Paru en anglais sous le titre
Asylum City,
Terminus Tel-Aviv, est le dixième livre (mais deuxième traduit en français) de l'auteur israélien à succès
Liad Shoham, que d'aucuns aux USA n'hésitent pas à comparer à
John Grisham, autre avocat écrivain.
Quand ce polar noir change imperceptiblement de couleur au fil de l'histoire pour élargir sa palette et devenir une sensible peinture sociale d'un Tel-Aviv moderne en proie à ses contradictions les plus déchirantes mêlées des reflets universels de l'âme humaine sur un sujet aussi brûlant que les réfugiés, comment ne serais-je pas conquis ?
C'est la vie qui se joue dans ces pages.
"Et peut-être qu'ils vont l'expulser, comme ils l'ont fait pour Hagos. Quand son ami est arrivé en Ethiopie, ils l'ont envoyé en Erythrée, et là, ils l'ont assassiné. Cela pourrait lui arriver." p.165
Suivie de cette interrogation fondamentale.
"Qui est réellement cet homme qui a travaillé si longtemps avec eux ? Auquel ils faisaient confiance et qu'ils affectionnaient ?" p.396
Qui me renvoie comme les Bienveillantes l'avaient fait tout aussi cruellement à cette autre : et moi perclus de certitudes qui serais-je face à un tel destin ?
Le meurtre de Michal, généreuse bénévole au sein d'une association aidant les sans-papiers, nous emmène à la découverte du Tel-Aviv d'aujourd'hui où la misère des réfugiés noirs se monétise au prix fort. Les forces en présence sont les mêmes que dans beaucoup d'autres mégapoles à travers le monde. le sujet est universel, intelligemment et finement traité révélant les tensions au sein même des microcosmes qui se frottent et s'opposent avec la force de plaques tectoniques. le tout sans moralisation infantilisante, ni discours édulcoré servilement soumis à la tendance du moment, je salue donc cette confiance, trop rare dans la littérature actuelle, en l'intelligence du lecteur à appréhender correctement la complexité des situations et des émotions.
Quand en plus la police se retrouve au final devant un choix cornélien sur le coupable à présenter à la justice, amenant le lecteur à l'interrogation sur l'éthique de la justice, je dis bravo ! Et continue à débattre intérieurement bien après avoir refermé cet excellent roman. Une toute petite victoire éphémère dans l'éternel combat contre la mafia qui tel le phénix immanquablement ... La petitesse et la grandeur de l'homme balloté par le destin à l'heure des choix ...
Reste que le lire en anglais pour celles et ceux qui le peuvent est une option à considérer car le style de cette traduction française ne m'a pas totalement emporté. Malgré cela 4 étoiles !