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Ce livre devrait être au programme du lycée, en classe de 1ère ou en terminale. de cette façon personne ne devrait dire "je ne savait pas" devant le degré de perversion et de méchanceté ignoble que les régimes totalitaires peuvent engendrer, pour ne parler que des régimes extrémistes, car la question doit être toujours posée, où que ce soit. Après cette lecture de la réalité de l'homme la vision des idéologies et des égoïsmes ne devrait plus jamais être la même, ni traitée avec désinvolture et légèreté.
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Timothy Snyder, universitaire historien et lecteur de 6 ou 7 langues d'Europe de l'Est, propose dans cet ouvrage une synthèse historique différente des années qui vont de 1930 à 1945 des pays entre l'Allemagne et l'ex Union Soviétique (Pologne, Ukraine, Pays baltes, Croatie, Roumanie, Biélorussie....), passant du joug de Staline, puis celui d'Hitler, puis encore Staline, qu'il appelle terres de sang, tellement leurs peuples ont souffert sous le joug de ces deux tueurs de masse qu'étaient Staline et Hitler. Depuis la famine créée de toute pièce en 1932 et 1933 par Staline pour génocider une classe sociale, les Koulaks, (le communisme libérateur de la classe ouvrière s'étant implanté en Russie où, dans les années 20 et 30, il n'y avait pas de classe ouvrière, pas plus qu'en Chine avec Mao en 1949, qu'à cela ne tienne Staline va en fabriquer une !) à l'Holocauste juif sous le joug meurtrier d'Hitler. La thèse de Snyder est que l'ombre d'Auschwitz -camp de travail servile, comme l'étaient les camps de travail en Sibérie soviétique- masque la totalité de nos représentations. Inutile de vous dire que lire cet ouvrage c'est emprunter un tunnel de 700 pages qui traverse l'enfer. Les chiffres aussi bien que la description factuelle des massacres, tous scrupuleusement recensés, donnent la nausée. Il montre aussi que Staline aussi bien qu'Hitler étaient en fait de cruels tyrans médiocres sans compétence stratégique, ni vision historique et qu'ils découvraient leur bévues à mesure qu'ils appliquaient leurs politiques ineptes. L'entropie était au coeur de leur système, qui devait donc forcément échouer. En attendant, des millions de personnes des pays où ils ont sévi ou qu'ils ont occupés, personnes qui avaient un nom, une famille, une individualité, y ont laissé la vie après d'horribles tortures et souffrances. J'ai lu l'édition de poche en Folio. L'ouvrage a été réédité en 2022, enrichi d'une postface de l'auteur. Une lecture indispensable.
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Terres de sang retrace l'histoire de la Pologne, de l'Ukraine et de la Biélorussie (principalement), entre 1919 et 1953.

Ces terres qui ont été à tous de rôle soviétique, allemande puis encore soviétique. Qui ont connu l'Holodomore (la famine), ma Grande Terreur et l'Holocauste.

C'est un travail essentiel qu'a fait Snyder, mais ce n'est pas une lecture facile. (C'est un livre académique, et les atrocités s'enchaînent à toute vitesse.) J'y ai appris beaucoup sur mes origines polonaises.

C'est aussi un livre fascinant à lire alors que la présente guerre en Ukraine a lieu. L'élimination d'une part importante de la population ukrainienne semble quasiment une tradition russe. Et la solidarité entre la Pologne et l'Ukraine ne date pas d'aujourd'hui.
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C'est l'histoire de 14 millions de morts.
C'est l'histoire de deux décénies en Europe, de1930 à 1950.
C'est l'histoire de deux éliminations, l'une sociale, l'autre raciale.
C'est l'histoire des deux totalitarismes les pires que le continent ait connus.
C'est l'histoire d'un territoire, situé +/- à mi-distance des centres névralgiques de ces deux régimes hideux, qui a concentré toute l'horreur.

On a beau connaître l'histoire européenne du XXème siècle, on découvre au fil des pages qu'à la vérité on ne faisait que croire la connaître (en tout cas en ce qui me concerne).
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Les Terres de sang ce sont les territoires d'Europe centrale (Pologne orientale, Pays baltes, Biélorussie, Ukraine, ouest de la Russie) qui, entre 1933 et 1945, ont été sous la domination de l'URSS, puis de l'Allemagne, puis de nouveau de l'URSS. Dans ces Terres de sang, pendant cette période, 14 millions de personnes sont mortes, tuées dans le cadre de politique délibérément meurtrières. Plus de la moitié sont mortes de faim. (Le mot délibérément est ici particulièrement important. L'étude ne s'intéresse pas aux victimes d'internement au goulag ou en camp de concentration dès lors que cet internement n'avait pas pour but de les tuer et même si c'est cependant la conséquence qu'il a eu).

Timothy Snyder présente les étapes et les moyens de ces meurtres de masse. La famine en Ukraine, organisée par des réquisitions de grains chez les paysans. Pendant que 3,3 millions de personnes mourraient de faim dans la région, l'URSS exportait du blé vers l'Europe.

Je découvre que la Grande Terreur de 1937-38 qui avait apparemment des motifs politiques s'est en fait concentrée sur une classe sociale (les koulaks, paysans « riches », survivants de la famine du début des années 1930) et sur des origines nationales : les Ukrainiens et les Polonais. Ces derniers qui formaient 0,4% de la population soviétique représentent 1/8° des victimes. Après le partage de la Pologne entre l'Allemagne et l'URSS en 1939, le pays est victime de politiques qui déciment son intelligentsia

Cette première époque a donné l'avantage à l'URSS en matière de victimes. A partir de 1941, avec l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, c'est à ce dernier pays que va revenir la palme : plus de 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques massacrés ou détenus dans des conditions destinées à les éliminer rapidement ; des populations affamées ou abattues (la Biélorussie est particulièrement frappée : à la fin de la guerre, la moitié de sa population a été tuée ou déplacée) ; le génocide des Juifs. L'Ukraine, la Pologne, la Biélorussie apparaissent comme les pays qui ont le plus souffert, leurs populations laminées et je me dis que forcément ça doit avoir des conséquences sur leur histoire présente.

Timothy Snyder analyse enfin les similitudes et les différences dans le fonctionnement de ces deux régimes totalitaires. Il montre notamment comment les massacres de masse leur ont permis de faire oublier leurs échecs. La collectivisation est un échec, Staline en accuse les koulaks, ils sont affamés ce qui permet d'afficher une lutte des classes victorieuse. La guerre éclair prévue par Hitler contre l'URSS est un échec, il en accuse les Juifs, leur extermination permet de mettre en avant une «solution finale» victorieuse.

C'est un ouvrage très intéressant, qui se lit bien malgré plus de 700 pages. Sur un sujet qui me passionne et que j'ai déjà pas mal exploré, j'ai encore appris des choses. Mais en même temps il me semble qu'un profane pourrait tout à fait y trouver son compte aussi parce que les faits sont exposés de façon très accessible. Timothy Snyder cite aussi des acteurs anonymes de l'histoire, témoins ou victimes, ce qui donne de la chair aux événements. Son propos est en effet de faire prendre conscience que 14 millions de victimes ce n'est pas une fois 14 millions de personnes tuées mais 14 millions de fois une personne. Je trouve que quand on atteint de tels chiffres cela ne signifie plus grand chose mais ici il y a une volonté de redonner du sens : « Chaque jour du second trimestre 1941, les Allemands tuèrent plus de Juifs qu'il n'en était mort dans les pogroms de toute l'histoire de l'empire russe ».
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Un ouvrage terrifiant, souvent oppressant, qui, en plus de proposer une approche complète de ce qui s'est joué au cours des années 30 et 40 dans ces territoires pris entre deux machines à broyer, offre plusieurs clés bienvenues pour comprendre certains des ressorts les plus profonds de la crise actuelle. La lecture de la litanie d'horreurs que l'auteur nous assène n'est cependant jamais une épreuve insurmontable tant les voix des victimes finissent par dominer celles de leurs assassins. Par bien des côtés, « Terres de sang » est plus une leçon d'humanité, un vibrant hommage aux individus brisés, qu'une leçon d'histoire, aussi magistrale soit cette dernière.
Un livre parfaitement indispensable.
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L'auteur choisit de partir de le fin de la première guerre mondiale pour scruter comment le régime soviétique avec Staline et le nazisme avec Hitler se sont mis en place chacun de leur côté, sur quelles valeurs et quelles expériences.

Il passe ensuite à la seconde guerre mondiale à proprement parler en se limitant "aux terres de sang" à savoir, pour tout ou partie de leur territoire, l'Ukraine, la Pologne, les pays Baltes et la Biélorussie.

Les habitants ont pu passer de domination soviétique à domination allemande pour repasser pour certains sous domination soviétique, autant dire une situation catastrophique. Toujours traites à l'un ou l'autre et souvent aux deux, la population a payé très cher cette situation impossible à tenir, expérimentant à hautes doses les tortures, massacres et autres monstruosités des deux envahisseurs.

Les chiffres donnés donnent le tournis, on se demande comment il peut encore exister des Polonais par exemple, d'ailleurs on se le demande encore plus quand après guerre les populations sont expédiées ici ou ailleurs niant culture et appartenance .

Commencé en "fanfare ", si j'ose dire, par le régime soviétique, famine organisée, grande terreur, déportation de population vers les camps du Goulag, condamnations à la peine de mort et autres, le massacre des populations a continué avec les Allemands qui ont joué la famine eux aussi, les tueries à grande échelle, le nettoyage par le feu etc...

Au milieu de cette horreur, certains ont payé plus que d'autres, les Polonais par exemple et bien sûr, les Juifs ! Ni sous le régime soviétique ni sous le nazisme ,pas plus que par une bonne partie des populations, ils n'étaient bien vu et leur disparition n'était pas vraiment un problème, d'autant plus qu'une bonne propagande de chaque côté les rendait responsables de tous les maux.

Que dire de plus, si ce n'est que l'on découvre ce qui s'est passé à l'Est et que c'est une abomination qui s'avère encore plus meurtrière que ce qu'il y a eu à l'Ouest.

Tout au long de ce pavé, l'auteur nous amène à voir comment ont évolué les politiques et les théories sous-jacentes en fonction de ce qui se passait sur le terrain, des victoires et défaites .

Deuxième livre sur le sujet que je lis et je reste sidérée par la violence, le sadisme, les manipulations qui ont été mis en oeuvre avec constance tout au long de cette période. Il m'est difficile d'imaginer la situation de ces personnes qui ne pouvaient que subir, l'un , l'autre, de toute façon ils étaient toujours du mauvais côté. Quand le cannibalisme devient ordinaire, quand Oradour est multiplié par cent ,par mille, quand on détruit une ville,Varsovie, méthodiquement, je me questionne sur les survivants et la force de vie qu'il leur a fallu pour continuer.

D'autres questions, sont là, auxquelles je n'ai pas de réponses mais j'apprécie encore plus la saveur de la paix dans laquelle j'ai la chance de vivre.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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C'est un ouvrage à lire absolument.

Auschwitz représente dans notre inconscient collectif l'horreur absolue, le mal du XXième siècle. Or, il n'est que la partie émergée d'un iceberg d'horreur au coeur de l'Europe où, entre 1933 et 1945, les régimes nazis et soviétiques massacrèrent quelques 14 millions de personnes, non pas 14 millions de soldats morts du fait des combats, mais bien 14 millions de civils, sans distinction de sexe ou d'âge, des familles entières décimées délibérément. Les images bien connues de ce haut lieu de l'horreur, juxtaposant camp de concentration et camp d'extermination, ne sont donc malheureusement pas toute l'histoire, elles n'en sont même pas l'introduction, selon les propres mots de l'auteur.

L'écrasante majorité de ces 14 millions de victimes ne virent d'ailleurs jamais un camp de concentration. Elle subirent une violence de masse jamais connue dans l'histoire de l'humanité. Elles périrent victimes de méthodes passablement primitives, délibérément affamées pour plus de la moitié d'entre elles, au bord de fosses une balle dans la nuque (Katyn, Babi Yar, Minsk, Varsovie...), abattues à la mitrailleuse, brulées vives dans des bâtiments où elles furent parquées ou encore gazées dans des usines de mort telles que Tréblinka, Sobibor, Belzec, Chelmno et Majdanek.

Une violence extrême, indicible dont l'étendue nous était encore trop peu révélée et qui frappa la Pologne, les Etats Baltes, l'Ukraine, la Biélorussie, et la frange occidentale de la Russie soviétique. Une région où les plans impériaux de Hitler et de Staline se chevauchèrent, se nourrirent mutuellement dans une forme de complicité belligérante. Cette zone que Timothy Snyder baptise les "Terres de sang" est celle où la plupart des sites de tueries se situent, là où se concentraient aussi la plus grande partie des Juifs européens, que les nazis avaient décidé d'éradiquer. Une zone à laquelle les occidentaux n'eurent pas accès au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Il aura fallu attendre la fin de la guerre froide pour que les archives soient enfin accessibles et que les historiens puissent entreprendre ce travail sans lequel notre perception occidentale de ce que fut cette période effroyable serait restée trop parcellaire.

L'étude de Timothy Snyder réunit ainsi l'histoire criminelle des régimes nazis et soviétiques, l'histoire juive et l'histoire européenne ainsi que les histoires nationales.
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Terres de sang
Grâce à masse critique et à Babelio, j'ai eu une chance inouïe : lire ce livre. Depuis plus d'un an, je me passionne pour l'histoire de ces peuples russes, baltes…C'est un livre d'histoires que j'ai reçu…Ces Terres de Sang. Au coeur de l'Europe, au milieu du XXème siècle, les régimes nazi et soviétique assassinèrent quelque 14 millions d'hommes. C'est l'histoire d'un meurtre politique de masse. Les Terres de sang n'étaient pas un territoire politique, réel ou imaginaire ; c'est simplement là que les régimes européens les plus meurtriers accomplirent leur oeuvre meurtrière. C'st une histoire de gens tués par les politiques de dirigeants lointains. Les patries des victimes se situent entre Berlin et Moscou ; elles devinrent les terres de sang après l'essor de Hitler et de Staline. Ces Terres sont Polonaises, Ukrainiennes, Baltes, Lituaniennes, Biélorusses. de 1919 à 1950, ces peuples vécurent dans la terreur, eurent des choix à faire, parfois malheureux espérant simplement sauvés leur vie et les leurs. D'abord, les Russes avec la collectivisation, les réquisitions amenant à la famine et aux déportations, puis les Allemands avec l'occupation polonaise, le massacre des populations, des juifs, puis la guerre entre Allemands et Russes, le massacre encore des populations, des Juifs, puis la libération. Mais les victimes ont continué d'être persécutés car inquiétés pour espionnage. Bref, une génération d'hommes suspectée.
Ce livre explique les raisons de ces massacres de masse, compare les deux régimes.
De nombreux chapitres. Bien ordonnés. Bien construits. Par ordre chronologique. Expliquant les deux aspects de ces massacres dans ces régions occupées tantôt par les Russes tantôt par les Allemands. le déroulement des faits est bien expliqué. L'auteur ne prend pas parti. Il explique juste des faits.
Mais si ce livre est un livre d'histoires, c'est aussi un livre qui rend hommage et justice à tous ceux qui sont décédés pour des raisons sombres. Car derrière ces chiffres de 14 millions d'individus tués il y a aussi tant d'individus, tant de petites histoires, tant de vies racontées. L'auteur rend hommage à tous ces gens en racontant leurs vies, leurs dernières heures.
Enorme documentation. Très bien construit.
Ce livre a été pour moi très accessible à la lecture. Je sais que je m'intéresse à l'histoire mais cette histoire mérite d'être connue. Je garde cet ouvrage. Je le relirais.
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