L'homme est comme harnaché; chaque désir est une fibre de la corde qui le lie.
Des hommes comme Gershon fraudaient, mais ils mangeaient le matzoth préparé suivant les rites les plus stricts. Ils calomniaient leur prochain, mais exigeaient de la viande doublement kascher. Ils jalousaient, combattaient, haïssaient leurs coreligonnaires, mais ils s'imposaient une deuxième paire de phylactères. Plutôt que de s'employer à persuader un Juif de manger du porc ou d'allumer du feu le jour du Sabbat, Satan faisant un travail plus facile et plus efficace en soutenant les péchés qui sont profondément enracinés dans la nature humaine.
En émergeant, telle la tête d’un nouveau-né, petit et rouge sang, apparut le soleil.
Des plumes volaient dans l'air, comme dans les abattoirs. Des coqs chantaient, des volailles gloussaient, des oies caquetaient. Sur un espace recouvert de mauvaises herbes, un corbeau picorait la carcasse d'un poulet. Jacob restait bouche bée. C'était là le monde qu'il devait bientôt quitter.
La lune brillait dans un ciel sans nuages. (...) Des pitons qui se dressaient au-dessus des bois ressemblaient à des cadavres dans leurs linceuls, à des bêtes dressées sur leurs pattes de derrière, à des monstres d'un autre monde. Dans le village, le silence était si profond que les oreilles de Jacob résonnaient comme si une infinité de grillons chantaient sous la neige.
Plus étrange encore était cependant l'attitude des Juifs qui, venant juste d'échapper à la plus grande calamité, se comportaient comme s'ils en avaient perdu le souvenir.
Comment les fils d'Adam, créés à l'image de Dieu, pouvaient- ils sombrer dans de pareils abîmes ?
La vérité ne peut pas être prouvée. Elle ne peut que se trouver ici. Thérésa Pilitka pointa son doigt sur son coeur.