AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 88 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
12 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« La veuve de van Gogh » est un roman que je qualifierais de documentaire. Un roman qui va au-delà du divertissement, il nous apporte beaucoup . Camillo Sanchez met au centre de ce roman Johanna Bonger , la femme de Théo, frère de Vincent van Gogh qui est peu connue et qui pourtant mérite amplement de sortir de l'ombre.
Johanna écrit dans son journal intime comment Théo sombre dans une grande dépression après le suicide de son frère. Sa grande détresse finira pas un internement et la mort de celui-ci six mois après celle de Vincent.
Johanna saura dépasser son amertume devant le constat que Vincent a été le grand amour de Théo "Le véritable amour de Théo dans sa vie a été Van Gogh. Ni mon fils ni moi n'avons réussi à changer son destin." et va tout faire pour que l'oeuvre de son beau-frère soit exposée et appréciée comme il se doit.
Elle achète donc la villa Helma en Hollande et va ainsi permettre au génie de Vincent van Gogh d'être visible.
Merci à Camillo Sanchez de m'avoir fait connaître Johanna Bonger et de nous avoir fait partager des extraits de son journal intime ainsi que des écrits de van gogh et au-delà de ce livre, merci à Johanna d'avoir contribué à faire connaître l'oeuvre de ce génie.
Commenter  J’apprécie          392
La lecture de ce livre m'a été suggérée lors de la visite au musée van Gogh d'Amsterdam où j'ai pu découvrir Johanna Bonger, épouse de Théo. J'ignorais l'importance et l'influence qu'elle a pu avoir sur la postérité de l'oeuvre de son beau frère Vincent.

Car c'est bien grâce à elle que les oeuvres ont été protegées, longuement répertoriées, datées, et lieux d'exécution identifiés. On n'imagine pas la somme de recherches et de travail titanesque qu'elle a entrepris. Et tout cela dès l'affligeante année 1890 ou elle perd son beau frère et six mois plus tard son époux Théo.

On lui doit un hommage indicible pour nous avoir accordé de découvrir et admirer toute la lumière des toiles de van Gogh aujourd'hui, elle, sans qui tout aurait été éparpillé, perdu et soustrait à notre regard émerveillé et sans cesse renouvelé.

Perdu pas pour tout le monde parce que le docteur Gachet s'est bien servi au passage lors du décès de Vincent en tableaux et en dessins. Toutefois les dons successifs de ses héritiers ont permis aux musées d'acquérir de nombreuses oeuvres de Vincent.

Par ailleurs j'ai pu lire dans un commentaire
" Van Gogh souffrait d'une déficience mentale"... le terme est inapproprié !

Que je sache les maniaco-dépressifs (on dit bipolaires aujourd'hui) ne sont pas déficients mentaux, mais dépressifs et pris de bouffées délirantes. L'abus d'alcool et autres substances ont certes aggravé sa santé mentale. Et enfin,..."Le docteur Gachet l'a envoyé en cure pour quelques mois à Auvers-sur-Oise." .... Alors que c'est Vincent qui se rend à Auvers sur recommandation de Théo, qui connaît le Docteur Gachet habitant dans ce village.
On est loin de l'idée de cure...

Et à part la découverte de l'homéopathie ce médecin n'a pas laissé un brillant souvenir sur les aptitudes de sa pratique médicale.
Plus préoccupé à peindre lui même et fréquenter les meilleurs artistes de l'époque.

Et mon côté chafouin m'encourage encore à lancer la flèche du Parthe contre Durand Ruel, marchand d'art qui a soutenu sans férir les impressionnistes, dont j'ai découvert, car je l'ignorais, qu'il a boudé les oeuvres de Vincent avec un certain mépris, lors de plusieurs visites organisées par Théo.

Et bien mal lui en a pris, lui qui a souvent traversé des déconvenues financières, il a bien eu tort. Mais il paraît qu'il s'est tout autant interdit, Cézanne, Matisse, et Gauguin. Il a fallu attendre Antoine Vollard qui les révéla.


Commenter  J’apprécie          249
Livre sensible qui rend un hommage mérité à une femme amoureuse, courageuse, obstinée.
Par amour pour les deux hommes de sa vie, Théo et Vincent, par amour de l'art , elle a oeuvré à ce que le talent de Vincent van Gogh soit reconnu. Nous découvrons une jeune femme fidèle à ses promesses par delà l'absence, en avance sur son temps, faisant fi des critiques et de son propre découragement parfois. Alors qu'elle aurait pu se replier sur sa douleur après avoir perdu les deux êtres qui lui étaient chers, elle a choisi la vie, farouchement désireuse de mettre fin à la malédiction qui planait dans la famille Van Gogh et de donner à son fils, prénommé Vincent, lui aussi, une vie plus joyeuse.
Beau portrait d'une femme injustement méconnue.
Commenter  J’apprécie          244
Je viens de passer un trop court mais délicieux moment en compagnie d'une femme que j'ignorais jusqu'alors devoir remercier car sans elle, peut-être que mon plus fort émoi artistique n'aurait jamais eu lieu. Qui sait ce que Johanna van Gogh-Bonger, femme de Théo et belle-soeur de Vincent a accompli pour la sauvegarde puis la connaissance de l'oeuvre d'un peintre que certains voulaient détruire à sa mort ? Avec ce roman sobre mais lumineux, Camilo Sanchez offre à Johanna la lumière qui lui revient si justement et au lecteur, quelques éclairages bienvenus sur une relation posthume hors du commun et captivante.

Car Vincent et Johanna ne se sont vus en tout et pour tout que quatre jours alors qu'elle était mariée à Théo depuis près de deux ans et venait de mettre au monde leur fils qui sera baptisé Vincent. La santé mentale de Vincent, ses internements et son urgence à peindre l'ont maintenu longtemps à Saint Rémy puis Auvers sur Oise. Johanna était donc spectatrice de la relation passionnelle et tumultueuse qui agitait les deux frères et ce n'est qu'après la mort de Vincent suivi de peu par l'internement de Théo, anéanti par le décès de son frère qu'elle entreprendra la lecture de leur correspondance. Plus de 650 lettres dont on connaît à présent le contenu grâce à elle et au travail d'édition qu'elle finira par mener patiemment. Mais nous n'en sommes pas là.

"Pendant qu'elle lit, elle est prise dans un jeu de miroirs. Celui qui écrit ne l'intéresse pas autant que son destinataire. Elle traque, en quelque sorte, le lecteur des lettres, pas celui qui les envoie. Ce n'est pas Van Gogh qu'elle cherche en elles. Elle cherche à comprendre qui était son mari."

A la mort de Théo, à peine six mois après le décès de Vincent, elle retourne s'installer chez ses parents avec son fils, toujours plongée dans les lettres de van Gogh qui désormais lui livrent aussi les clés de sa peinture. La sensibilité littéraire et artistique de Johanna trouve ici un terrain captivant et lui permet de saisir la réalité du poète derrière le peintre. Des sensations qu'elle retranscrit jour après jour dans les cahiers de son journal intime, aux côtés des progrès du petit Vincent et de son cheminement personnel, celui d'une femme qui aspire à l'émancipation et à l'autonomie. Une autonomie qui s'esquisse lorsqu'elle convainc son père de l'aider à acquérir une maison de famille où elle tiendra pension, et dont elle décore les murs des toiles et dessins de van Gogh. Vous imaginez ? La Nuit étoilée, les Tournesols, Les Iris, les paysages d'Arles et toutes ces merveilles sur les murs d'une même maison ! le rêve ! Pour Johanna, c'est une façon d'observer les réactions des visiteurs qui sont souvent des individus habitués à parcourir le monde, ouverts à la nouveauté. Plus tard elle convaincra quelques galeristes de monter des petites expositions, puis de plus importantes...

Cette femme a donc résisté aux pressions des intégristes qui voulaient brûler les toiles "du fou", passé outre les critiques acerbes et les rebuffades des marchands d'art, fait fi de l'inintérêt de sa belle-famille pour l'oeuvre du peintre. Elle s'est montrée bien plus fine et perspicace que les soi-disant experts et a pris le temps de comprendre Van Gogh et sa peinture au point de la ressentir elle-même, déclinant même les explications du peintre sur le contraste des couleurs à l'exploitation de sa vaisselle pour une meilleure mise en valeur des plats.

"Je commets peut-être une infidélité mais je vais moi aussi publier ses lettres à Théo. J'y pense depuis longtemps. Dès que j'aurai la possibilité de présenter une grande exposition je joindrai certaines lettres aux toiles et aux dessins. Leur corps théorique. Pour que l'on comprenne que chez Van Gogh chaque coup de pinceau reposait sur un langage."

On sent chez l'auteur toute l'admiration et peut-être plus qu'il porte à cette femme guidée par la curiosité intellectuelle bien plus que par la quête de richesse ou même de reconnaissance. Il nous livre ici un roman hommage, presque une déclaration d'amour à cette passeuse engagée et déterminée sans laquelle le monde de l'art aurait peut-être ignoré ou perdu l'un de ses joyaux. Respect !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          120
Encore un livre lu grâce à Babelio ! Qu'est-ce que je ferai sans ce site ! Et merci à thisou08 dont la critique m'a donné envie de lire ce texte.
Un beau roman qui se veut biographie de la veuve de Théo van Gogh, présentée comme celle qui a fait découvrir l'oeuvre de Vincent, son beau-frère, au monde.
Un court texte (un peu trop court peut-être). Une jolie atmosphère hollandaise (décrite par un Argentin !!!).
En fait les quelques extraits des lettres de Vincent à Théo m'ont donné envie d'en lire davantage.... et de retourner au musée van Gogh d'Amsterdam (une pépite !).
Commenter  J’apprécie          112
Comme beaucoup, j'aime la peinture de Van Gogh. Mais je ne connaissais pas l'épisode révélé dans cet intéressant petit livre, à savoir le rôle joué par la belle-soeur de Van Gogh dans le passage à la postérité de son oeuvre.

En 1891, Johanna Van Gogh traverse une période compliquée : son mari n'a survécu que quelques mois à la mort de son frère ; elle doit protéger son jeune fils ; elle doit reconstruire sa vie et retrouver son indépendance. Et pourtant, elle travaille sans relâche à faire connaître l'oeuvre de Van Gogh dont elle admire l'originalité et les couleurs si vivantes. Bien que sa relation au peintre ait été complexe (il y avait peu de place pour elle dans le lien intense qu'entretenait les deux frères), c'est sans amertume, avec détermination, courage et abnégation qu'elle oeuvre pour faire publier les lettres de Van Gogh et pour organiser les premières expositions de sa peinture. C'est un beau portrait et un hommage à cette femme énergique, complexe et lucide que nous propose l'auteur.

J'ai trouvé que le genre (l'alternance entre journal et récit) avait son intérêt mais trouvait aussi ses limites ici. Par la répétition du procédé et les événements qui tournent un peu en rond et ne font pas vraiment avancer l'histoire, l'ennui commençait à pointer son nez. Pour moi, le livre ne pouvait pas être plus long. Je pense qu'il ne fallait pas en raconter plus ici et que d'ailleurs le but était atteint : montrer l'amorce de ce travail qui a permis la reconnaissance de l'oeuvre de Van Gogh, ce moment charnière qui a changé l'histoire. Et bien sûr, redonner une voix et sa juste place à Johanna Van Gogh dans l'histoire de cette famille et dans l'histoire de la peinture.

Commenter  J’apprécie          50
Après avoir dévoré deux titres passionnants sur les derniers mois de la vie de Vincent van Gogh (La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia et surtout Vincent qu'on assassine de Marianne Jaéglé ) la lecture de ce nouveau roman s'imposait à moi. Camilo Sanchez, un auteur argentin, y relate les mois qui ont suivi la mort de Vincent et la façon dont Johanna van Gogh a fait connaitre l'oeuvre de son beau-frère.
Johanna van Gogh, la femme de Théo, tenait un journal intime, elle y a fixé les moments importants de sa vie. Ce journal a constitué un précieux matériau pour l'auteur qui entrecoupe son récit d'extraits des écrits de la jeune femme.

La mort de Vincent marque le début de la chute de Théo tellement les deux frères étaient liés. Théo reste replié dans son deuil dans son appartement de Montmartre, entouré des cinq cent tableaux réalisés par son frère. Il veut monter une exposition consacrée à Vincent et réaliser une biographie de Vincent, il relit et classe les lettres que lui a envoyées son frère, passe ses journées au lit, ne va plus travailler à la galerie et culpabilise terriblement de ne pas avoir pu le sauver.

Johanna, l'épouse de Théo, une jeune femme de 28 ans, n'a rencontré son beau-frère qu'à une seule occasion deux mois plus tôt, ils ont passé seulement quatre jours ensemble. C'est une femme cultivée qui a suivi des cours de littérature anglaise et qui a accouché d'un petit garçon, prénommé Vincent quelques mois plus tôt. Un prénom à la triste histoire car Vincent van Gogh avait hérité du prénom de son frère mort un an jour pour jour avant sa naissance "Il a grandi en déposant des fleurs sur une tombe où il lisait son nom et la date de son anniversaire"

La maladie rattrape vite Théo. Atteint de la syphilis, il sombre dans la démence et meurt six mois après son frère ainé en Hollande où Johanna a trouvé refuge auprès de sa famille. Théo ne pouvait pas survivre à son frère tellement la relation qui les unissait était forte, c'était une sorte d'amour inconditionnel, un lien malsain. Van Gogh a fait des crises psychiatriques à chaque nouvelle étape de la vie de Théo, lors de ses fiançailles, lors de l'annonce de la grossesse de Johanna et à la naissance du petit Vincent, il vivait ces étapes comme un abandon accentué par la crainte de perdre la rente mensuelle que lui versait Théo.

Veuve à moins de trente avec un fils de tout juste un an, Johanna va dans un premier temps se plonger dans la correspondance entre les deux frères. En effet Théo possédait 651 lettres de Vincent qu'il n'avait jamais fait lire à son épouse, datées de 1873 à 1890, Van Gogh avait la dernière sur lui le jour de sa mort. Johanna y découvre la condescendance de Vincent envers Théo qui s'est pourtant sacrifié pour lui mais surtout, en élaguant un peu le contenu des lettres des considérations matérielles, elle en fait ressortir une valeur poétique qui l'enthousiasme "Van Gogh écrit comme il peint" et peu à peu s'immerge dans la peinture de son beau-frère et en découvre les clés de compréhension.

Johanna est une femme déterminée qui doit faire face aux critiques, au désintérêt de sa belle-famille et à l'incompréhension de son père qui ferait bien du bois de chauffage des toiles de Vincent et qui doit résister à des fanatiques qui viennent lui rendre visite pour brûler les tableaux du peintre aussi bien à Paris juste après sa mort qu'en Hollande "des religieux qui voient les signes du démon dans ces toiles", selon eux les toiles porteraient malheur à cause du suicide de Vincent et de la mort de son frère... Rappelons que de son vivant Van Gogh n'a vendu que deux tableaux à Bruxelles et n'a eu que deux critiques élogieuses dans la presse.

Johanna a alors une idée fabuleuse pour faire connaitre l'oeuvre de van Gogh : elle ouvre une pension de famille à Bussum près d'Amsterdam, la Villa Helma dont elle orne les murs d'environ 300 toiles de van Gogh. Parallèlement elle accomplit un immense travail d'édition des lettres qu'elle traduit et a l'idée de joindre certaines lettres aux toiles et aux dessins "pour que l'on comprenne que chez Van Gogh chaque coup de pinceau reposait sur un langage" , la lettre constituant le "corps théorique" du tableau. Elle publiera ces lettres en intégralité en 1914 soit 24 ans après la mort des deux frères.

Ce roman raconte donc dans sa première moitié les quelques mois qui ont séparé la mort des deux frères Van Gogh entre le 29 juillet 1890 et le 25 janvier 1891, date de la mort de Théo puis dans une deuxième moitié comment Johanna a fait sortir de l'ombre l'oeuvre de van Gogh. Ce titre est un complément indispensable aux deux précédents livres que j'ai lus sur ce peintre car je m'interrogeais sur la façon dont Van Gogh était sorti de l'anonymat.
Dans ce roman j'ai découvert une femme extraordinaire qui a fait preuve d'un immense courage et d'une belle clairvoyance alors qu'aucune personne de la famille de van Gogh n'avait pris conscience de l'héritage artistique laissé par le peintre. Johanna a su affirmer sa volonté et sa détermination guidée plus par l'intérêt artistique que par un quelconque intérêt financier et s'est montrée fidèle aux instructions que Van Gogh avait laissées à son frère dans ses lettres "exposer tout ce que l'on peut, vendre le nécessaire pour continuer d'exposer et réserver si possible la plus grande part de son oeuvre aux musées"
J'ai trouvé ce roman passionnant, sa couverture magnifique et son titre parfaitement adapté. Il n'a qu'un seul défaut à mes yeux : il est trop court... C'est un très bel hommage à une femme qui a changé la face de l'art contemporain.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          50
*Premier roman.

Beaucoup connaissent la peinture de van Gogh. Certain, sa relation exceptionnelle avec son frère Théo. Mais qui connaît Johanna van Gogh-Bonger ? Pourtant c'est grâce à elle que Van Gogh a pu se faire connaître et devenir l'immortel qu'il est devenu. Johanna a épousé Théo van Gogh qu'elle a connu grâce à son frère. Elle a été une témoin privilégiée de la peintures du grand peintre et de l'amour que Théo portait pour lui. C'est elle qui a hérité de plusieurs toiles et de la correspondance des deux frères. C'est elle qui a fait publier cette correspondance et qui a poussé pour que les toiles fassent partie d'expositions.

Camilo Sánchez rend un hommage mérité à une femme remarquable qui, je crois, à joué un rôle primordial dans la vie des Van Gogh.
Commenter  J’apprécie          40
Van Gogh, je suis comme tout le monde, j'adore ! Comme beaucoup, je connais la relation très forte qui l'unissait à son frère Théo, avec lequel il échangea une correspondance nourrie. Et puis, bien sûr, j'ai en tête le mythe de l'artiste maudit, qui vécut dans une extrême précarité, n'ayant jamais vendu de son vivant, alors que ses toiles prirent une valeur considérable après sa mort...
Van Gogh, c'est comme Rimbaud ou Mozart. Ce sont des icônes dont on connaît - plus ou moins bien - les oeuvres, et dont la figure nous est familière. Leur vie tumultueuse et l'incompréhension, voire le rejet dont ils firent l'objet de la part de leurs contemporains, enflamment notre imaginaire, non moins que leur personnalité hors du commun.

Pourtant, lorsque sort un film ou un roman qui retrace leur existence, on s'aperçoit bien souvent que l'on n'en a que des images déformées, sublimées. Bref, que le monstre sacré s'est substitué à l'homme et à l'artiste qu'ils furent.
Camilo Sanchez, dont c'est le premier roman, a voulu essayer de retrouver l'homme derrière la légende.
Mais, puisqu'on ne regarde pas le soleil en face, il a choisi de poser ses yeux sur Théo et surtout sur la femme de celui-ci, Johanna, qui ne rencontra guère plus de trois ou quatre fois son beau-frère. Mais elle avait de quoi s'interroger sur cet homme auquel son mari ne survécut pas plus de six mois. Après la disparition des deux frères, c'est par la lecture des quelque 650 lettres que Vincent envoya à Théo qui les conserva jalousement qu'elle put comprendre quelle était la nature de leur relation. Surtout, elle découvrit peu à peu ce qui habitait l'artiste, sa manière de travailler et de percevoir le monde. A l'aide aussi de l'une des soeurs Van Gogh, dont elle se rapprocha, elle apprit quelques secrets de famille. Plus encore que du vivant de Vincent, Johanna se sentit une proximité avec lui, son regard sur sa peinture évolua, au point qu'elle se sentit dépositaire d'une mission : celle de sauvegarder et faire reconnaître son oeuvre.

Camilo Sanchez restitue ainsi, par petites touches, un portrait sensible de l'artiste, un portrait qui n'occulte pas la dimension sulfureuse du personnage, mais que l'on ne perçoit que comme un lointain écho, évitant ainsi d'en altérer les traits.

Et puis, il nous invite à entrer dans l'intimité d'une femme courageuse et déterminée, à laquelle il rend un bel hommage. Elle fut certainement, après son époux, la plus zélée des défenseurs de l'oeuvre de Vincent et sans doute lui doit-on beaucoup dans la connaissance que nous avons de lui.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Un très bon roman centré autour de la femme de Theo van Gogh, le frère du peintre, devenue veuve très jeune, son mari étant décédé quelques mois après le suicide de son frère, terrassé par le chagrin et la maladie. On ne peut qu'aimer cette femme au caractère bien trempé, à la force vitale qui lui permet de surmonter les épreuves dans lesquelles elle est plongée. Se retrouvant seule avec un enfant en bas âge, elle mène sa barque sans souci des conventions, avec esprit d'indépendance, et trouve les moyens de s'en sortir. Mais en même temps, avec beaucoup de conviction et d'opiniâtreté, elle parvient à mettre en valeur l'oeuvre du peintre, à la faire apprécier d'un public de plus en plus large… et c'est sans aucun doute grâce à elle que l'on peut admirer ses toiles encore aujourd'hui. C'est un premier roman… chapeau !!!
Commenter  J’apprécie          10



Lecteurs (214) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1086 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}