Je pense que ce n'est un secret pour personne : j'adore
Jane Austen. Il s'agit d'une de mes autrices de classiques préférées, et ce depuis longtemps. Il est tout naturel alors que son oeuvre soit régulièrement mise à l'honneur sur le blog. Et j'aime aussi beaucoup découvrir les ré-écritures de ses ouvrages, car j'aime voir comment une même oeuvre peut être explorée par des films, séries ou livres. Pour ce qui est de Pride & Prejudice, il y a du très bon (The Lizzie Bennet Diairies, par exemple, une web série très chouette disponible sur YouTube et que je vous recommande de voir sans attendre) et du moins bon (je ne vais pas revenir sur Pride & Prejudice & Zombies, je pense que vous avez compris l'idée). Quand j'ai eu l'occasion de découvrir
Un bon parti, j'étais très intriguée par cet ouvrage, me demandant comment
Curtis Sittenfeld avait pu innover sur ce roman. Voici ce que j'en ai pensé.
Pour résumer simplement mes impressions sur
Un bon parti, elles sont dans l'ensemble plutôt bonnes, mais avec tout de même quelques points qui me laissent mitigée. S'il y a des choses que j'ai bien aimées, il y en a également qui me laissent assez dubitative. Je vais donc tenter de vous expliquer tout cela de façon aussi claire que possible, en commençant par l'intrigue.
Ma première interrogation, en ce qui concernait l'intrigue, avant de commencer
Un bon parti était de savoir si on allait bel et bien retrouver l'univers de
Jane Austen. Si on se focalise sur l'histoire, effectivement, on la retrouve bien dans les grandes lignes. La famille Bennet, les problèmes financiers des parents, l'histoire d'amour entre Jane et Bingley, celle d'Elizabeth et de Darcy, ainsi que d'autres importants jalons de l'intrigue répondent présents. A ce niveau-là, je n'ai rien à redire : les quelques changements (et je ne parle ici de ce qu'elle a fait en terme de modernisation) opérés par Curtis Sittenfield sont plutôt mineurs et ne changent rien par rapport à ce qu'on connait de
Jane Austen.
L'intrigue a un côté très divertissant avec un univers qui se veut entre Sex & the City et
Bridget Jones (en tout cas, c'est comme ça que je l'ai ressenti) dans l'humour et les univers dans lesquels évoluent les personnages. Il y a pas mal d'action, de retournements de situation, ce qui contribue à ce côté divertissant. Cependant, je tiens tout de même à noter que j'ai trouvé que le livre souffrait de nombreuses longueurs qui font un peu patiner le déroulement de l'intrigue. Certains passages (qui concernent surtout des intrigues secondaires, comme le grand nettoyage opéré par Lizzie dans la maison de ses parents ou la téléréalité) paraissent un peu interminables, si bien qu'on a hâte de passer à autre chose. C'est un peu dommage.
Quand on lit une réécriture, on espère et on s'attend également à retrouver les personnages qu'on affectionne dans l'oeuvre originale. C'est ici globalement le cas, si ce n'est que les traits des personnages ont été pas mal forcis : Lizzie ne jure que par son statut de journaliste, Jane est à fond dans la méditation, et la pauvre Mary, douce et calme dans l'oeuvre originale, apparait ici comme une asociale qui ne jure que par ses diplômes. Mme Bennet est encore pire que dans le livre de
Jane Austen. D'un côté, tout cela contribue à donner parfois un peu plus de comique à l'intrigue. Mais de l'autre, je trouve parfois que certains personnages sont ou dénaturés ou trop peu crédibles. Je suis donc assez mitigée par le résultat final. J'ai plutôt bien aimé Jane ainsi que Mr. Bennet. En revanche, j'ai trouvé que Darcy manquait beaucoup de charisme.
J'aimerais à présent me concentrer sur la partie modernisation de l'univers de
Jane Austen. Clairement, de ce côté, il y a plutôt du bon et du moins bon. Dans le positif, j'ai trouvé par exemple très cohérent de vieillir les héroïnes et d'adapter leurs centres d'intérêt au monde actuel. Que Jane fasse du yoga est une bonne idée selon moi, tout comme le fait qu'elle et sa soeur arrivent à la quarantaine. L'idée de mettre de la téléréalité avec une version fictionnelle du Bachelor n'est pas mauvaise non plus, c'est assez rigolo même si ça lasse un peu sur la fin. J'ai été plutôt séduite par ces aspects-là. En revanche,
Curtis Sittenfeld a également fait le choix d'aborder des sujets sérieux d'une manière malheureusement un peu bancale. Je pense principalement au fait que l'un des personnages soit trans, ou que deux personnages secondaires soient lesbiennes, ou encore à la question des couples mixtes : ce sont des sujets importants et si d'un côté j'ai trouvé ça bien d'en parler et d'incorporer ces éléments à l'intrigue, le fait que ces personnages soient surtout vus au travers du regard homophobe/transphobe/raciste de Mrs Bennet me fait me poser des questions sur le message que
Curtis Sittenfeld a essayé de transmettre… C'est très maladroit.
Pour conclure,
Un bon parti est un roman que j'ai trouvé dans l'ensemble sympathique et divertissant. Il ne s'agit pas d'une mauvaise réécriture de Pride & Prejudice et il y a des éléments très plaisants dans cette oeuvre, mais quelques petits bémols sont pour moi à noter. Je vous encourage à lire le livre pour vous faire votre propre avis!
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