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4,08

sur 452 notes
Queen of the badlands

Qui veut lire un bon polar féministe ? Ça se passe par ici !

Tess Sharpe s'empare des codes du thriller contemporain, comprenez une succession de chapitres courts et haletants, une alternance entre différentes temporalités et des dialogues percutants. le style est efficace, rien de glorieux mais l'immersion dans ce territoire perdu des USA où règne l'infernale trinité drogue, alcool et racisme est garantie.

L'atout de ce récit écrit à la chevrotine repose sur le personnage d'Harleen. Préparez-vous à passer 500 pages en compagnie d'une Calamity Jane sévèrement déterminée à se faire respecter dans ce monde de violence patriarcale dans lequel elle évolue. Harleen est une dure à cuire, élevée comme une machine à tuer, qui ne laisse pas compter mais avec autant de plombs dans la cervelle que dans son fusil.

L'autrice profite de son récit pour aborder des sujets concernant la cause féministe, violences conjugales, viols, machisme exacerbé. C'est peu dire que le monde d'Harleen n'est pas très accueillant pour la gent féminine, c'est sans compter les bottines coquées de cette dernière.

Le premier roman de Tess Sharpe propose un récit réjouissant et original dans son déroulement grâce à son héroïne attachante et roublarde.
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Un livre sympathique pour l'automne, sur la construction d'un monstre moderne et comment ce monstre se défait de ses chaînes pour apporter quelque chose de meilleur. Beaucoup d'action dans ce roman et de retournement de situations servi par une écriture cinématographique impeccable. Je ne peux pas dire que j'ai adoré ce roman car les romans qui se transforme en blockbuster américain ce n'est pas ce que je recherche, mais c'est facile à lire et la dimension intime du roman est plus touchante que pour d'autres polars. C'est un récit qui s'associe parfaitement aux diverses manifestations et débats actuels : metoo, procès, féminisme …

Si le livre ne m'a pas transporté car je trouve que les propos sont une énième couche de ce que l'on sait déjà quand on s'intéresse au sujet , il a tout de même réussi à me tenir en haleine et me faire penser qu'il s'agit d'un parfait roman pour s'initier au féminisme d'une autre façon. Un bon roman d'action mais pas celui qui m'aura fait le plus vibrer.
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Un roman qui m'a plu du début à la fin.
L'histoire de cette héroïne qui essaie de se sortir de la place à laquelle son père a voulu l'installer, sans vouloir trahir l'amour qu'il y avait entre eux, un dilemme qu'elle essaie de résoudre coûte que coûte : cela nous tient jusqu'au bout.
De la violence, de la vengeance mais aussi de l'amour, de l'amitié : beaucoup de sentiments forts et passionnés, comme cette belle héroïne.
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Voilà un roman tel qu'on se plaît à en lire en ce moment avec une héroïne entière et indépendante qui s'illustre au sein d'un milieu où l'on s'attend encore aujourd'hui à trouver essentiellement hommes bourrus et testostérone. Ici, Harley McKenna, fière descendante de Duke, patron, aussi craint que respecté, du cartel de la meth en Californie. Harley marche dignement dans les pas de son père sans pour autant renier son humanité en prenant également sous son aile les femmes battues et abandonnées de la région.
C'est @b.a.books qui m'a offert ce livre qu'elle avait beaucoup aimé il y a quelques années et je l'en remercie parce que ce voyage dans ce western contemporain où la loyauté et la justice font autant de ravages qu'un doigt sur une gâchette m'a beaucoup plu. le personnage féminin est fort, oui, mais l'autrice ne verse pas dans un schéma manichéen et misandre trop simpliste. Evidemment, l'environnement exacerbe la violence et les illégalités, mais les personnages principaux, Harley et Duke notamment, ne sont ni noir ni blanc mais bien humains et nuancés.
La construction du roman est intéressante également. Alternance classique du présent et du passé, un chapitre sur deux démarre par “j'avais dix ans quand……” ; “j'avais douze ans quand…” et cela permet de remonter le fil de l'éducation particulière reçue par Harley de la part de son père. Cela révèle petit à petit son histoire et les leçons dispensées qui expliquent, évidemment, le pourquoi de la situation rencontrée dans le présent du récit.
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Ce roman très noir présente une structure originale alternant le présent concentré en trois grandes journées de la vie de l'héroïne, et le passé qui déroule quasiment une vingtaine d'années de sa vie.

Cette mise en scène en tranches de vies, présentes et passées, choisie par Tess Sharpe, peut surprendre au début, puis on est vite embarqué et les pages tournent à toute allure pour suivre le déroulement de ces trois journées décisives et feuilleter en même temps l'album familial douloureux de Harley.

Harley Jean est l'archétype des héroïnes des beaux romans où les filles sont les vedettes, telles Turtle, Tracy, Angela, Kya et bien d'autres, l'histoire étant toujours installée au coeur de la nature, celle-ci étant toutefois à peine considérée dans le "territoire" de Harley. Son territoire est encore plus sauvage que celui du milieu naturel, c'est celui de la violence, de la drogue, des femmes battues, de la domination de ceux qui se croient forts, de l'humiliation des faibles.

Enfant, adolescente, jeune adulte, elle est confrontée au mal, à la toute puissance de son père, Duke, qu'elle aime en le haïssant, à qui elle obéit aveuglément, jusqu'aux temps où elle va prendre les initiatives et les commandes. Cette relation père-fille est largement travaillée par Tess Sharpe et les nombreuses adjurations à l'impératif, en italique dans le texte, lui rappellent sans cesse qui elle doit être, lui laissant cependant la possibilité de devenir qui elle veut être.

Sur le plan littéraire, il y a assurément des manques, découlant quelquefois sans doute de la traduction, mais les dialogues sont intenses, porteurs de sens, de sang aussi qui coule pas mal au long des pages.

Harley est une belle héroïne qui navigue dans le mal commis autour d'elle, une héroïne qui veut le bien autour d'elle, qui le fait, qui ne veut pas tuer, qui est capable d'abnégation en soulageant les maux des femmes et des enfants martyrisés par les hommes alcoolisés et tellement sûr de leur supériorité sur celles qui ont à peine le droit d'exister.

Racisme, persécutions, violences, haines familiales sont la trame de ce roman dominé par Harley qui en appelle souvent à Dieu qui a aussi son territoire et qu'elle respecte sans croire vraiment à ses interventions, mais convaincue qu'il observe les actes de chaque protagoniste.

Le père, Duke, est aussi une grande figure, terrible et terrifiante pour ceux qui le trahissent, dur et aimant envers Harley, n'envisageant pas cependant l'avenir comme elle. Harley lui laisse ses illusions, agit en ces trois journées qu'elle a mûrement pensées et dans lesquelles elle s'engage avec opiniâtreté, seule, puissante, magnifique.

Le territoire de Harley ne colle pas avec celui de Duke, Tess Sharpe y embarque des lecteurs qui pourront être déroutés, perdus pour certains qui décrocheront sans doute, enchantés pour ceux qui iront au bout de ces trois journées épuisantes.
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D'un côté les McKenna ; de l'autre les Springfield ; pour les deux, un territoire — celui de la drogue — et une guerre ouverte pour le garder. Ici, la vie d'un homme est peu de chose ; celle d'une femme encore moins. Harley est l'héritière des McKenna, elle qui a perdu sa mère à l'âge de 8 ans, sous ses yeux, élevée par un père impitoyable et qui veut l'endurcir à tout prix, la confronter d'emblée au réel dans sa dureté la plus minérale. Il est aussi aimant à son endroit que territorial : sa fille est son objet, son héritière et il la façonne à son image. L'âge adulte va amener la jeune femme à faire des choix décisifs ; car son territoire — la géographie de sa famille, marque des McKenna — est l'envers et l'endroit de son coeur.

« Mon territoire » est un roman de Tess Sharpe. Un roman noir, violent, brutal, tant au niveau de la forme que du fond.

L'auteure cogne tout d'abord avec son style, à l'emporte-pièce. Elle a le sens de la formule, incisive, définitive et elle aime jouer avec les contrastes, les juxtaposer pour faire entendre la personnalité des McKenna : extrême : « Les McKenna aiment fort, ils aiment vite et ils n'aiment qu'une fois. » On y aime aussi fort que l'on hait, la passion est dévastatrice quelle que soit sa couleur dans le nuancier des émotions. Harley est la voix narrative du roman, une voix en « je » qui agit, souvent en premier, et pense : « Je désire. Il donne, pensant que c'est le début. Je prends, sachant que c'est la fin. » L'auteure nous conduit dans le tumulte de ses pensées, essayant d'en débrouiller les fils — du point de vue de Harley que l'on voit grandir et apprendre, et du point de vue du lecteur qui, après quelques chapitres, commence à comprendre le noeud de l'intrigue.

La construction de « Mon territoire » joue sur la scansion des temps : le passé, commençant par une formule définitive — « j'ai huit ans la première fois que je vois papa tuer un homme », le présent de la jeune femme, les deux temps se répondant, la trame se cousant peu à peu au fil du sens donné par l'auteure aux événements. Cette dernière ne nous laisse jamais, ni même Harley, reprendre notre souffle, elle instille une tension dès le départ qui ne faiblit pas. On est pris par l'urgence, souvent KO devant une telle accumulation de violence.

Le roman pose des questions essentielles : de qui hérite-t-on ? Notre personnalité est-elle déterminée par notre hérédité, notre enfance ? Quelle marge de soi-même peut-on imprimer sur les autres, sur sa destinée ? Il soulève la question des femmes battues et de la lutte pour leur venir en aide. « Mon territoire » est noir, violent, certes, mais il livre un message de rédemption, le cheminement d'un apprentissage qui peut conduire à de belles réalisations. C'est le roman de l'extrême, le bouillonnement des passions et tumultes, la volonté de puissance et celle du pouvoir conjuguées. le portrait psychologique des personnages, notamment celui de Harley, est très finement dessiné et montre l'ambivalence des sentiments qui mine chacun.

Un roman noir, âpre, brutal, dont on ne ressort pas indemne certainement, mais grandi ou changé.
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Excellent roman sur un monde fait de violence. L'héroïne est extraordinaire d'intelligence et de sagesse. Comme quoi, le déterminisme n'existe pas. Enfin, c'est ma vérité et j'adore rencontrer ce point de vue-là. On peux construire un monde différent de celui dans lequel on a grandi...sinon s'en donne les moyens. Et, l'héroïne s'en donne les moyens.
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Wow sacré roman ! On plonge totalement dans cette histoire très sombre, avec une atmosphère très menaçante et violente entre crimes et trafics d'armes et de drogues. Harley est un personnage très fort, très marquant, une vraie femme de poigne prête à tout pour faire changer les choses. Une fois plongée dedans il m'a été difficile d'en ressortir. J'ai beaucoup aimé !
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Ceux qui aiment les héroïnes facon Tarantino vont être ravis.
Harley est une jeune femme entraînée au combat et à la survie depuis l'enfance par un père chef de gang. A la mort de sa mère, elle commence son apprentissage auprès de Duke, son père. Les méthodes d'éducation sont douloureuses, brutales, souvent cruelles. Il veut l'endurcir, lui donner tous les moyens de se défendre contre leur ennemi juré, Carl Springfield.
"J'ai 9 ans quand tonton Jack essaie de m'enlever à papa. Jack doit ruser, parce qu'à ce moment là papa m'a déjà dressée. Ilnm'a fait peur et m'a mise sur la voie de la dangerosité, imprimant ses lecons dans mon corps et mon esprit. A l'instant où j'entre dans une pièce, je repère d'instinct toutes les issues possibles. Je sais charger un fusil dans le noir complet. Je sais tirer avec toutes les armes que je suis assez forte pour soulever. Je sais lancer un couteau en plein dans le centre d'une cible à une distance de sept mètres.

Les relations de Harley avec son père font penser à celles de la Turtle de Gabriel Tallent, inceste non compris, mais avec ce mélange de fascination et de haine. La structure du roman nous permet de découvrir, bribes après bribes, leur passé commun.
Les chapitres alternent entre les journées du présent de l'action (du 6 juin au 16 juin) et les dates anniversaires qui ont marqué son enfance. C'est ainsi que le lecteur va reconstituer les éléments de son passé. Et chaque flashback est passionnant car il révèle les facettes de sa personnalité.

Dans cette guerre des clans basée sur la violence, quelle place pour une héroïne féminine
Si le fait que ce soit une fille qui hérite d'un empire participe au changement de la donne , cela ne suffit pas pour faire de Harley une héroïne féministe. Certes il est réjouissant d'assister à la victoire de cette jeune fille, capable de faire reculer des hommes en usant de ses armes et de son sang-froid.
Mais ce qui compte davantage, c'est son engagement inconditionnel auprès des femmes victimes de violences conjugales. Si elle poursuit l'oeuvre de sa mère dans ce motel, c'est aussi pour défendre ses propres convictions, lutter pour l'émancipation de ces femmes trop longtemps soumises, leur offrir une vie nouvelle et compter sur la solidarité féminine pour vaincre l'emprise de ces hommes violents.
Animée par un besoin de justice, Harley utilise les armes masculines qui lui procurent la force tout en choisissant sa propre voie. Lorsqu'elle déclare qu'elle n'est pas son père, c'est pour défendre d'autres méthodes. Elle veut travailler à un monde meilleur, trouver les bons compromis pour que chacun puisse trouver l'harmonie.
Son intelligence est pragmatique, sa lucidité lui permet d'utiliser les préjugés misogynes pour en faire une force.
"J'ai attendu. J'ai écouté. Et j'ai appris. J'ai appris la leçon la plus importante : même l'homme qui t'aime, qui a consacré sa vie à t'élever pour faire de toi une femme puissante, cet homme te sous-estimera comme c'est pas permis, rien que parce que tu es une femme."
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Coup de coeur pour le premier roman adulte de Tess Sharpe dont j'avais beaucoup aimé en 2021  Ne vous fiez pas aux apparences.
Inoubliable Harley McKenna ! Fille d'un redoutable baron de la drogue, elle va s'affranchir de son héritage et de l'emprise de son père d'une façon brillante et intelligente dans un monde dominé par la testostérone. J'ai adoré la construction du roman qui dévoile peu à peu par de courts retours en arrière sans chronologie, la façon dont Harley s'est construite jusqu'à surpasser son mentor de père et élaborer un plan pour sécuriser toute une région en neutralisant le traffic de drogue.  C'est un magnifique roman féministe et un grand, très grand roman noir bien plus qu'un policier !
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