Le clou qui dépasse doit être enfoncé prône un viel adage nippon.
Tout comme Amélie Nothom dans Stupeurs et tremblements, qui dénonce le gommage de toute individualité au sein de l'entreprise japonaise,
Aki Shimazaki (auteur japonaise vivant à Montréal dont Hotaru a reçu le prix du Gouverneur général 2005) dénonce dans
Mitsuba (trèfle à trois feuilles) les menaces de rétrogradation et l'obéissance des employés visés dans une compagnie d'import-export dont le siège social est à Tokyo.
Takashi Aoki, la trentaine esseulée, est un "shôsha-man", commercial dynamique qui se plie au bon vouloir de ses chefs pour d'éventuels avancements dans son avenir professionnel.
Il travaille le dimanche s'il le faut, va chercher des clients à l'aéroport ou leur sert de guide; ce qui sort du cadre de ses fonctions.
"Raisonnable ou non, la mutation fait partie de notre vie de salariés" comprend-il en espérant partir à Paris. Il apprend donc le français.
Les mariages sont souvent arrangés, mais attiré irrésistiblement par Yûko
Tanase ("une fille parfaite pour toi" a affirmé son collègue Nobu) réceptionniste dans sa boite mais rencontrée lors des cours, il va, après quelques hésitations dues à sa timidité, faire sa demande.
C'est sans compter le fils de la banque Sumida, amoureux lui aussi, qui fera intervenir son entourage pour faire pression sur le Président de la compagnie, sur les familles et donc sur le jeune couple concerné.
Qui aura le dernier mot? La banque, le désir de bien faire ou l'amour?
Mitsuba, dont l'écriture sèche (ex:"Je bâille". "Il ne répond pas") par endroits, l'absence d'images poétiques et d'émotions véridiques, m'ont quelque peu dérangée, est un roman intéressant à lire car il dévoile une culture différente de la notre où le groupe passe avant l'individu, la carrière avant la vie,où certains se tuent à la tâche vu les abus, où il est difficile de s'extirper de l'engrenage mortifère professionnel et où tout se maîtrise même les sentiments.