle revient sur sa jeunesse, son enfance et ses années d'étudiante à Oxford.
La partie contemporaine du roman ne se déroule que sur une seule soirée. Son mari et elle sont invités à un dîner avec d'autres fortunes de la ville. En s'y rendant, Peri s'est fait agresser et voler son téléphone. Et elle craint d'avoir perdu une photo datant de ses années à Oxford qui lui tenait particulièrement à coeur... Tout ça la chamboule et l'amène à se remémorer sa jeunesse pendant que les plats et les conversations insipides défilent.

Ce dîner est l'occasion de servir une véritable critique de la haute bourgeoisie d'Istanbul et de son hypocrisie : coincée entre des considérations superficielles et les traditions, entre modernité et croyance... L'auteur ne mâche pas ses mots pour faire de ce petit monde un vrai cirque un peu pathétique : épouses superficielles et arrogantes, obsédées par les sacs à main de luxe ; hommes encore profondément machos, ayant un avis sur tout, prompts à hausser le ton lorsqu'il s'agit de politique, ne buvant pas une goutte d'alcool par respect de leur croyance mais détournant des millions sans scrupules,... Et évidemment hommes et femmes ne se mélangent pas, ne parlent pas ensemble. Ce qui semble déplaire fortement à Peri qui s'ennuie au milieu des conversations féminines et n'hésite pas à transgresser les règles pour se mélanger aux hommes, exprimer son avis, notamment sur des sujets politique.

L'héroïne, Peri, est complexe. Toujours coincée entre deux tendances : entre ses parents, sa mère étant très religieuse et son père un athée révolutionnaire ; ses frères, dont chacun a pris le parti d'un des parents ; plus tard, ses deux amies, Mona et Shirin, l'une étant voilée et féministe engagée dans plusieurs cause, l'autre adepte de plaisirs et de liberté, exécrant tout ce qui a trait à la religion. Elle cherche des réponses dans le séminaire du professeur Azur, un spécialiste des religions et de Dieu, controversé et adulé à la fois. Mais sa relation avec le professeur va prendre une tournure particulière qui va donner tout son sens au récit,...

J'ai bien aimé ce roman, compliqué, long parfois,... mais très intéressant ! Je ne m'étais jamais penché sur la culture turque (à part la gastronomie que j'adore :p) et je suis ravie d'avoir entraperçue un peu des moeurs et des coutumes de ce pays via Trois filles d'Eve et son héroïne. Ce livre est une vraie critique, qui ne dépeint pas une Turquie idéale, qui est même très dur avec ses habitants, mais j'ai aussi aimé ça : l'objectivité de l'auteure, capable de prendre le recul nécessaire pour critiquer son pays mais nous ravir d'en apprendre plus sur sa culture.
Cependant, je ne cache pas que j'ai été un peu déçue que l'amitié entre Peri, Mona et Shirin ne soit pas plus développé. J'avais cru comprendre que ce serait l'un des grands sujets du livre, mais non,... on dirait que le récit de cette amitié est entamé mais inachevé. Dommage. de plus, la liseuse de thrillers que je suis s'attendait à un secret beaucoup plus grave, un acte horrible, sanglant, sexuel, que sais-je ! mais j'admet que pour cet aspect là, je suis l'unique responsable de ma déception ! :P
La fin, très ouverte, m'a aussi un peu laissé sur ma faim... J'y réfléchi encore (ce qui doit vouloir dire qu'elle n'est pas si mauvaise du coup...!)

Pour résumer : c'est un beau roman, superbement écrit par une auteure qui domine visiblement parfaitement bien son sujet, qu'il s'agisse de religion ou de féminisme et qui a campé un personnage principal complexe, un peu torturé mais dans lequel on peut se reconnaître ! :)
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Un roman agréable à lire.
Ainsi s'achève cette première lecture d'Elif Shafak pour moi.
Étonnement, car le sujet porte tout de même sur le durcissement du régime turque, l'émancipation d'une jeune femme et ses aspirations personnelles lors des années 2000, la représentation de la religion_ notamment musulmane_ dans le monde occidental et le microcosme d'Oxford... mais j'ai traversé cet ouvrage de manière très "légère".
Le personnage de Peri est décrit avec une acuité intéressante, l'auteure travaille précisément ses caractères que l'on croise et porte à tous une attention particulière, qui les rend très réalistes.
J'ai aimé la construction du récit en alternance entre le présent de Peri et son passé, qui nous fait courir après son récit initiatique, entre la jeune fille timide et la femme assurée courant après un voleur dans les rues d'Istanbul.
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De la même auteur, j'avais apprécié L'architecte du sultan et je m'étais juré de lire d'autres livres d'elles...Et puis tous les lecteurs savent comment c'est: tant de possibilités, de traductions, de rééditions, de nouveautés....Mais cette fois-ci, ça y est, je viens de dévorer Trois filles d'Ève, qui m'a encore plus plu que L'architecte du sultan. le récit se partage entre l'Istanbul moderne et les souvenirs du personnage principal, eux-même partagés entre son enfance, toujours à Istanbul, et la période de ses études à Oxford, qui a changé la trajectoire de son existence. J'ai beaucoup aimé ce portrait de femme partagé entre les aspirations de ses parents, perdue entre les traditions de sa religion et sa colère envers Dieu. La Déboussolée, voici le surnom qu'elle porte à un moment et cela lui va assez bien. J'ai eu un peu de mal avec le professeur Azur, mais je n'ai jamais supporté ce genre de personnages, aussi bien en vrai qu'en littérature, rien à voir avec la qualité du roman, même si les pages consacrées à son enseignement ne sont pas forcément les plus passionnantes.
Un très bon moment de lecture.
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Shafak brosse un portrait saisissant et très très vraisemblable à la fois de la situation religieuse dans le monde, entre modernité, oubli du passé et crispation sur le passé et un portrait de la Turquie, entre Moyen-Orient et Europe, un pied de chaque côté, mais probablement avec les mauvaises chaussures à chacun de ses pieds, ce qui l'empêche d'être à l'aise avec deux identités différentes mais pas nécessairement incompatibles. Mais cette schizophrénie l'empêche et de choisir et de concilier ces deux faces, ce qui rend les habitants et le pays égoïstes, violents, lâches et schizophrènes.
Portraits de 3 femmes, engagées différemment dans la vie étudiante, puis dans la vie tout court. Les choix de chacune ont un impact sur les 2 autres, qu'elles le veuillent ou non. Ce sont des archétypes de la manière de vivre l'islam aujourd'hui, 3 voies possibles. 3 voies possibles pour faire exister les femmes à l'intérieur d'une religion réputée misogyne et patriarcale, sans remède possible. Shafak a une grande tendresse pour ses personnages, ce qui ne l'empêche pas de les secouer. Et sans prendre parti.

Challenge Plumes Féminines 2019-20
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Un des meilleurs livres que j'ai lu récemment . L'action est juste un prétexte, je trouve. Un prétexte à la réflexion sur les choix à faire, la foi,l'Orient et l'Occident, les fanatismes, la place de la femme dans différentes cultures et endroits.
Elle se passe entre Istanbul et Oxford et suit le personnage de Nazperi, turque de naissance , musulmane de tradition, toujours a la recherche de la vérité ou au moins du « bon chemin » contrariée par la brutalité et les contradictions du monde oriental sans pouvoir s'en défaire ni tout a fait comprendre le monde occidental.
Un livre qu'on lit par petits bouts puis on le ferme et on réfléchit. On pense avoir arrivé à une conclusion. Puis on le reprend et le doute reviens avec une nouvelle réflexion nécessaire :Et moi qu'est-ce que je pense en fait ? Ce en quoi je crois est-il si juste que ça ? L'amour est toujours responsable de la haine ?
J'ai beaucoup aimé le style de cette auteure que je ne connaissais pas avant cette lecture, le rythme de ce roman et les références intéressantes.
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Trois filles d'Eve est un roman que j'ai absolument adoré. Je n'ai pour l'instant jamais été déçue par un roman d'Elif Shafak. J'ai toujours un peu de mal avec les livres qui abordent le sujet de la religion ou la spiritualité, c'est un sujet qui peut assez vite m'ennuyer ou me laisser perplexe selon sa narration ou le point de vue utilisé. Mais Elif Shafak est l'une des seules autrices qui parvient à me faire lire un roman sur ce sujet sans que que j'ai une perte d'intérêt au bout de quelques pages. Cela avait déjà été le cas avec Soufi mon amour que j'avais trouvé incroyable.

J'ai retrouvé cette même sagesse, ce même esprit libre, capable d'aborder tous les sujets avec une sensibilité et une honnêteté rares. Elle parvient à nous offrir un roman qui parle de nos croyances ou de nos non croyances d'une ampleur et d'une profondeur rare.

Nous suivons Péri, cette femme qui, de nos jours, est mariée à un homme très riche, qui ne côtoie que les hautes sphères mais pour qui cela n'a pas toujours été le cas. C'est une femme musulmane de part la tradition familiale. À partir d'un moment qui va à la faire retomber sur une ancienne photo, nous allons revenir avec elle sur ses souvenirs d'enfance, sur ses premières années à Oxford, sur son enfance tiraillé entre un père qui aborde la foi d'une manière très souple, et une mère qui est devenu quelqu'un d'extrême dans sa religion. On voit Peri qui vit avec le poids de la culpabilité, perdue dans un monde en quête de sens. C'est surtout une petite fille qui est en colère, en colère contre ce dieu, en colère contre l'injustice, une petite fille qui grandit avec des certitudes et qui lors de sa première année à Oxford va découvrir un professeur qui instaure le doute à ses élèves, qui leur demande de toujours douter, de ne pas avoir de certitudes.
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Un roman que j'ai dévoré.... il parle d'Istanbul, une ville qui me captive . Il parle aussi de la religion et des femmes qui doutent, dans un monde qui se transforme.

C'est l'histoire...

De Peri, une femme turque que l'on suit à deux périodes de sa vie.

Après une enfance à Istanbul dans une famille avec une mère extrêmement religieuse et un père laïc, elle part faire des études en Angleterre.

Peri s'y lie d'amitié avec Mona une jeune femme qui porte le voile et Shirin une iranienne anti-religieuse. Elle y rencontre également Azur un professeur charismatique et controversé...

Quinze ans plus tard, nous la retrouvons mariée et mère vivant à nouveau à Istanbul. Certains événements la poussent à se remémorer son passé et à vouloir renouer contact avec ses amis d'Oxford.

C'est un livre qui nous pousse à réfléchir. Je l'ai refermé avec l'envie de découvrir certains auteurs cités dans ce roman.

Quelle belle richesse, la littérature.
Lien : https://justelire.wordpress...
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Ce roman d'Elif Shafak nous interroge sur divers sujets, notamment la place de Dieu et le fait de vivre ensemble dans la tolérance.

Nous suivons Peri sur de nombreuses années, jeune femme eternellement tiraillée par les doutes, qui ne cesse de chercher sa place entre une mère très pieuse et un père sceptique. J'ai aimé imaginer que le couple formé par ses parents était peut-être représentatif de la société turque (connaissant très mal le pays, excusez-moi si c'est un parallèle malheureux).

Ce personnage principal été très bien pensé, ses réflexions comme ses actions, ses expériences, ses incertitudes et sa tristesse.

J'ai beaucoup aimé également que l'auteure mette en avant des femmes, que ce soit Peri dont j'ai déjà parlé, Mona très pieuse et farouche combattante pour diverses libertés, ou Shirin, cette pétillante jeune femme qui envoie tout valser. Ces femmes musulmanes sont très différentes les unes des autres, mais ont tout de même un lien ténu qui les relie.

Ce roman me permet de découvrir l'auteure, sa plume agréable, son amour pour la Turquie, amour teinté de mélancolie et d'un chouïa de septicisme quant à l'évolution de sa société. La Turquie semble être un pays partagé entre modernisme et traditions, religion et athéisme.
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Elif Shafak. A l'achat de ce roman, j'étais accompagnée d'une amie qui a elle, pris l'Architecte du Sultan. Très enthousiaste par ce dernier, je me lance dans ma lecture par cette belle couverture et par la découverte de cette auteure turque. J'aurai mis un bon moment avant d'avancer et de le terminer. Pour quelles raisons? Quasiment toute la première partie, on découvre notre héroïne Peri, vivant dans ce cocon bourgeois et tranquille sortant avec sa fille. Cette femme stambouliote va être victime d'une agression qui va remuer sa vie et la faire se replonger dans son passé. La description de la ville, de la culture et de la situation de la société à Istanbul m'a fait mettre en pause le livre, je trouvais le démarrage un peu trop long, j'aime quand on m'emporte quelque soit le genre dès les premières pages. Ainsi, j'ai persisté durant ce confinement et j'ai littéralement rattrapé le temps perdu !
Le rythme est classique, nous alternons entre Peri de l'an 2000, jeune étudiante à Oxford et la Peri actuelle de 2016, mère de 3 enfants. Choix de vie diamétralement opposés. Ouverture et quête de soi VS vie rangée dans un moule bobo. Que s'est-il donc passé pour qu'elle soit amenée à vivre une vie plus traditionnelle ? A Oxford, elle y a rencontré des amies chères Shirin et Mona, qu'elle finira par perdre de vue, vécu un amour fou et réfléchi énormément sur elle-même, la religion islamique et Dieu.
J'ai ressenti ce que l'auteure a voulu nous faire passer comme message, la Turquie est un pays qui cherche à allier ses traditions et à s'ouvrir aux normes occidentales. Les traditions culturelles sont bien ancrées dans la façon de vivre des turcs mais leurs désirs de nouveaux horizons sont aussi fortes que leurs identités orientales, ce qui à certains passages semblera complètement incompatible. On n'y parle pas uniquement de religion, la condition de la femme également y est décrite.
La fin de l'ouvrage ne m'a pas déçue mais j'aurai espéré des retrouvailles (qu'est devenue Mona ? A part être restée en contact avec ses 2 autres amies ?). Bonne découverte d'Elif Shafak pour ma part.
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Une auteure turque que j'apprécie. Dans ce roman, elle dépeint plusieurs pans de la société turque à différentes époques , entre traditions et modernité.
A la suite d'une photo qui sort incidemment de son sac, la fille de Peri, l'héroïne principale, lui demande qui sont les personnes représentées. Les souvenirs reviennent petit à petit au cours de la soirée à laquelle la famille est invitée.
Nous allons alors faire des allers-retours entre les années 80, 90 , 2000 et 2016. Nous allons voyager aussi entre Istambul , ville natale et actuelle de Peri et sa famille et Oxford où Péri a étudié quelques années avant d'abandonner à la suite d'un grave incident qui la touche de près.
Une belle écriture comme dans ses autres livres.
Ces allers-retours nous permettent de comprendre la personnalité de Péri de 2016, tout en dynamisant le récit.
Seul petit bémol, une fin trop ouverte.
Ce n'est pas le 1er roman que je lis de cette auteure et ce ne sera pas le dernier.... Très intéressante à lire lorsque l'on s'intéresse à la littérature turque.
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