Ces "Caves du Potala" m'ont enchanté, bien qu'il y ait de lourdes ombres dans ce récit.
Ce qui m'a d'abord enchanté, c'est de lire un vrai roman : écriture fluide, avec de belles phrases, et de vraies tournures littéraires (ce qui devient très rare de nos jours; être romancier est un métier) : elles installent, surtout, une ambiance authentique. C'est ce que j'y ai respiré à plein poumons, faisant vivre dans mon esprit cet univers que l'auteur,
Dai Sijie, connait assurément. Il connait "son" histoire.
De toute façon, l'on observe comme l'auteur s'est plongé dans son récit comme on descend doucement dans un bain trop chaud, vivant dans ses pages avec ses personnages et ces lieux qu'il décrit admirablement bien. Et l'on vit avec eux. [Il y a même des notes, en fin d'ouvrage, qui précisent son ouvrage].
C'est un récit dirais-je, plutôt qu'un roman - même s'il y a un scénario, j'ai plutôt vécu cette lecture... comme une plongée (oui, j'insiste), à la suite de
Dai Sijie, qui a su rendre le tout intimiste, feutré, et dans un environnement condensé, telle une pièce de théâtre. Ce serait d'ailleurs une bonne idée que d'en tirer une pièce !
On comprend donc vite que l'écrivain s'est bien renseigné - et qu'il a écouté et récolté bien d'autres récits de ce type.
Voilà qui m'a enchanté, moi le bouddhiste.
J'étais au Pays des Neiges, j'étais au Tibet, pendant ces fichues années de dictature chinoise sur le Tibet. Moi qui rêve d'aller au Tibet, je crois que je serais bien déçu...
Voilà donc, dans cette intimité des lieux comme des personnages, une ambiance à la lueur des bougies, entouré d'oeuvres d'art et de jeunes gardes chinois qui n'ont rien dans le crâne.
J'ai été particulièrement absorbé parce qu'il est notamment question d'art, d'art tibétain - qui est franchement éblouissant - et que j'ai fais de longues études artistiques. Et cette facette de l'ouvrage est assez triste, ou en demi-teinte, comme d'ailleurs ce vieil peintre tibétain que les jeunes chinois martyrisent.
Je lis peu de romans, mais celui-ci vaut son pesant d'or.
C'est un bel hommage de
Dai Sijie au peuple et à l'histoire tibétaine. Merci à l'auteur.
Merci à Masse Critique et Gallimard pour m'avoir envoyé ce roman.