Je pense que
Suzuran a été le livre de trop, celui qui me dit "arrête-toi un temps sur l'oeuvre de cette autrice parce que tu vas finir par ne plus apprécier.", malgré la douceur, malgré sa capacité à installer les ambiances, les humeurs, malgré la classe des personnages.
Cette fois-encore, on retrouve une mère célibataire avec son fiston (l'héroïne est divorcée, son ex-mari joue au père à distance). Décidée à ne pas rencontrer de suite quelqu'un (sa vie matrimoniale lui a laissé un goût amer et à mère), Anzu se consacre à la poterie, un art dont elle excelle et en a fait son métier. Elle expose ses oeuvres, planifie son emploi du temps en fonction des cuissons. Sa vie est régulée par les visites de son garçon à son père, son travail, les rencontres avec ses parents. Elle a bien conscience de son manque amoureux que lui rappellent régulièrement sa grande copine (décidément bien indiscrète) et sa propre frangine, Kyôko, son opposée sentimentale (une femme libre et libérée de toute convention sociale, aussi délurée que sa soeur est chaste). Et justement, l'aînée annonce son futur mariage, à la surprise générale.
Bien sûr,
Suzuran s'inscrit dans l'oeuvre d'
Aki Shimazaki : il y a les secrets de famille ou personnels qui se dévoilent au cours de conversations, il y a des rencontres ou des souvenirs avec des hommes qui ont compté, il y a la découverte de cette soeur qui a caché pas mal de choses et s'est montrée particulièrement stratège et retors (sans le vouloir ou en le voulant) et puis il y a cette histoire amoureuse qui naît, qui se construit et qui s'achève de façon complètement artificielle (où là on flirte vraiment avec le Harlequin de base... et j'entends par là, le Harlequin des années 1970-1980, de la guimauve romanesque et quand même indigeste par des rebondissements qui se cumulent et s'accumulent... ) Oui, vous comprenez de suite que j'ai été complètement déçue par la fin parce que le reste m'avait bien cramponnée, je le reconnais. Je me demande comment on peut à ce point manquer la touche finale, comment on peut sortir une telle pirouette grossière. Je pense qu'il y avait d'autres moyens : là ce n'est ni crédible et même j'y trouve un côté moralement malsain.
Voilà, affirmer qu'
Aki Shimazaki a raté
Suzuran serait complétement injuste et intellectuellement malhonnête. Mais il est clair que
Suzuran est le roman que j'ai le moins apprécié d'elle malgré un début et un milieu bien instruits et prometteurs (à la fois dans la description des scènes, des personnages, leur personnalité).