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EAN : 9782070366644
Flammarion (31/12/1998)
3.85/5   164 notes
Résumé :
N'ayant trouvé d'autre consolation que le vin depuis que sa femme l'a quitté, l'avocat Hector Loursat a cessé de plaider. Il vit à Moulins, dans une grande maison aux trois quarts inhabitée, avec sa fille Nicole qu'il n'aime pas. Un soir, tout son univers bascule : il découvre un inconnu qui vient d'être assassiné. C'est la révélation de toute la vie secrète de Nicole... Sortant de son mutisme, Loursat accepte de plaider.

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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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- Les inconnus dans la maison - appartient à ces cent dix-sept ouvrages ( vérifiez le nombre que je cite de mémoire ) que Simenon qualifiait de "romans durs", de roman-roman.
Une des difficultés lorsqu'on lit un de ces romans précisément, c'est de trouver la bonne distance entre son imaginaire de lecteur et ses souvenirs de cinéphile.
Ainsi lorsque vous lisez - le chat -, vous voyez et vous entendez Gabin.
Pour "Les inconnus...", c'est Raimu qui s'invite.
Deux pointures qui résistent à vos efforts d'imposer votre Loursat ( c'est le nom du personnage central ) à vous, et pas celui du tandem Clouzot-Decoin.
Vous, enfin moi, j'aurais bien vu un Orson Welles ou même un Pierre Brasseur.
Bon, ce fut Raimu, et Jules fut grandiose... comme toujours.
Nous sommes à Moulins, petite ville de province, dans l'Entre-deux-guerres.
Une époque où la société est scindée entre ce qu'on appelle aujourd'hui "la France d'en haut" et celle "d'en bas", mais où les différences et les préjugés de classe sont nettement plus marqués qu'aujourd'hui.
C'est là que vit en autarcie un vieil ours alcoolique dans sa tanière ; un bureau poussiéreux empli de milliers de bouquins, près d'un poêle, son tabac et son bourgogne toujours à portée de main.
C'est là qu'il "s'engourdit", sans jamais être saoul.
C'est là qu'il s'empâte pour tenir à distance le fantôme de sa femme qui l'a quitté voilà dix-huit ans en lui laissant une petite fille de deux ans, une fille qu'il n'a jamais aimée... parce que étant vraisemblablement la fille de "l'autre".
Loursat fut un as du barreau, un avocat qui ne plaide plus que très rarement.
C'est un notable, un "héritier" qui, s'il en a le statut, n'en a pas pour étant épousé les règles.
Loursat est un misanthrope totalement anticonformiste, un libertaire... presque un anarchiste.
Il côtoie plus qu'il ne vit avec sa fille Nicole, laquelle a été élevée par Fine, surnommée "la naine", qui le déteste.
Il méconnaît cette fille qu'il trouve médiocre, fade, docile, sans envergure et indigne de tout intérêt.
Jusqu'à cette nuit où retentit dans la maison un coup de feu et où il découvre dans une des nombreuses chambres qu'il croyait inoccupées de sa maison, le cadavre d'un dénommé Gros Louis.
D'où venait cet hôte ignoré ?
Qui est réellement sa fille qui invitait tous les soirs à son insu dans la propriété une bande de jeunes jusqu'à pas d'heures ?
Une bande hétéroclite, marginale, délinquante, au sein de laquelle figurait Émile l'amant de sa fille.
De jeunes rebelles, dont beaucoup sont des fils de famille, mus par le rejet d'un monde qui ne vit que d'apparences et de mensonges.
Mais au sein de la bande sévissent des rivalités nées d'autres berceaux que ceux créés par la naissance.
Ce crime et la découverte qu'il existe dans cette ville endormie, engourdie sous le poids des conventions, des convenances, de la naissance, un autre monde, une autre vie avec d'autres règles, d'autres codes, vont faire sortir le temps d'un procès aux Assises, Maître Loursat qui va être le défenseur d'Émile, accusé du crime de Gros Louis.
Quelques mois qui vont redonner au vieil ours le goût de la vie, et qui dit vie dit lutte.
Quelques mois durant lesquels le libertaire va faire trembler les notables sur leurs certitudes, et faire connaissance avec sa fille.
Plus qu'une enquête criminelle, Simenon nous offre une histoire où son goût et sa connaissance du "sociologique" peuvent s'en donner à coeur joie.
L'atmosphère Simonienne est au rendez-vous.
Le livre est prenant, pesant.
Pesant le poids du "phoque" Loursat, de l'alcoolisme, de ces notables que chantait Brel, de ces apparences, de ces trahisons, de son hypocrisie, le poids des injustices, du malheur, du déterminisme, de cette petite ville "où le ciel est gris et cerné d'une éternelle pluie, où dans la rue embrumée des ombres vont glissant parmi les flaques d'eau".
Pesant le poids de la vie tout simplement.
L'asocialité du gros ours qui va prendre le temps de déshiberner pour montrer ses griffes et grogner contre les freluquets "et les notaires des Trois Faisans"... mérite lecture.
Un bon Simenon.
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Que reste-t-il de Simenon quand on lui enlève Maigret, son enquêteur emblématique, réponse : un grand, un très grand écrivain. A quoi cela se voit : au style, rien qu'au style qui, libéré de la dictature du "Whodunit", peut s'attacher à peindre. Peindre la vie de province, la solitude de l'alcoolique, le malaise qui se construit au fil des années entre un père et une fille et les éloigne comme des étrangers. Toutes ces choses qui, ici, se passent à Moulins dans les années 40, mais qui pourraient bien se passer ailleurs et même aujourd'hui. Ce style qui fait naître en nous l'émotion et force l'admiration.
PS : Cela ne veut pas dire bien évidemment que les Maigret sont mal écrits...
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Georges Simenon, une valeur sûre... alors, naturellement ce roman a beaucoup de saveur et ne fait pas exception, même si le commissaire Maigret ne s'invite pas au fil des pages et dans l'intrigue. A la place, quelques policiers, des magistrats et surtout un avocat. Mais quel avocat, un homme qui flirte avec l'alcool (les bouteilles de Bourgogne), qui vit en ermite et qui est mis au ban de la bonne société d'une petite ville de province. Bonne société qui a d'ailleurs pas mal de travers et qui a engendrée des enfants faisant pencher la balance du côté de la voyoucratie... Un avocat négligé, renfermé, n'ayant pas d'amis sauf la compagnie des livres... un homme qui fut brillant, qui aurait pu continuer à l'être pendant toute sa carrière car il connaît son métier et sait plaider. Une affaire sordide qui fait toucher le fonds, et une fin très triste. Beaucoup de noirceur dans ce livre, de mépris aussi et des personnages dans l'ensemble plutôt antipathiques, entre ceux qui tiennent leur rang et se placent au dessus du lot, ceux qui aimeraient bien faire partie de l'élite, ceux qui sont déchus, ceux qui sont perdus car n'ayant jamais été du bon côté de la barrière.
Un livre que j'ai apprécié.
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Écouté en livre audio.

Je trouve que les Simenon valent davantage pour leur étude sociologique que véritablement pour l'enquête policière en elle-même. Ici, la société de province est passée au tamis judiciaire, décortiquée et détricotée. Il n'y a rien à dire sur son style, inimitable, limpide, frais, sans accrocs, athlétique et dynamique. En bref, après La Mort de Belle je me suis plus que régalé...


...plus que régalé, oui, car l'intérprétation qui en est faite sur la version audio (https://livre.fnac.com/a2510943/Georges-Simenon-Les-inconnus-dans-la-maison-cd) est juste magnifique et captivante, on ferme les yeux et on y est, en plein dedans, la kyrielle d'acteurs qui se succédent sont tous, absolument tous parfaits, en particulier Loursat, une voix tellement ethylique...et la mise en scène est aussi, et surtout, parfaite, ainsi les bruitages qui entrecoupent ou doublent les textes, et donnent un rythme extraordinaire.

Pour qui ne connait pas les livres audio, il peut se lancer avec celui-ci.

Un chef d'oeuvre.
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Ca , c'est vraiment un bon livre...une ambiance unique, de petite ville de province où il suffit de roder dans les bars mal famés ou dans les maisons bourgeoises pour que des histoires peu reluisantes émergent. Simenon décrivait cela avec talent à l'époque et à ce talent de raconter s'est rajouté une patine particulière des années....cela sent le vin aigrelet, la DS, les plats mijotés et les cafés enfumés....toute une époque!
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ses voisins, au fond du prétoire, ne le connaissaient pas. Peut-être sentaient-ils confusément qu'il appartenait à cette race d'hommes qu'on voit couchés dans les couloirs des trains de nuit, dans les gares, qu'on retrouve dans les commissariats attendant avec patience au bout des bancs ou essayant désespérément de s'expliquer en un langage impossible; de ceux qu'on fait descendre aux frontières, que les autorités malmènent et qui, peut-être à cause de cela, ont de beaux yeux émouvants de biche.
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- (...) Savez-vous ce que je me demande? Si vous ignoriez vraiment ce qui se passait!... Et à présent vous ne bronchez pas... Vous êtes avocat... Au Palais, on vous plaint, mais on vous respecte, malgré tout...
Elle avait dit "malgré tout"! Et qu'on le plaignait!
- J'ignore si Nicole tient de sa mère, mais...
- Marthe!
- Quoi!
- Viens ici...
- Pourquoi?
Pour la gifler! Il le fit, aussi étonné qu'elle de son geste. Il gronda :
- Tu as compris?
Alors qu'il ne l'avait jamais tutoyée, sinon quand ils étaient tout petits.
- Je ne m'occupe pas de ton mari, ni...
Il s'arrêta net. Il était temps. (...)
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Il avait l'habitude, vers trois heures, de se promener comme on promène un chien, avec l'air de se tenir lui-même en laisse, contournant exactement les mêmes pâtés de maisons.
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Loursat restait là, à sa place, épais, renfrogné, malade de cette haine qu'il venait de ramener à la surface en remuant le fond, des haines qui n'étaient même pas des haines d'hommes, mais des haines de jeunes gens, plus aiguës, plus douloureuses, plus féroces, à base d'humiliations et d'envies, de quelques francs d'argent de poche et de souliers troués!
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Il avait tout lu, tout digéré, il avait pensé, jour après jour, année après année, à tous les problèmes humains et il ne savait pas faire certains gestes, entrer dans une auberge, s'asseoir à une table.
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Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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