Isaac Bashevis Singer, né Yitskhok-Hersh Zynger (יצחק באַשעװיס זינגער, en langue yiddish) est un écrivain juif polonais naturalisé américain, né le 21 novembre 1902 ou 1904 à Leoncin sur le territoire polonais sous l'occupation russe, disparu le 24 juillet 1991 à "Surfside" près de Miami, en Floride.
Durant sa jeunesse, le public connaîtra uniquement Isaac en tant que "frère de l'écrivain Joshua Singer". Le pseudonyme d'« Isaac Bashevis Singer », qu'il finit par adopter comme seul nom de plume, lui permet de se distinguer de celui de son frère « Israël Joshua Singer ». Son premier roman "La Corne du bélier" (en langue anglaise : "Satan in Goray"), paraît en 1932.
Si ses ouvrages de jeunesse ont été rédigés en hébreu, il fait vite le choix d'écrire en yiddish, sa langue maternelle. Le yiddish est essentiellement oral mais son travail d'écrivain, qui en fait un inventaire et en reprend les codes et les formules idiomatiques, le transforme en témoignage précieux et en document d'une grande richesse. Plus tard, il donne au quotidien yiddish "Jewish Daily Forward" et à diverses revues des romans édités en feuilletons et rassemblés postérieurement en volumes dans leur traduction anglaise.
Devant l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne et la montée du climat antisémite en Pologne, il quitte l'Europe pour les États-Unis en 1935 avec son aîné Joshua et l'épouse et le fils de celui-ci.
Les premières années de Singer aux États-Unis sont difficiles. Déraciné, il éprouve des difficultés à s'adapter au mode de vie américain. À New York, les parents juifs n'enseignent plus le yiddish. Mais Singer refuse de laisser mourir sa langue. "Le Messie pécheur", son premier roman publié en Amérique, est un échec. Singer vit grâce à son métier de correcteur au "Forward" tout en continuant à publier des nouvelles dans le même journal.
En 1943, Isaac Singer obtient la nationalité américaine et publie "La Famille Moskat". Il devient très productif : il aura publié dans le Forward 121 nouvelles dont les célèbres "Gimpel le naïf" et "La Brève journée du vendredi". Les années suivantes Singer publie des romans en feuilleton "L'Oncle d'Amérique" (1949-1951), "Les Ombres de l'Hudson" (1957), "Le bateau pour l'Amérique" (1958), "Le magicien de Lublin" (1958), "L'esclave" (1960), "Spinoza de la rue du marché" (1961) et plus tard, "Le manoir" (1966) et "Le domaine" (1969). Singer écrit exclusivement en yiddish. En 1953, Saul Bellow traduit en anglais Gimpel le naïf. La nouvelle connaît un énorme succès et touche un large public. Les œuvres de Singer sont traduites en anglais. C’est à partir de cette traduction qu’elles sont ensuite traduites dans les autres langues. Singer sait que la traduction ne met pas en valeur l'œuvre de l'écrivain. Aussi dès la Famille Moskat, il travaille avec les traducteurs. Il a surveillé chaque traduction de ses œuvres en anglais.
Durant sa carrière il publie dix-huit romans, quatorze livres pour enfants et plusieurs recueils de nouvelles. Son œuvre romanesque, extrêmement riche, puise sa matière dans la Pologne d'antan, l'histoire du peuple juif, le folklore ashkénaze, la mythologie hébraïque, l'exégèse biblique, les souvenirs d'enfance et, dans une moindre mesure, l'expérience américaine.
Isaac Bashevis Singer prolonge la tradition disparue des conteurs yiddishs. Ses récits mêlent indistinctement monde quotidien et merveilleux. L'auteur fait cohabiter la satire, dans l'observation des mœurs juives contemporaines, et le surnaturel à travers les fantômes, les démons et les esprits malins qui font de fréquentes apparitions dans ses fictions et jouent un rôle essentiel car ils permettent de ressusciter la culture hébraïque et d'imager les problèmes inhérents à la sexualité. Nombre de ses livres évoquent dans un mélange d'humour, de grotesque, de noirceur et de fantaisie narrative et verbale, la vie des Juifs polonais avant la Seconde Guerre mondiale.
Singer étend ensuite sa réflexion littéraire sur la notion de spiritualité et d'identité, faisant de l'individu juif un être en proie aux doutes, déchiré entre le respect de ses traditions et la volonté d'assouvir ses passions dans une société où il cherche à s'imposer sans jamais trouver sa place. Dans ses écrits tardifs, l'auteur outrepasse le cadre de sa communauté originelle pour évoquer les doutes et les névroses de l'homme dans le monde contemporain dont il rapproche la souffrance de celle des animaux. Dans les années 1970, Singer devient d'ailleurs un végétarien militant, et établit des liens entre le comportement humain envers le monde animal et celui des nazis durant le second conflit mondial.
Auteur de romans écrits essentiellement en yiddish, il reçoit le prix "Louis Lamed" à deux reprises, puis le "National Book Award" en 1970 pour un ouvrage de littérature d'enfance et de jeunesse, puis en 1974 (ex æquo avec Thomas Pynchon). Il reçoit également le prix Nobel de littérature en 1978 « pour son art de conteur enthousiaste qui prend racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises et ressuscite l'universalité de la condition humaine. »
[Sources : site de l'encyclopédie Larousse & extraits de l'article/auteur WIKIPEDIA : versions en langues française et anglaise]