L’opinion populaire de Wallace était celle d’un écrivain calmement cérébral qui craignait le lien émotionnel de la fiction. Mais ce n'est pas de cela qu'il avait peur. Ses histoires racontent l’inverse : ils sont terrifiés à l’idée de l’absence de lien émotionnel
Wallace considérait l'ennui comme une attitude postmoderne mortelle, une volonté de se soustraire à l'expérience de la part d'une peuple qui est désormais habitué à une réalité négociée.
J'avais un professeur que j'aimais bien, qui avait l'habitude de dire que la bonne fiction devait réconforter ceux qui sont dérangés et déranger ceux qui sont confortables.
[David Foster Wallace cité par Zadie Smith]
(comment présenter aux classes moyennes l'histoire d'un prolétaire sans l'édulcorer? Comment rester en colère sans laisser votre rage déformer votre propos? Comment être drôle sur les choses les plus sérieuse?).
(...) je me réjouis de ne plus être la lectrice que j'étais à la fac, et je vais vous dire pourquoi: on se sent bien seule. A l'époque je voulais déboulonner la figure de l'auteur tout en abolissant l'idée d'une lecteur privilégié: le texte devait être libre, débridé, ouvert à tous, n'appartenant à aucun, se refusant à toute signification définitive. Sentiment puissant mais qui, en jetant aux orties l'idée même de tout échange ou lien éventuel entre écrivain et lecteur, vous isolait diablement des autres.