Citations sur Khomeiny, Sade et moi (61)
C'est l'ignorance qui fait monter la température des acariâtres, c'est l'ignorance qui est la matière première des barbus. L'ignorance qui est perte de repère, qui est danger, qui est assassin. L'ignorance qui n'est jamais qu'une excuse pour taper plus fort, pour tourner le dos à l'Autre, pour rester enfermé dans des certitudes faciles. (...) Que chacun a toujours la tentation de piocher dans son ignorance pour clamer sa vérité.
Ce qui subsistera de mes convictions, c’est la croyance dans les Lumières, c’est la croyance dans le passé qui a détrôné les rois et renversé le clergé. Aucun pouvoir n’est aussi absolu que celui des hommes et des femmes qui savent qu’aucun homme, aucune femme ne leur est supérieur en droit.
Portez la jupe pour soutenir toutes celles qui y ont renoncé de peur du viol, de peur du père, de peur d’être réduites à leur con. Portez la jupe et soyez fières d’être des femmes. Portez la jupe et marchez. Marchez dans toutes les rues, marchez sur toutes les frustrations, sur tous les interdits, sur tous ceux qui veulent vous retirer la jupe sous prétexte que vous l’avez osée.
Dans certaines banlieues difficiles, porter une jupe c’est être une pute. Les filles bien cachent leur corps, voilent leurs jambes, ne ressemblent pas à des femmes. Être une femme, c’est être provocation.
les femmes intellectuelles ressemblent à des hommes. Elles s’habillent de pantalon et se maquillent « nude ». Il y a toujours le moment de surprise dans le regard des nouvelles rencontres quand j’ouvre la bouche. Il y a un raccord entre ma jupe et mon cerveau qui met du temps à se faire. Et parfois certains osent le constat à haute voix : « J’ai cru que tu étais une pouffe et tu es brillante. » Le pire est peut-être l’arrogance qu’ils mettent dans leurs remarques. Il y a un vrai problème entre la jupe et le cerveau. Comme si la jupe court-circuitait le cerveau et l’empêchait de se développer normalement. J’ai trop l’air d’une femme pour avoir un cerveau. Aujourd’hui, je suis encore plus fière de mes talons et du cliquetis de mes colliers.
Toujours est-il que la jupe est entrée dans ma vie à seize ans – en même temps que la mèche blonde. C’était d’abord un constat purement esthétique : les pantalons ne me vont pas. Je suis trop petite, le pantalon me tasse. Et puis, j’ai toujours honni l’uniforme, j’ai toujours détesté voir plus d’une personne habillée de la même manière. Le jean était devenu uniforme et je ne voulais pas me fondre dans le décor.
J’étais – et je demeure – une patriote et non une nationaliste. Le patriotisme, c’est être pour. Le nationalisme, c’est être contre. Et soudain, nous étions tous des patriotes parce que la France avait réussi à se hisser à coups de buts sur la première place du podium mondial. Je n’étais pas passionnée de football – comme une grande majorité de Françaises avant la victoire – mais les étapes successives vers la victoire consolidaient nos cœurs de Français. Je pense que la majorité des Français ont ressenti, pour la première fois depuis longtemps, à quel point il était agréable de se sentir une pulsation commune.
Il y des lois et il y a des limites, et liberté n’est pas licence, mais s’il fallait donner crédit aux frayeurs de chacun, le monde ne serait peuplé que de barbus et de corbeaux. Nos amitiés ont survécu aux goûts particuliers mais cela ne fut possible que parce que nous avions vingt ans et que notre intolérance était toute molle. Encore quelques années et la rigidité des goûts aurait brisé notre amitié.
Si le cerveau fonctionnait à plein régime, le corps n’était plus du tout celui qui se planquait derrière des pulls trop grands et des pantalons trop larges. Parce que nous nous pensions libres, le corps ne pouvait que suivre le même chemin. Il n’y avait pas de corps dérangeant, il n’y avait pas de corps enfermé. Comme il était facile de se mettre nue !
La violence c’est exciser des petites filles qui aiment la chair et des grandes filles qui aiment la bite. La violence, c’est d’interdire à une petite fille d’apprendre à lire et à une jeune fille de choisir qui elle veut mettre dans son lit. La violence, c’est ce que les barbus font subir aux esprits en les broyant. Un jour, comme la Révolution française a mis ses barbus à la porte, d’autres révolutions éclateront qui réduiront les barbus au silence et célébreront la parole des Hommes.