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EAN : 9782246862338
399 pages
Grasset (22/08/2018)
3.57/5   105 notes
Résumé :
« Ma mère était une créature féerique qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue française, je l’avais métamorphosée en alchimiste. C’était à ça que servaient les mots dans l’exil : combattre le réel et sauver ce qui restait de l’enchantement de l’enfance. »

Shirin a huit ans quand, au lendemain de la révolution islamique en Iran, elle s'installe à Paris avec ses parents pour y retrouver sa famille maternelle. Dans cette tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 105 notes
L'auteure nous raconte, par la voix de Shirin, petite fille âgée de neuf ans, l'histoire d'une famille qui a fui l'Iran et les persécutions, à l'époque du Shah, car ils étaient intellectuels et surtout communistes. Les parents de Shirin sont arrivés les derniers à Paris et sont logés par les soeurs de sa mère.

La mère de Shirin, est prête à tout pour être aimée et reconnue par ses soeurs, dominatrices, surtout l'aînée, qui est odieuse, narcissique, maltraitante. Elle devient leur esclave, fait la cuisine, le ménage, sans que personne, jamais, ne daigne lui dire merci.

Son père est professeur ; il supporte sans broncher le climat de haine et de mépris distillé par ses belles-soeurs, qui se comportent en mères maquerelles, monopolisant l'argent qu'il gagne sous prétexte qu'elles l'hébergent. C'est un homme plutôt brillant et la situation le désole. « Les soeurs » le dénigrent sans cesse devant sa femme et sa fille car il ne partage pas leur vision de la société et leur communisme aveugle qui les conduisent à des actes violents.

Les relations entre ses parents sont bien abordées également et avec les yeux de petite fille qui voit bien que la relation au corps est étrange, de même que l'amour ou les gestes de tendresse que la mère ne peut pas effectuer du fait du poids des traditions, et tente de transmettre son amour maternel par le biais de la cuisine : »je te nourris, donc je t'aime, mais je ne te le dis pas, ce n'est pas possible, ni envisageable…

« Ma mère, incapable de dire son amour et son ressenti depuis l'enfance, cuisinait pour compenser et sa cuisine-amour était forcément trop abondante, enrichie de tout ce qu'elle avait sur le coeur et qui n'était jamais passé par ses lèvres. » P 63

On a aussi le patriarche, le grand-père de Shirin, vieux, usé mais l'oeil toujours aussi pervers. On comprend très vite qu'il s'est passé quelque chose de grave entre lui et ses filles.

Pour échapper à la violence psychologique qui règne dans la maison, Shirin fait une fugue et elle est ramenée à la maison par Omid, le « compagnon » de sa tante. C'est un homme à l'esprit ouvert qui va l'aider à maîtriser le français, la guider dans ses lectures et bien-sûr, la petite fille en tombe amoureuse, au grand dam de la famille.

Shirin, coincée entre deux cultures, a du mal à trouver sa place :

« Et puis je n'avais pas la gueule de l'emploi : ni celle de ma famille, ni celle de la France. Trop occidentale pour l'Iran, pas assez typée pour la France. Et pourtant. Il y avait quelque chose de métèque en moi qui persistait et que je ne voulais pas effacer. Quelque chose me disait que la boue où j'avais grandi était la bonne matière à travailler pour trouver mon vrai visage. » P 265

Abnousse Shalmani étrille au passage cette famille communiste pure et dure qui reste aveuglée par le mythe, la pensée unique (« il vaut mieux avoir tort avec le parti que raison sans le parti » comme le prétendait un ténor communiste il n'y a pas si longtemps), refusant de voir les dérives, n'hésitant pas à commettre des attentats au nom de la cause.

Elle nous parle aussi très bien et de manière parfois drôle de la dureté de l'exil, d'être à cheval sur deux cultures dans un pays où le statut de la femme est totalement différent. Les tantes continuent les fêtes, les coutumes, et le poids des traditions est omniprésent. Je suis sortie de cette lecture avec des saveurs et des odeurs plein la tête. Elle écrit ceci :

« On était bien obligé de s'y faire et de choisir son clan. de s'ancrer pour ne pas être écrasé. (Ce fut une illusion aussi : j'ai longtemps cru qu'en me plongeant dans la France, je finirais par avoir son visage. Mais l'exilé n'a pas d'autre visage que celui de l'exil :il ne sera jamais son pays d'adoption, pas davantage que le pays natal. J'ai fini écrasée comme tous les exilés entre un souvenir et un espoir.) » P 97

J'ai beaucoup aimé ce roman, les personnages de cette saga familiale, avec son lot de secrets, de haine et jalousie. L'écriture est belle et invite au voyage. C'est mon préféré parmi les cinq romans que la FNAC m'a proposé.

Ce roman est un véritable coup de foudre et j'espère qu'il aura le succès qu'il mérite et ne sera pas trop noyé dans la masse des romans de la rentrée, parmi les auteurs reconnus et encensés qui produisent un roman à chaque rentrée et qu'on verra partout pontifier (pour certains du moins !)
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La narratrice, Shirin, partage les différentes étapes de son exil en France, à Paris, rue de la Roquette, au sein d'une famille complètement, comment dire, foutraque. En entrant dans ce récit, j'ai aimé le ton décalé, teinté d'humour sur une situation qui pourtant n'a rien d'amusant mais quand les mots sont écrits par une enfant de 9 ans cela prend une toute autre teinte. Elle interprète à sa manière, tente de comprendre.

Et c'était exactement à çà que servaient les mots, tous les mots : à colorer autrement les humains en leur donnant une forme nouvelle. La langue française se métamorphosait en baquette magique pour combattre le réel et sauver ce qui restait de l'enchantement de l'enfance. (p36)

Elle reproduit ce qu'elle entend, dans son poste d'observation favori, sous le canapé et elle note tout, essaie d'assimiler cette nouvelle langue qu'elle n'apprivoise pas, comprendre le monde des adultes et leurs réactions, entend parfois ce qu'elle ne devrait pas entendre.

La première partie, l'An I de l'Exil, c'est cela, à l'image des expressions comme « police-des-moeurs-mes fesses » qui sont représentatives de l'ambiance qui règne dans cet appartement, des relations révolutionnaires, même loin du pays natal, dangereuses car engagées. Dans cet immeuble où vit toute la famille, la vie de tous les jours se tissent avec vie politique.

La politique, c'était du fantasme, des idées qui volent alors que l'intime était ancré dans la réalité, fait de désir, de frustration, de silence et ils ne le supportaient pas, alors ils disaient n'importe quoi pour ne pas sentir la morsure de la vie. (p92)

Le pouvoir des femmes iraniennes est immense et en particulier celui de sa tante maternelle Mitra, qui régente toute la famille, mais aussi Zizi opiomane, Tala, la belle, celle qui sera le modèle absolu de la petite fille, sa mère Niloo, arrivée enceinte à Paris et qui donnera naissance au petit frère, Siyavash, silencieux et empoisonneur. Une mère dans toute sa définition, se préoccupant toujours du bien-être de chacun et chacune, qui ne fait jamais de vagues…… quoique….. Et puis Hannah, la voisine, si accueillante mais rebelle car n'acceptant pas, plus les abus et brutalités humaines.

Et il y a un père silencieux, libraire, résigné, cacherait-il un mystère, un secret…..

Et puis des hommes feront leur entrée : Amid, terroriste, Mahmoud, le grand–père pervers et brutal et surtout Omid, celui dont s'éprendra immédiatement Shirin, qui va l'initier à la culture, à la richesse des musées et dont elle sait qu'un jour il sera son Destin.

On a du mal à croire, qu'au sein d'une même famille, toutes ces figures soient réunies, c'est un peu trop.

Le roman comporte trois parties : l'an I – L'IX et l'an XXX de l'Exil (épilogue) trois étapes de l'exil : l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte, l'arrivée et la découverte d'un nouveau pays, l'intégration et l'épanouissement pour une histoire qui est, je pense, en grande partie autobiographique car beaucoup de références à son précédent livre, autobiographique déjà, sont intégrées.

Abrousse Shaïmani mêle des petits contes, réels ou imaginés, qui nous transportent dans les légendes de son pays d'origine, ses croyances, ses parfums et révèlent parfois les choix faits concernant les prénoms, les passés de ses personnages.

On ressent la difficulté d'intégration sans renier ses racines, en vivant presque en vase clos, mais pour la deuxième génération l'importance du juste équilibre entre les deux pays, sa richesse.

L'auteure a une écriture très belle mais j'ai eu à plusieurs moments de la lassitude à suivre le récit, il y a tellement de choses, de petits faits qu'au bout d'un moment je me suis perdue, j'ai eu la tentation d'arrêter mais bien m'a pris de ne pas le faire car la dernière partie est particulièrement émouvante et forte.

Donc au final un récit un peu à la manière d'un bazar, on y trouve un peu de tout : le regard d'une enfant sur l'exil, sur ses racines, qui cherche à comprendre qui ils sont, même loin de leur pays, un monde d'adultes aux idées et attitudes extrêmes, des contes, une intrigue policière sur une disparition, des empoisonnements mystérieux et l'amour qui tente de prendre sa place au milieu de tout cela…

Je ne sais pas si le final est imaginé ou réel pour l'auteure mais j'ai trouvé cela un peu trop…..

J'aurai préféré un peu moins d'événements rocambolesques qui retirent de la crédibilité au récit.
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Fantasque ce premier roman, entre deux terres, l'Iran et la France. C'est un roman de l'exil, avec une approche bien singulière !
" Les exilés meurent aussi d'amour" de Abnousse SHALMANI est paru aux éditions Grasset en cette rentrée littéraire 2018.
p. 10 : "C'est quelque chose, l'exil : une claque qui vous déstabilise à jamais."
Shirin quitte Téhéran avec sa famille au lendemain de la Révolution islamique en Iran.
p. 6 : " Ils quittent leur pays de naissance, le pays où ils ont vécu jusqu'alors, ils partent en abandonnant presque tout, et en n'espérant presque rien. Ils sont des exilés comme les autres, tourmentés par les mêmes questions, étouffés par les mêmes doutes, assommés par L Histoire."
Leur destination : Paris.
p. 215 : " S'il fallait définir Paris, je dirais : cette atmosphère sensuelle, cette séduction permanente, cette oppression charnelle. "
Elle a alors 9 ans. Ils rejoignent donc la famille maternelle de Shirin, et les redoutables soeurs communistes et dominatrices de sa mère.
p. 173 : " [...] pouvais-je échapper au destin familial ? "
Son père, professeur, est plutôt discret. En revanche, elle entretient une relation complexe avec sa mère. Recherchant sans cesse à être aimée, sans personnalité, elle ploie sous la tyrannie de ses soeurs.
p. 221 : " [...] ma mère n'était que le produit d'une culture qui brise les femmes, davantage que les hommes, en les enchaînant à tant d'interdits, tant de malédictions, tant de réputations, tant de regards qui empêchent, aliènent, qu'elles se prennent à croire au malheur de leur sexe alors qu'elles ne craignent que l'isolement, l'opprobre, et qu'elles ne s'autorisent qu'une seule route, celle du sacrifice. "
Pour échapper à la violence psychologique de la famille Hedayat, Shirin fait une fugue. C'est l'amant de sa tante Tala qui va la raccompagner chez elle. Omid , un homme érudit, va transmettre à Shirin sa passion pour la culture. Shirin découvre soudain l'amour.
p. 34 : " le jour où Omid est entré dans ma vie, je n'ai pas compris ce qui m'attirait chez lui et éloignait mes tantes, mon oncle et grand-père Mahmoud. Cela ne tenait pas au seul fait qu'il fût juif mais parce qu'il disait ses sentiments, les montrant au grand jour, les étalait sans crainte, les assumait à haute voix. Or, personne,jamais, ne s'était ainsi comporté autour de moi. "
C'est l'histoire de l'émancipation d'une jeune fille, au sens large du terme. Simultanément, elle progresse dans son apprentissage de la langue française, et partage son désir de devenir écrivain.
p. 36 : " La langue française se métamorphosait en baguette magique pour combattre le réel et sauver ce qui restait de l'enchantement de l'enfance. "
Abnousse Shalmani aborde dans ce roman tragico-comique, l'exil. Loin de tomber dans le pathos, l'auteure a fait le choix de sortir du drame des migrants pour aller vers une tragédie-comédie des exilés, emplie d'humour et de magie. Elle nous prouve par ce premier roman que la littérature peut offrir des armes de résistance contre toutes les oppressions.
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Les exilés meurent aussi d'amour de Abnousse Shalmani m'a été envoyé par les éditions Grasset et net galley, que je remercie :)
Shirin a neuf ans quand elle s'installe à Paris avec ses parents, au lendemain de la révolution islamique en Iran, pour y retrouver sa famille maternelle. Dans cette tribu de réfugiés communistes, le quotidien n'a plus grand-chose à voir avec les fastes de Téhéran.
Shirin découvre que les idéaux mentent et tuent ; elle tombe amoureuse d'un homme cynique ; s'inquiète de l'arrivée d'un petit frère oedipien et empoisonneur ; admire sa mère magicienne autant qu'elle la méprise de se laisser humilier par ses redoutables soeurs ; tente de comprendre l'effacement de son père… et se lie d'amitié avec une survivante de la Shoah pour qui seul le rire sauve de la folie des hommes.
J'ai beaucoup aimé ce roman de la rentrée littéraire 2018.
Le fait que la narratrice soit au départ une petite fille m'a beaucoup plu, j'ai trouvé ça très touchant. Il y a trois parties, nous la suivons à l'enfance, l'adolescence puis adulte. Shirin est un personnage attachant, que j'ai pris plaisir à suivre. J'ai apprécié ceux qui s'entourent, je trouve qu'on a dans ce roman des personnages forts, touchants, à lesquels on s'attache sans peine.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et ce roman fût une très bonne surprise.
Ma note : cinq étoiles.
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Abnousse Shalmani, c'est une voix singulière et forte, une personnalité entière, viscéralement éprise de liberté, qui n'hésite jamais à dire ce qu'elle pense. C'est surtout une femme écrivain de grand talent.





Dans Khomeiny, Sade et moi, son éblouissant premier livre, elle témoignait de son arrivée en France, à l'âge de huit ans avec ses parents, de la manière dont elle s'était emparée de la langue française, dont elle avait embrassé cette nouvelle culture et, surtout, dont les écrivains, Sade en tête, lui avaient permis de s'affirmer et de se construire. C'était puissant, c'était mordant, c'était l'histoire d'une femme qui était résolument partie à la conquête d'une liberté que les mollahs avaient voulu lui dénier.






Aujourd'hui, c'est sous la forme du roman qu'elle a choisi d'aborder la question de l'exil. Si certains traits de son héroïne sont sans doute empruntés à la petite fille qu'elle a été - elles ont le même âge lorsque leur famille fuit l'Iran après la révolution islamique - le texte appartient à un registre clairement fictionnel.






A leur arrivée à Paris, Shirin et ses parents retrouvent une partie de la famille maternelle qui s'y est déjà installée. Ils emménagent chez Mitra, soeur aînée de la mère de Shirin, et rejoignent ainsi les rangs d'une communauté de réfugiés, dont certains n'ont pas renoncé à leur activisme politique.


Abnousse Shalmani dépeint des personnages hauts en couleur, dont chacun est comme la touche d'une composition plus vaste donnant à voir toutes les nuances d'un peuple, de la plus lumineuse à la plus sombre. Fidèle à la personnalité qu'on lui connaît, Abnousse Shalmani ne cède en effet ni à la complaisance, ni à un excès de sentimentalisme pour évoquer cette communauté et restituer la manière dont peut grandir une petite fille entre un environnement familial tourné vers un pays et un passé plus ou moins idéalisés, et un environnement social lui offrant une autre langue et une autre culture.






Mais la fillette ne se pose jamais en victime, et c'est là toute la force de ce texte. Si l'auteure insiste sur la manière dont la personnalité d'un exilé est façonnée par des fragments auquel il essaye de donner une cohérence, elle en fait une richesse plutôt qu'une fragilité. C'est avec désir et appétit que Shirin s'extirpe d'un cercle familial très refermé sur lui-même pour partir à la découverte et à la conquête du monde extérieur, si différent du sien.


Elle ne rompt pourtant jamais avec ses origines et navigue d'un univers à l'autre pour tenter de s'approprier le meilleur de chacun des deux mondes auxquels elle appartient désormais.






Comme dans Khomeiny, Sade et moi, Abnousse Shalmani fait preuve d'une énergie débordante et conserve sa réjouissante liberté de ton. Mais en choisissant de quitter le terrain autobiographique pour investir celui du roman, elle donne à ce dernier un charme particulier. Habitée par deux cultures, elle est parvenue à donner à son récit une forme métissée, synthèse de notre cartésianisme bien français et de la magie des contes orientaux.



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critiques presse (4)
Liberation
08 octobre 2018
Tout au long de son roman surchargé, Abnousse Shalmani scrute les pires visages «des exilés qui vivent à contretemps».
Lire la critique sur le site : Liberation
Liberation
08 octobre 2018
Dans le modeste appartement qui contraste avec les fastes de Téhéran, la famille crie, s’écharpe, discute éventuellement. Comment faire l’apprentissage de l’amour et de la liberté dans ces conditions ?
Lire la critique sur le site : Liberation
Actualitte
13 septembre 2018
Un premier roman puissant qui souvent laisse sans voix. L'exil bien sûr. L'amour aussi, car Les exilés meurent aussi d'amour. La lutte d'une enfant contre la haine familiale. Et la violence d'une pureté cruelle. La famille tueuse comme peu osent la dire. Et la liberté, envers et contre tout. Une bombe magistrale.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
27 août 2018
Un roman entre deux terres, l'Iran et la France dans lequel elle donne une identité aux exilés et beaucoup d'humanité. Loin du drame des migrants, ce livre est une tragédie-comédie, pleine d'humour.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère était une elfe, une créature féerique qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue française, de boniche je l'avais métamorphosée en alchimiste. Et c'était exactement à ça que servaient les mots, tous les mots : à colorer autrement les humains en leur donnant une forme nouvelle. La langue française se métamorphosait en baguette magique pour combattre le réel et sauver ce qui restait de l'enchantement de l'enfance.
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Ce que rappelle ce « ghazal » à ma famille, c’est que pour elle, il ne faut jamais regarder la vérité en face et encore moins la dire (la dire, c’est l’accepter et c’est intolérable) et si le mari est homosexuel, mieux vaut raconter une histoire qui deviendra un mythe, une plaie béante dans le cœur des descendants. P 78
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Il est impossible de pleurer la nostalgie, c’est l’hymne national de l’exil. L’exil est une identité, un langage, un passé sans avenir. L’exil est une île où se retrouvent tous ceux qui n’ont ni le visage du pays natal ni celui du refuge : ceux qui sont trop vieux pour oublier et pas assez jeunes pour se fondre, ceux qui restent toute leur vie sur une île qui flotte sur des océans qui ne leur appartiendront jamais.
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Les idéalistes ne devraient jamais soustraire le mélodrame, la passion impossible, l'engagement romantique au bréviaire révolutionnaire. Pour convaincre, rien de plus efficace qu'un personnage qui cristallise les rêves de jours meilleurs. Sans sa gueule de rebelle, sans cette photo qui l'immortalisa, mais surtout, sans l'enchanteur Castro qui ne cessa de chanter sa gloire après sa mort, le Che n'aurait pas fait autant d'émules - il était un salaud authentique et un poète de la mort, un assassin et un tortionnaire. Les révolutionnaires voient dans le mélo une ruse de bourgeois pour détourner l'attention de la lutte des classes, la noyer dans l'eau de rose. Ils pensent que la littérature est une perte de temps face à l'imminence de la révolution. Ils n'aiment pas la poésie, préfèrent les discours fanatiques. Ils n'ont toujours pas compris que c'est dans le clair-obscur, hors des certitudes, que le désir s'épanouit. Ils ne savent rien, ni du désir ni du plaisir - les pires sont les anarchistes : ils ne boivent pas, ne fument pas, ne baisent pas, et ce, pour éviter d'être ailleurs quand sonnera l'alarme de la révolution.
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Très vite, je compris que la France ne devait pas changer. Je découvris aussi ( folle découverte) que les français choisissaient leurs députés ; les gens décidaient vraiment de leur avenir, grâce à un bout de papier glissé dans une urne, et ils le faisaient en souriant, alors que personne ne souriait jamais en Iran quand il s'agissait de choisir des hommes politiques.
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Vidéo de Abnousse Shalmani
La journaliste, réalisatrice et écrivaine, Abnousse Shalmani explore le lien entre l'intime et le politique dans son livre "J'ai pêché, pêché dans le plaisir". L'ouvrage met à l'honneur deux femmes poètes qui défient les conventions de leurs époques et se retrouvent autour d'un point commun : assumer leur désir en même temps que leur quête de liberté. D'un côté, Forough Farrokhzad qui vit en Iran dans les années 1950 et de l'autre Marie de Régnier, muse maîtresse du poète Pierre Louÿs au temps de la Belle Epoque. Ces deux femmes, dans leurs vies respectives, ont trouvé la liberté dans l'amour du point de vue de la chair. Un combat toujours d'actualité aujourd'hui, dans une époque marquée par "le retour d'un discours puritain", selon Abnousse Shalmani, qui ne conçoit pas la liberté de penser sans la liberté du corps et va même plus loin en abordant la liberté sexuelle des femmes et leur rapport au plaisir. Un exemple parlant entre liberté du corps et liberté de penser, et qui donne espoir, est le droit d'avortement, sacré quelques jours plus tôt dans la Constitution française.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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