AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 72 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En 1984, Lucius Shepard publie sa première nouvelle mettant en scène le dragon Griaule. Et puis, suite au succès du texte et à sa propre envie d'étoffer un peu plus l'histoire de cette gigantesque créature, l'auteur s'est lancé dans l'écriture de plusieurs autres récits se déroulant dans le même univers, réunis ici dans un seul ouvrage considéré comme son chef-d'oeuvre. le fil directeur qui unit les six novellas présentes au sommaire est donc un énorme dragon, Griaule, vaincu il y a bien longtemps par un puissant sorcier qui est parvenu à le paralyser mais n'a pas réussi à lui ôter la vie. Sur son corps immobile se sont peu à peu développées une faune et une flore variées, bientôt suivies par une poignée d'humains qui n'ont pas tardé à fonder une ville toute entière. Bien qu'ayant toutes les apparences de la mort, le dragon n'en reste cependant pas moins vivant, et, si son corps ne répond plus à sa volonté, son esprit, lui, n'a rien perdu de sa puissance. Et ils le savent, ceux qui ont choisi de vivre dans l'ombre du dragon : son influence néfaste s'exerce insidieusement partout et sur tous, bien au-delà même des limites de la vallée dans laquelle son corps s'est effondré. Chacun des textes nous dévoile un aspect différent de l'histoire du dragon et du pouvoir qu'il exerce sur les mortels à proximité, et ce de manière chronologique. La première rencontre du lecteur avec Griaule se fait dans « L'Homme qui peignit le dragon Griaule », par l'intermédiaire d'un artiste qui ambitionne de venir définitivement à bout de la bête en le peignant dans son intégralité. « L'homme qui peignit le dragon Griaule » pose les bases d'un décor captivant qui s'inspire largement des paysages d'Amérique centrale et emprunte beaucoup à la période pré-industrielle. Si on pourrait dans un premier temps parfaitement se croire dans un univers de fantasy déconnecté de notre monde, l'auteur nous détrompe rapidement en insérant ici ou là quelques références historiques ou géographiques qui nous invitent à reconsidérer notre vision de cette cité bâtie sur le corps du dragon, finalement moins éloignée de nous qu'il n'y paraissait.

Dans « La fille du chasseur d'écailles », Lucius Shepard met cette fois en scène une jeune femme qui, pour échapper à des poursuivants, va s'aventurer dans le gosier du dragon, là où personne n'est jamais revenu. Et pour cause, puisque Griaule a su s'entourer de quantités de créatures, parasites ou protecteurs, qui veillent à préserver l'intégrité de son corps et éloignent les indésirables. Catherine comprend toutefois bien vite qu'elle n'a rien à craindre de cette étrange faune qui, au contraire, semblait attendre sa venue avec impatience, et refuse désormais de la laisser partir. le récit s'inscrit davantage dans de la fantasy « classique » et se révèle être une belle réussite. Lucius Shepard y fait la part belle à l'exploration scientifique et nous permet de nous familiariser encore davantage avec l'anatomie du dragon, mais aussi avec sa mentalité particulièrement retorse. Changement d'ambiance avec « Le Père des pierres » qui se déroule dans une ville éloignée de la vallée dans laquelle repose Griaule, mais où son influence s'exercerait pourtant bel et bien selon certains. C'est en tout cas le point de vue défendu par un lapidaire accusé du meurtre d'un de ses concitoyens, et qui se prétend innocent car manipulé par le dragon. L'histoire nous est relatée par le point de vue de l'avocat de l'assassin, qui va tenter de mener l'enquête pour estimer si son client est bel et bien la victime de Griaule, ou un manipulateur exceptionnel qui cherche à se dédouaner. le texte s'apparente cette fois davantage à un thriller, et le résultat est là encore remarquable. L'auteur s'amuse à faire osciller son lecteur entre l'une et l'autre des deux théories, et pousse un peu plus loin ses réflexions déjà amorcées dans les deux récits précédents sur le libre-arbitre et la notion de responsabilité. Car après tout, n'est-ce pas bien commode d'avoir ce gigantesque dragon immobile à blâmer pour tous les actes répréhensibles commis par les humains ? Les deux histoires suivantes nous entraînent à nouveau au coeur de la vallée de Carbonales où l'on fait d'abord la connaissance d'une brute n'attendant plus grand-chose de la vie et dont le quotidien va être bouleversé par sa rencontre avec une authentique dragonne (« La Maison du Menteur »). Car Griaule n'est pas le seul dragon à peupler la Terre, et il semblerait que ses congénères soient aussi sensibles à son influence et sa volonté que les simples mortels qui vivent à ses pieds. Plusieurs années plus tard, un petit bourgeois en voyage d'affaires et une prostituée se voient propulsées par magie dans une sorte de no man's land de toute évidence façonné par le dragon qui a ici un plan bien précis en tête (« L'écaille de Taborin »). Bien plus que le cadre étrange dans lequel les protagonistes se voient ici forcés d'évoluer, ce sont les relations ambiguës entretenues entre les personnages qui donnent tout son sel au récit.

La novella chargée de clore l'ouvrage (« Le Crâne ») est aussi la plus longue et la plus impressionnante de toute. L'auteur y opte pour un changement d'ambiance et de décor puisque l'histoire se déroule au Guatemala, ravagé par la corruption, la violence et la drogue. C'est là que l'on fait la connaissance de deux personnages qui n'ont, à priori, pas grand-chose en commun : le premier est un Américain paumé et défoncé qui s'est installé au Guatemala pour y mener une petite vie insouciante, bien éloignée de toute considération politique ; la seconde est une autochtone dotée d'une aura particulière et désireuse de changer en profondeur son pays, quitte à aggraver encore un peu plus la situation déjà catastrophique. L'ambiance poisseuse et malsaine qui règne dans cette ville rongée par la violence exerce une fascination certaine sur le lecteur qui se prend rapidement d'intérêt pour ce nouveau décor dont on devine cependant bien le lien avec le précédent. La tension y est presque palpable, notamment dans la seconde moitié au cours de laquelle la situation se dégrade un peu plus pour tous les opposants, ou identifiés comme tels, par le régime, qu'il s'agisse des homosexuels, des journalistes ou des citoyens un peu trop curieux ou critiques. Lucius Shepard y aborde les mêmes thématiques que précédemment, mais de manière bien plus explicite. La dimension politique de son oeuvre saute alors très nettement aux yeux, Griaule devenant une métaphore particulièrement forte de tout régime dictatorial et de la manière dont réagissent les individus et les collectivités prisent dans son étau. Les sujets traités dans l'ensemble de l'oeuvre sont variés, et toujours en simple filigrane, ce qui permet à la réflexion du lecteur de se développer et de se complexifier au fil des récits. Tous se révèlent passionnants, et la plume de Lucius Shepard n'y est sans doute pas étrangère, à la fois prompte à enflammer l'imagination du lecteur et à l'inciter à la réflexion. le seul aspect qui m'a quelque peu dérangé concerne le traitement réservé aux personnages féminins qui, bien que loin d'assumer uniquement le rôle de potiches, n'en demeurent pas moins en permanence sexualisées.

« Le dragon Griaule » est sans conteste une oeuvre majeure de la fantasy dans laquelle Lucius Shepard déploie des trésors de talents pour nous narrer les différentes facettes de cette créature terrible et de ses pouvoirs, fantasmés ou non. L'auteur en profite pour aborder une multitude de thème, à commencer par celui de la dictature, et de la place qu'elle laisse au libre-arbitre chez les individus qui doivent se résoudre à vivre dans son ombre. Une très belle découverte !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          110
Lorsque je me suis inscrit pour ce livre dans Masse Critique je l'ai fait uniquement sur le titre et l'éditeur, n'ayant jamais rien lu de son auteur. Je m'attendais donc plutôt à un bon gros roman de Fantasy comme je les aime et j'avoue avoir été un peu déçu lorsque j'ai réalisé que c'était un recueil de 6 nouvelles même si toutes tournent autour d'un même sujet, le dragon Griaule. Je me suis quand même rapidement lancé dans la lecture et là seconde déception, ce dragon n'a rien de ceux auxquels on est habitué, il serait plutôt le reste immense de ce qui fut un dragon, et qui immobilisé par un sort mais ne pouvant mourir se contente de grandir et d'influencer le monde qui l'entoure.
Et voilà comment parti pour un bon vieux roman de Fantasy plein de fureur et de combats je me suis retrouvé à lire des nouvelles pleines de questions et d'introspections. Car si toutes ces nouvelles tournent autour de Griaule, elle permettent surtout à l'auteur de disserter sur le libre arbitre, depuis celui de l'individu jusqu'à celui des peuples à disposer d'eux-même.

Dans l'ensemble j'ai surtout apprécié deux de ces nouvelles, "Le Père des pierres" et "Le Crâne", sans doute les plus dynamiques du lot. Dans la première, une enquête dans le ton des romans noirs Américains va nous faire suivre un enquêteur dans une histoire qui sent la manipulation bien menée, et dans la seconde nous allons plutôt assister à une révolution guère reluisante dans une Amérique centrale que l'auteur semble bien connaître.

Sinon le vrai point positif de cette lecture pour moi restera l'auteur dont le style clair et entraînant, et surtout le ton jamais trop sérieux m'ont permis de ne jamais m'ennuyer même lorsque les histoires me correspondaient un peu moins.

Au final je ne peux que remercier le Bélial et Babelio pour cette sympathique découverte d'un véritable auteur, et que les Masses Critiques continuent longtemps de m'apporter leurs rafraîchissantes découvertes.
Commenter  J’apprécie          100
Le Dragon Griaule est un recueil de nouvelles ayant pour dénominateur commun un dragon nommé Griaule, ensorcelé et donc en repos depuis plusieurs siècles. La vie s'est installée sur lui que ce soit la végétation ou même la population humaine.

Parlons d'abord du style de Lucius Shepard. Il a une plume très riche et sait décrire les lieux et le dragon avec brio même si parfois, je me demandais pourquoi il insister autant sur ces détails. Mais cela permet vraiment de découvrir Griaule et tous ceux qui l'utilisent comme hôte avec complexité.

Les nouvelles se suivent et sont loin de se ressembler. L'auteur trouve toujours un nouvel angle pour nous présenter son dragon. Evidemment, certaines m'ont moins touché comme celle qui a pour sujet un tribunal.

J'ai toutefois deux bémols avec ce livre. le premier est le manque de liens entre les différentes nouvelles. Alors oui, ok, Griaule est toujours là en filigrane mais j'aurais aimé que les personnages des nouvelles se croisent plus souvent, que l'ensemble forme un tout cohérent mais ici, on pourrait très bien imaginer que l'auteur décide d'écrire d'autres nouvelles sur Griaule car ici, cela ne forme pas un puzzle assez complet à mon goût.

Bref, vous l'avez compris, malgré sa couverture enchanteresse qui laisse peut-être penser à un récit accessible aux adolescents, le Dragon Griaule reste un récit mature et violent à ne pas mettre en toutes les mains et qui risque d'en déboussoler plus d'un.

Je suis contente d'avoir découvert ce récit mais j'avoue que je ne vous le recommanderais pas plus que ça, à part peut-être pour les fanas de fantasy qui désireraient découvrir un roman qui sort un peu des carcans du genre mais alors ils peuvent se tourner (selon moi) sur tout le catalogue des éditions le Bélial.

Autre défaut qui lui m'a vraiment plus gênée dans ma lecture, c'est l'omniprésence de scènes sexuelles. Autant certaines étaient justifiées autant d'autres étaient vraiment sans intérêt voir hors de propos. J'ai fini par me demander si l'auteur pouvaient brosser ses personnages sans parler de leur appétit sexuel et j'ai vraiment l'impression que non en refermant ce recueil. Je trouve que ça alourdit le récit quand ça n'apporte rien à l'histoire, dommage.
Lien : http://iluze.eu/?p=8589
Commenter  J’apprécie          61
Le Dragon Griaule est un recueil de nouvelles ayant pour dénominateur commun un dragon nommé Griaule, ensorcelé et donc en repos depuis plusieurs siècles. La vie s'est installée sur lui que ce soit la végétation ou même la population humaine.

Parlons d'abord du style de Lucius Shepard. Il a une plume très riche et sait décrire les lieux et le dragon avec brio même si parfois, je me demandais pourquoi il insister autant sur ces détails. Mais cela permet vraiment de découvrir Griaule et tous ceux qui l'utilisent comme hôte avec complexité.

Les nouvelles se suivent et sont loin de se ressembler. L'auteur trouve toujours un nouvel angle pour nous présenter son dragon. Evidemment, certaines m'ont moins touché comme celle qui a pour sujet un tribunal.

J'ai toutefois deux bémols avec ce livre. le premier est le manque de liens entre les différentes nouvelles. Alors oui, ok, Griaule est toujours là en filigrane mais j'aurais aimé que les personnages des nouvelles se croisent plus souvent, que l'ensemble forme un tout cohérent mais ici, on pourrait très bien imaginer que l'auteur décide d'écrire d'autres nouvelles sur Griaule car ici, cela ne forme pas un puzzle assez complet à mon goût.

Bref, vous l'avez compris, malgré sa couverture enchanteresse qui laisse peut-être penser à un récit accessible aux adolescents, le Dragon Griaule reste un récit mature et violent à ne pas mettre en toutes les mains et qui risque d'en déboussoler plus d'un.

Je suis contente d'avoir découvert ce récit mais j'avoue que je ne vous le recommanderais pas plus que ça, à part peut-être pour les fanas de fantasy qui désireraient découvrir un roman qui sort un peu des carcans du genre mais alors ils peuvent se tourner (selon moi) sur tout le catalogue des éditions le Bélial.

Autre défaut qui lui m'a vraiment plus gênée dans ma lecture, c'est l'omniprésence de scènes sexuelles. Autant certaines étaient justifiées autant d'autres étaient vraiment sans intérêt voir hors de propos. J'ai fini par me demander si l'auteur pouvaient brosser ses personnages sans parler de leur appétit sexuel et j'ai vraiment l'impression que non en refermant ce recueil. Je trouve que ça alourdit le récit quand ça n'apporte rien à l'histoire, dommage.
Lien : http://iluze.eu/?p=8589
Commenter  J’apprécie          30
On peut considérer que le Dragon Griaule est un livre de fantasy original, ou que ce n'est pas de la fantasy du tout.
Le bouquin est divisé en 6 nouvelles, chacune racontant l'histoire d'un personnage dont la vie est impactée par la présence du dragon fossilisé, seul élément fantastique du récit.
Griaule influence-t-il son entourage de son aura maléfique, ou ne sert-il que d'excuse à tous les pourris des alentours ? C'est la question qui se pose tout au long du livre. Lucius Shepard fait ressortir le pire de ses personnages principaux : avidité, luxure, orgueil...
Malgré le talent certain de Shepard pour l'écriture, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher. Les 2 premières nouvelles m'ont laissé de marbre et ce n'est qu'à partir du "Père des Pierres" que je suis entré dedans. le doute sur la nature du meurtre est entretenu jusqu'au bout et interroge sur la nature humaine et ses démons. La dernière nouvelle se déroule plus ou moins à notre époque et prend un tournant plus politique que fantastique.
Ça ne m'empêchera pas de lire d'autres livres de Lucius Shepard, mais ce Dragon Griaule a peiné à me captiver malgré ses qualités littéraires, la faute surement au format et au contenu des nouvelles, que j'ai trouvé inégal.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (193) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2498 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}