Mais les immortels finissent toujours par mourir, si ce n'est par eux-mêmes, par l'absence des autres. Tu es partie un soir de canicule, et on s'est effrités en miettes de mortels. En t'enfuyant par la fissure dans le béton, tu as fait naître un trou sombre qui m'aspire l'intérieur depuis trois mois.
Il n'est jamais trop tard pour une citation. Jamais trop tard pour que d'autres nous disent ce qu'on ne saurait dire nous-même.
On meurt toujours un peu d'une rupture. On flotte un temps et on finit par l'oublier, en un mois, un an, dix ans, mais on reste toujours un peu mort, par morceaux. Trop de ruptures, c'est trop de morceaux, et on en meurt au bout de la vie, rempli de douleurs oubliées. C'est ça, le cancer. C'est les morceaux de douleur qui s'accumulent pour nous faire chier, et qui nous tuent de l'intérieur.
J'aurais plus d'affection pour Jésus si sa souffrance ressemblait plus à la mienne. Si sa blonde l'avait crissé là, par exemple.
La peine d'amour comme une maladie, voilà ce qui me fait vomir.
Il faut cesser tout ça. Arrêter de bâillonner tous ceux qui ont de la peine. C'est normal, c'est même beau, la peine. Et c'est nécessaire. Bien sûr, que je ne vais pas bien. Mais ce n'est pas un problème. J'ai de la peine. Je souffre. Je vais guérir, pas besoin de diachylon. J'ai un deuil à vivre, j'ai de la douleur à combattre, j'ai une vie à rebâtir, à ma façon. (p.75)
Il n'y a plus une goutte de foi en moi, mais des fois, j'aimerais croire en Dieu, en son fils, en toute cette belle histoire, calvaire de clous. J'aimerais avoir une poignée à laquelle m'accrocher, un tuteur qui m'aiderait à pousser plus droit. Mais je suis incapable de croire en eux, en ça. S'ils m'envoyaient un signe, peut-être, un moment encourageant, mais c'est le contraire qui arrive. Le jour où je décide enfin de bouger, d'avancer, de marcher sur les eaux, ils me pitchent de la neige dans le trou de botte. Qu'ils aillent chez le diable.
- Assis-toi là.
Je m'assois là. La chaise a une patte trop courte. Ploc. Dilemme : je penche vers l'avant ou vers l'arrière?
(Ma vie est palpitante.)
Je m'ennuie de la magie au sud de tes sourcils.
La distance, comme une représentation du temps qui s'étire.
Tes phrases, je les ai faites miennes, pour te sentir près de moi. Je suis devenu toi, pour que tu existe encore.