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Critique de karmax211


Un des "romans durs" dans l'oeuvre foisonnante de Georges Simenon.
Un livre dans lequel on retrouve les ingrédients qui font la recette du succès du père de Maigret : un homme tout à fait ordinaire dont la vie bascule telle la lame oblique et tranchante de la guillotine dans l'épouvante et le drame de l'extraordinaire. Une petite ville de province recroquevillée sous les frimas de l'hiver, sous les certitudes pesantes des règles et des codes moraux d'une communauté où les apparences font office de vérité et où les fidèles se rassemblent le dimanche pour obtenir du berger qu'il renvoie sa grégarité confortée vers les pâturages flous d'une semaine nouvelle débarrassée de l'idée absurde que le troupeau puisse se méconduire.
Spencer Ashby et sa femme Christine appartiennent à ladite communauté. Ils vivent dans une petite bourgade de deux mille têtes... pardon, deux mille âmes près de Litchfield dans la campagne new-yorkaise.
C'est un couple de quadragénaires... ils s'entendent bien, se sont mariés dix ans plus tôt... sans véritable amour, sans aucun intérêt.
Ils se sont mariés parce que...
Lui enseigne la littérature dans une école préparatoire.
Elle est une des gardiennes de la communauté... une femme irréprochable, une dame patronnesse dévouée, une compagnie agréable qui se plaît à jouer au bridge... comme ce soir où elle s'absente chez des amis pour participer à un tournoi.
Spencer ne la suit pas.
Il n'en a pas envie.
Il préfère s'enfermer dans son cagibi et travailler à son tour : la menuiserie est son violon d'Ingres.
Belle, une jeune fille de dix-huit ans rentre du cinéma et vient lui souhaiter une bonne nuit.
Belle est la fille d'une amie de sa femme qui est en pension chez eux depuis un mois.
Elle n'est que de passage... le temps d'un divorce parental.
Spencer vit dans son monde.
C'est un homme naïf, sans histoire.
Il aperçoit Belle mais ne l'entend pas à cause du bruit du tour.
Son travail terminé, Spencer monte se coucher et s'endort très vite.
Il se réveille...sa femme à ses côtés est rentrée tard... se prépare pour aller travailler.
Arrivé à l'école, la secrétaire l'informe que sa femme vient d'appeler et qu'il faut qu'il rentre séance tenante à la maison.
Il hésite... puis devant l'insistance de la secrétaire, il rebrousse chemin.
De retour chez lui... sa vie a changé... Belle a été retrouvée morte étranglée.
Les soupçons se portent sur lui.
Petit à petit, d'interrogatoires en suspicions, de non-dits en humiliations, de malsaines curiosités en rumeurs, de lâchetés en accusations anonymes... on goudronne le mur de sa maison d'un grand M ( Murderer = assassin ), il est mis au ban de la communauté.
Le sermon du pasteur dissimule à peine qui se cache derrière l'homme qui incarne le mal dénoncé.
Le proviseur lui demande de se mettre quelque temps en retrait.
Christine le soutient... par devoir ou par amour ( ? ).
Comme tout homme Spencer a un passé.
Son père alcoolique trainait dans les bas-fonds puis s'est suicidé à trente-huit ans.
Spencer a eu une scolarité solitaire... il a eu des copains mais jamais d'amis...
Il n'a jamais connu de femmes en dehors de quelques prostituées.
Sa femme et lui n'ont pas d'enfants...
C'est un coupable idéal.
Un après-midi il est reconvoqué par le chargé de l'enquête.
Est présent dans le bureau un psychiatre de renommée.
Spencer s'attend à être arrêté... il ne l'est pas.
Il est libre comme le gibier que l'on traque, que l'on a débusqué et qu'on s'apprête à...
Spencer n'a pas tué Belle.
Lui seul et le meurtrier le savent.
C'est trop et pas assez pour que sa vie s'en contente.
Dehors, il y a des lumières, des bars... et la secrétaire qui a tapé tous ses interrogatoires...
Vous aimeriez en savoir davantage ?
Lisez le roman.
J'ai apprécié cette lecture.
J'y ai retrouvé un peu de l'atmosphère provinciale de - Les inconnus dans la maison -.
J'y ai surtout retrouvé un élément très présent dans l'oeuvre de Simenon : la neige.
Elle est là dans - Les inconnus... -, dans - La neige était sale -, dans le final de - le train -, dans - le haut mal - etc... comme si neige, mort et deuil étaient indissociables.
Pour conclure, j'ai juste envie d'évoquer la mémoire du comédien exceptionnel qu'était Jean Desailly... acteur Simonien par excellence.
Sa prestation dans - La mort de Belle - de Molinaro est tout simplement épatante. Elle ne fait que précéder celle bluffante qu'il nous offrira quelques années plus tard en serial killer dans - Maigret tend un piège - de Delannoy.
Du bon Simenon qui, outre l'histoire, m'a offert une leçon d'écriture... ou comment dire sans le dire tout en le disant l'indicible, le cru, le violent, l'horrible. C'est assez remarquable.
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