Dans ce roman, c'est Mariko, la mère de Yukio, qui raconte son histoire et j'ai beaucoup aimé, encore plus que les deux premiers tomes…
Cette femme est obligée d'abandonner son nom coréen à cause de la guerre, de vivre dans ce pays où un Coréen est inférieur, dans l'esprit d'un Japonais, (cela vous rappelle quelque chose n'est-ce pas ? vous savez, un certain Adolf et l'Allemand pur, Arien de bonne souche…) de prendre un nom japonais et de taire à tout jamais son passé, alors que ses parents ont été des héros, mais resteront inconnus…
Yonhi Kim, donc que sa mère a rebaptisée Mariko (en hommage à la vierge Marie et au Christ) qui va subir le tremblement de terre, puis aura un enfant, que nous connaissons bien Yukio, et sera condamnée à l'illégitimité toute sa vie : « J'ai écrit dans la lettre que ton nom est Mariko Kanazawa. Ne prononce ton véritable nom, Yonhi Kim, devant personne ».
Je m'étais déjà attachée à cette femme lors des premiers tomes, mais dans celui-ci, on la découvre en profondeur, à la recherche de son passé, cherchant à savoir qui est son père, ce qui sera la quête de son existence, traversant deux tragédies, le séisme puis la bombe sur Nagazaki.
Dans ce tome 3, on en apprend davantage sur le rôle de l'Église et surtout celui du prêtre que l'on surnomme l'hirondelle : Tsubamé et qui occupe une place importante dans la vie de Mariko.
Aki Shimazaki sait transcrire la souffrance de cette enfant illégitime, qui va reproduire le même scenario en ayant plus tard un enfant naturel et on comprend mieux son attitude lors des premiers tomes : comment vivre et survivre quand on a, non seulement pas eu de père, mais également perdu son identité en route.
La Corée, elle n'en parlera jamais, même à son mari, pour qu'il n'y ait pas de conséquences sur sa famille. « La discrimination est toujours là. Avoir du sang coréen cause des soucis insolubles. Je ne pourrai jamais avouer l'histoire de mon origine à mon fils et à sa famille. Je ne veux absolument pas que notre vie en soit perturbée. »
Comme les migrants de nos jours, avec l'exil, on perd son pays, son identité, ses proches, son travail, son statut social, on n'est pratiquement plus rien et il faut tout recommencer.
Il y a encore beaucoup de poésie dans ce texte, avec l'importance particulière de la nature, des fleurs : le camélia Tsubaki (le prénom de sa petite fille) les myosotis, les campanules, la colline aux gentianes, la façon dont les hirondelles (Tsubamé) font leurs nids, forment leurs couples…
Peu à peu, des secrets se découvrent, comme les pétales d'une marguerite qu'on effeuille, et on s'attache encore plus à tous ces personnages qu'on a hâte de retrouver.
Note : 9/10
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