C'est un cirque ici.
Avec tout ce qu'il faut de clowns, d'éléphants, de pitoune pas si belles aux habits trop moulants, de lions aux crocs tranchants, de cerceaux en feu, de grosses têtes difformes et de livres de recettes.
Bienvenue au Salon du Livre de Montréal.
Les auteurs morts sont chanceux ; ils n'ont pas à se pointer dans les salons du livre.
La distance, comme une représentation du temps qui s'étire.
La chair de poule quand on a chaud, c'est la meilleure. C'est le bonheur qui essaie de sortir par toute la peau.
Mais les immortels finissent toujours par mourir, si ce n'est par eux-mêmes, par l'absence des autres. Tu es partie un soir de canicule, et on s'est effrités en miettes de mortels. En t'enfuyant par la fissure dans le béton, tu as fait naître un trou sombre qui m'aspire l'intérieur depuis trois mois.
J'aime mieux un perdu qui vient me voir qu'un parvenu qui se pense trop bon pour venir me voir.
La peine d'amour comme une maladie, voilà ce qui me fait vomir.
Il faut cesser tout ça. Arrêter de bâillonner tous ceux qui ont de la peine. C'est normal, c'est même beau, la peine. Et c'est nécessaire. Bien sûr, que je ne vais pas bien. Mais ce n'est pas un problème. J'ai de la peine. Je souffre. Je vais guérir, pas besoin de diachylon. J'ai un deuil à vivre, j'ai de la douleur à combattre, j'ai une vie à rebâtir, à ma façon. (p.75)
Tu m'as laissé pour nous quitté. Je ne pourrai pas guérir de ça.
On est immortels , mais pas tant que ça.
C'était il y a deux mois et demi. Deux semaines de vie d'hôtel m'avaient vidé, si ce n'est les poches, l'esprit. À l'hôtel dans ma propre ville, pas de vacances, encore moins d'exotisme, je m'étais usé la peau sur des draps rugueux et les yeux sur ton absence. Quand je les fermais, c'était pour espérer que tu réapparaisses quand j'allais les ouvrir. Tu n'apparaissais jamais, je recommençais. Et toujours, sur la parois intérieur de mes paupières, la forme orangée de la fenêtre de ma chambre, puis la lumière que tu ne cachais pas.
Tes phrases, je les ai faites miennes, pour te sentir près de moi. Je suis devenu toi, pour que tu existe encore.