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Citations sur Ombres sur l'Hudson (7)

Il faisait de plus en plus sombre dans la pièce. Seule une lointaine lueur pénétrait encore par la fenêtre. On entendait le sifflement de la vapeur dans les canalisations du radiateur, comme un petit air monotone mais persistant. La vérité, se dit le professeur Shrage, c'est qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre la vie et ce qu'on appelle la mort. Tout vit: les pavés dans la rue, la vapeur dans les tuyaux, les lunettes sur mon nez. C'est simplement une question de degré. La mort n'existe pas, voilà la réponse à toutes les questions sur la nature de l'existence, les fondations sur lesquelles tout être pensant doit bâtir ses inférences.
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Il [Grein] était un incroyant contraint, en période de trouble ou alors face à une injustice ou à quelque chose de honteux, de lever les yeux en direction du ciel et de faire appel à ce Dieu dont il niait l'existence. Et ceci parce que, chez les Juifs, Dieu était une maladie, une obsession. Pour un Juif, l'idée que Dieu était bon et juste devenait la quintessence de la vie. Qu'il le voulût ou non, un Juif avait sans arrêt des comptes à régler avec le Tout-Puissant : soit il le louait, soit il blasphémait son nom. Il l'aimait ou le haïssait. Mais il ne s'en libérait jamais. S'il souffrait de certains complexes, celui concernant Dieu était inéluctable. Un Juif ne pouvait y échapper, pas plus qu'à sa propre peau, à son sang, à sa moelle. Quand il s'imaginait être en train de fuir Dieu, il se contentait en réalité de tourner en rond comme un âne autour d'une noria ou une caravane perdue dans le désert. En fait, cela était vrai de toute l'humanité.
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Cela voulait-il dire qu'il y avait place dans la nature pour des éléments dépourvus de toute signification ? Alors peut-être que rien n'en avait.
Toujours couché, le professeur suppliait qu'on lui envoyât une signe, une petite lumière, la révélation qu'au-delà de la matière il existait quelque chose, mais rien ne venait, que de la souffrance physique et des rêves creux. Quel choc se serait de constater que les matérialistes avaient raison ! Enfin, heureusement, la fin approchait. S'il n'y avait rien dans l'autre monde, tant pis. Au moins dans sa tombe, on serait tranquille. Mais comment était-il possible que rien n'existât au-delà de notre monde à nous ? Pouvait-on concevoir le cosmos comme résultant d'un pur hasard ? Ou imaginer sourdes et aveugles les puissances qui avaient fait exister Platon, Newton ou Pascal ? Si une peu de terre donnait vie à un rosier, si le ventre d'une femme portant un Dostoïevski, comment des millions, des milliards de mondes pouvaient-ils n'être faits que de matière inerte ? En tout cas, une chose était possible : que les êtres humains fussent aussi limités à l'avenir qu'ils l'étaient autrefois. Ils avaient tous un corps minuscule et une âme microscopique - le corps destiné à pourrir et l'âme à éclater comme une bulle de savon. (pp877-878)
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Tes livres sacrés parlent sans arrêt du libre arbitre. Moi je te dis qu'un être humain dispose du libre arbitre autant qu'une mite ou une pierre. Je prends des résolutions solennelles. Je jure par tout ce qu'il y a de sacré. Et aussitôt après, je renie tout. Nous sommes des machines, Borukh, des automates aveugles.
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Tout m'ennuie. Récemment j'ai lu tout ce que je pouvais trouver sur l'atome. Que peut-il y avoir de plus terrifiant qu'un fragment de matière toujours en mouvement ? Des millions d'années s'écoulent et les électrons continuent à tourner autour des protons. Tel que nous le concevions autrefois, l'atome s'arrêtait de bouger. Celui qu'on observe aujourd'hui gesticule dans tous les sens comme frappé de folie, il se tortille et tournoie sans fin. Peut-être est-ce le symbole ultime de l'homme d'aujourd'hui.
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Et qu'est-ce qu'il y a à voir au cinéma ? Des gangsters, encore et toujours. Dans les films russes, on nous montre indéfiniment des tracteurs et dans les nôtres, des gangsters. C'est parce que, de chaque côté, on ne montre que ce qu'on a en plus petite quantité. Si les Russes présentaient tous leurs gangsters et nous tous nos tracteurs, les films ne finiraient jamais.
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La voiture tanguait d'un côté de la chaussée à l'autre, comme si elle sentait l'agitation de celui qui la conduisait. Grein vivait en Amérique depuis vingt ans et pourtant il gardait l'étonnement du nouvel immigrant et la curiosité du touriste. Tout lui paraissait extraordinaire : les eaux de l'Hudson clapotant contre les piliers des jetées, la silhouette contre le ciel des usines du New Jersey,les lumières de ces mêmes usines allumées toute la nuit, les bruits mystérieux qui en provenaient, les enseignes au néon, et surtout les antennes de la radio... Il avait du mal à comprendre comment de ces squelettes de fer et d'acier, de ces ondes dont personne ne savait trop la véritable nature, pouvaient jaillir des chansons stupides, des bavardages ineptes et des publicités sans le moindre intérêt.
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