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EAN : 9782253123309
288 pages
Le Livre de Poche (01/02/2008)
3.88/5   102 notes
Résumé :
Sous l'occupation allemande, Frank Friedmaier vit dans une oisiveté dorée, chez sa mère, tenancière de bordel, faisant l'amour avec les filles de la maison ou les épiant, quand elles sont avec les clients. Parmi les compagnons, plus ou moins louches, qu'il fréquente au bar-restaurant de Timo, figure Fred Kromer…

Adapté pour le théâtre en 1950, par Georges
Simenon et Frédéric Dard, mis en scène par Raymond Rouleau, avec Raymond Rouleau (le vieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ou je n'ai rien compris ou ce sont certaines critiques qui se sont égarées dans ce décor où la neige n'en finit pas de se détacher de la croute grise d'un ciel où jamais ne perce la lumière... jusqu'au jour où...
Frank dix-huit ans a été laissé en nourrice par une mère occupée à gagner sa vie à la sueur de ses passes.
Frank, c'est l'histoire d'un gamin sans père ni mère, sevré d'affection, blessé très tôt par la vie, comme ce petit chat à l'oeil exorbité, réfugié dans un arbre du jardin de sa nourrice qui, lorsque les hommes lui tendent une main secourable, un bol de lait synonyme de survie, se réfugie chaque fois sur une branche un peu plus haute... leur opposant son dédain, méprisant leur pitié.
Puis un jour, de retour de l'école, le gamin apprend que le chat n'est plus dans l'arbre.
On a beau lui affirmer que la pauvre bête a été secourue et qu'elle est à présent à l'abri, Frank sait que la réalité est tout autre, et qu'un voisin qui dès le début voulait régler le problème à l'aide de son fusil... l'a fait.
Ainsi en va-t-il de la vie de Frank, animal éborgné, qui refuse toute aide, toute pitié, toute forme d'amour et défie le destin comme le chat le faisait en grimpant chaque fois sur une branche plus haute, conscient que c'est là la meilleure manière d'atteindre le point de non retour, celui de la délivrance.
Très jeune homme, il vit aujourd'hui dans un grand appartement avec Lotte, sa mère, qui a fait de celui-ci un bordel aménagé dans un immeuble où ils sont détestés par tous les résidents qui les voient comme des êtres amoraux, exploiteurs, des collabos
C'est l'occupation, on ne sait pas laquelle, et l'on est tenté de supposer qu'il s'agit de l'occupation allemande.
Nous sommes dans un pays de l'est probablement, mais lequel ?
Lotte devenue tenancière de maison close fait travailler des filles, toujours nubiles ( entre 16 et 18 ans ), lesquelles offrent du plaisir à l'occupant, lequel, en contrepartie, permet à Lotte, aux gamines affamées, et à son fils désoeuvré, de se gaver d'une nourriture et d'un combustible ( charbon ), dont chacun est privé dans l'immeuble.
Frank fréquente l'établissement interlope de Timo, un bar-restaurant, où il côtoie des petits malfrats dont Kromer qui va être l'élément déclencheur de son premier crime commis contre un gros sous-officier de l'armée d'occupation.
Crime gratuit que Frank qualifie de "dépucelage" et qui lui permet de s'approprier le révolver de sa victime qu'il convoitait.
Kromer lui propose ensuite une grosse affaire ; un général collectionne des montres rares et est prêt à payer une fortune pour compléter sa collection.
Frank a vécu naguère chez un horloger.
L'affaire est conclue.
Masqué par un foulard, accompagné d'un complice, il s'introduit chez les Vilmos frère et soeur.
Le frère est mort il y a un an.
La soeur finit par céder à la menace du révolver brandi par Frank.
Il met la main sur des montres de collection,.
Le foulard qui masquait son visage se dénoue.
La soeur Vilmos le reconnaît... il la tue.
L'affaire lui rapporte gros.
Une liasse de billets qui pourrait faire vivre plusieurs familles pendant plusieurs années et "la carte verte", une sorte de sésame qui, en ces temps d'occupation, vous permet d'aller et venir à votre gré, n'interroge ni les heures ni vos faits et gestes.
Lotte qui aime et craint son fils a deviné.
Frank le sait mais reste indifférent... comme il est indifférent à Minna, Bertha, et Anny les jeunes prostituées du clandé de sa mère avec lesquelles il couche...sans amour et sans réel désir.
Seuls l'obsèdent ses deux voisins, Gerhardt Horst ancien critique d'art devenu conducteur de tramway et sa fille Sissy âgée de seize ans.
Gerhardt a été témoin du meurtre du sous-officier.
Il s'est tu.
Sissy est fascinée par Frank, qui la séduit et laisse Kromer la déflorer.
Sissy s'enfuit et tombe malade.
Frank s'enfonce.
Il s'enivre, parle trop, se fait trop voir, montre trop sa liasse de billets sa carte vert.
Il finit par être arrêté.
Là se situe ma divergence avec les critiques que j'ai lues.
Dans cette prison école ou dans cette école transformée en prison, va s'opérer la rédemption de Frank.
Je sais que je suis lu par des personnes qui lisent, mais j'insiste... toujours à cause de certaines critiques... Si Simenon a choisi de situer cette prison dans une école, vous aurez compris l'allusion "éducative"...
Là je m'arrête de vous raconter l'histoire... car là se situe l'acmé.
le chat éborgné va trouver son salut.
Ce Frank de Simenon, je l'ai vu tout au long du roman sous les traits de Rocky Sullivan, ce truand criminel incarné par James Cagney dans le film de Michael Curtiz - Les anges aux figures sales -.
D'ailleurs Simenon a écrit - La neige était sale - pendant son séjour de dix années à Tucson ( Arizona )... Ah l'air américain ! (sourire ).
Il appartient aux romans que son auteur qualifiait de durs, et est, pour moi, l'un des nombreux chefs-d'oeuvre du père de Maigret.
L'atmosphère, les personnages et l'histoire sont d'une force, d'une intensité dramatique absolument remarquables.
Si vous hésitez à choisir un bon, un très bon Simenon, celui-ci en est assurément un.
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Si vous aimez les crapules, les maisons closes dans le contexte de l'Occupation, c'est déjà glauque mais vous serez servis. Si en plus, l'auteur ne vous laisse pas d'échappatoire et vous oblige à suivre les pensées d'un seul personnage abjecte, membre de la pègre et pas attachant pour un sou. Alors cela devient malsain.

Glauque et malsain, de méfaits en méfaits, le récit avance sans que l'on ne trouve une once d'humanité à ce Frank, 18 ans, frimeur, violent, cynique, misogyne et paresseux. Un petit con qui veut prouver qu'il est un homme en assassinant un inconnu.
Simenon malmène son lecteur. J'ai été bien secoué mais j'ai aimé ça, sortir de la zone de confort, goûter à cette littérature noire et puissante par son propos mais surtout si bien écrite.
Il n'est pas impossible que la crapule du début évolue un peu vers une forme de salut. Pas impossible.
Simenon est un très grand écrivain, même sans son "Maigret", qu'on se le dise.
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Vous allez détester l'infect personnage imaginé par Simenon, cette petite crapule de dix-neuf ans, tuant un homme, son premier homme, et pour qui la chose n'est rien d'autre qu'un dépucelage !
Vous haïrez carrément cette ordure vivant comme un pacha, chez sa mère, à ne rien y faire d'autre que traîner sa flemme, manger, dormir et tripoter les filles qui besognent dans le bordel que tient sa génitrice.
En outre, ce Frank, totalement dénué d'humanité vole, viole et pervertit tout ce qui l'entoure !

Mais vous aimerez le talent que Simenon déploie tout au long de ce roman noir, très noir.
Il installe son intrigue dans une ville et un pays indéterminés, encore en guerre ou pas, on l'ignore, mais sous la botte de l'occupant, et où les habitants vivent humblement dans l'indigence la plus totale, sauf les profiteurs dont Frank fait partie, bien sûr.
Il y crée une ambiance vraiment glauque avec toujours la même économie de moyens, mais avec une précision telle qu'en quelques mots on imagine très exactement ce qu'il veut évoquer.
Il en va de même pour les personnages dont il réussit, en traits stupéfiants de brièveté, à restituer la vérité.
Jugez plutôt : "Quelqu'un l'avait comparé à un jeune taureau qui ne trouve pas à se satisfaire. C'est en tout cas à quelque chose de sexuel que son visage épais et luisant, ses yeux humides, ses lèvres gonflées faisaient penser." Voilà, c'est tout, point n'est besoin d'en ajouter, cela suffit pour camper le bonhomme !

Et le tout est à l'avenant.
Simenon réussit à maintenir le lecteur en haleine, en l'entraînant dans les tréfonds de la turpitude humaine, à le dégoûter de l'humanité, mais le séduire, voire le fasciner par le brio étourdissant avec lequel il sonde l'âme crapuleuse de ce déchet nommé Frank Friedmaieer.

Oui, la neige est vraiment sale, très sale et Simenon un très grand écrivain.
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J'avais envie de découvrir simenon dans un autre roman qu'une aventure de Maigret et La neige était sale m'a déçu.
Si l'ambiance est très bien décrite : la guerre, l'occupation, la prostitution et les bordels, le roman lui ne me lassera pas un grand souvenir.
Il est très difficile de rentrer dans ce roman et encore plus de s'attacher aux personnages.
A l'avenir je serai fidèle à Maigret qui est pour moi, une valeur sur......
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J'ai eu le plaisir de découvrir cet ouvrage via la version théâtre radiophonique réécrite avec Frédéric Dard. C'est très soigné, savoureusement patiné par le son, les voix, mais très réussi. L'intrigue est simple et pourtant essentielle. Il s'agit de celle de la violence gratuite. Un "fils de putain" se met à tuer sans raison alors qu'il a tout ce qu'il désire. le "bordel" est en foufelles, sa petite amie manipulée, personne n'en réchappe. La féminité est réduite à l'état d'objet, en toute décomplexion, c'est naturel, c'est comme ça. Elles sont là pour le plaisir des hommes et pour protéger le fils réel ou indirect (la nourrice). Tentant le diable, Franck se jette dans la gueule du loup. S'ensuit une partie dédiée aux interrogatoires. Purement dialoguée, cette partie apporte une hauteur presque philosophique au propos. Les pistes se perdent, se dispersent alors que chacun sait ce qu'il a fait, mais il faut des preuves ou des aveux. Il finit par avouer dans une voix concise et précise et ce sera son dernier mot. Pas le mien en ce qui concerne Simenon et cette collection "Radio Théâtre".
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critiques presse (3)
BDGest
15 mars 2024
Nouveau tour de force de la collection «Simenon», La neige était sale est une lecture, certes sombre et lourde, mais ô combien profonde et provocatrice. Cette version BD, superbement réalisée et totalement fidèle au roman d’origine, permettra certainement à une nouvelle génération d’accéder à un texte majeur du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : BDGest
LeSoir
12 février 2024
Deux maîtres du roman graphique, Bernard Yslaire et Jean-Luc Fromental, explorent la frontière entre amoralité et immoralité dans « La neige était sale », le roman où Georges Simenon signait, en 1948, « le plus grand crime du monde ».
Lire la critique sur le site : LeSoir
LigneClaire
29 janvier 2024
Aux commandes de ces mises en images de textes d’une rare qualité Jean-Luc Fromental, Bernard Yslaire au dessin [...] ce n’était pas une adaptation simple et le duo sur un dessin puissant d’Yslaire l’a bien réussie.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Regarde, Franck, le couteau que mon ami vient de me donner.
Et le couteau, comme un bijou qui gagne à sortir d'un riche écrin, n'en avait que plus de prestige d'être extrait de la chaude pelisse et d'être exhibé sur la nappe à carreaux de la table.
- Tâte le fil.
- Oui
- Tu peux lire la marque ?
C'était un couteau fabriqué en Suède, un couteau à cran d'arrêt, si pur de ligne, si "allant", qu'on avait l'impression que la lame devait avoir son intelligence propre et chercher son chemin dans les chairs.
Pourquoi Franck avait-il prononcé, honteux du ton enfantin qu'il adoptait sans le vouloir :
- Prête le moi.
- Pour quoi faire ?
- Pour rien.
- Ces joujoux-là ne sont pas nés pour ne rien faire.
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Tout cela commence à former un chaos gris, incohérent, monotone. Les heures vont s'ajouter aux heures. Ce sont certainement les plus longues qu'il ait vécues. Au point qu'il a parfois envie de crier en regardant le réveil où il retrouve les aiguilles à la même place.
De l'ensemble de ces heures-là, pourtant, il ne restera rien, que quelques brindilles, quelques résidus qui émergent comme d'un tas de cendre dans le foyer.
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....des hommes qu'on vient chercher dans la classe d'à côté, à la pointe du jour, pour les fusiller. Le plus impressionnant, en somme, c'est le moment de la journée qu'on choisit pour ça, c'est que les prisonniers, mal réveillés, sont hagards, pas lavés, pas rasés, sans une tasse de café dans l'estomac, et que le froid les pousse, sans exception, à relever le col de leur veston. Pourquoi ne leur laisse-t-on pas endosser leur pardessus ? Mystère. Ce n'est pas à cause de la valeur du vêtement. Et le tissu, si épais soit-il, n'empêche pas les balles de passer. Peut être est-ce justement pour que ce soit plus sinistre ? Est-ce que Franck relèverait le col de on veston ? C'est possible.
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C'est drôle. Il a passé la plus grande partie de sa vie -ô combien la plus grande ! - à haïr le destin, d'une haine quasi personnelle, au point de le chercher dans les coins pour le défier, pour s'empoigner avec lui.
Et voilà que tout à coup, quand il n'y pense plus, le destin lui fait un cadeau.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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