AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Livretoi


Autofiction, autobiographie, essai, oui, mais pas un roman. Sollers nous propose son histoire familiale, ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, ses souvenirs de la deuxième guerre mondiale, se efforts pour se faire réformer et échapper au service militaire, ses souvenirs de sa maison d'édition, occasion de caricatures piquantes, ses réflexions sur la société, des portraits de quelques maîtresses, dont Sophie, avec qui l'auteur entretient une liaison très érotique. Cet érotisme, basé sur des jeux de rôles et des scénarios élaborés à deux, nourri d'un langage volontairement cru, est exposé ici sans pudeur. Sollers est un libertin assumé, et pourquoi pas, même si on ne ressent pas d'affinités avec son univers érotique. Cependant, au-delà des jeux sexuels, Sollers analyse de façon très intéressante leur substrat psychologique. le mode de fonctionnement de Sophie est décortiqué, les conditions de réussite de ces jeux sont expliquées, et c'est loin d'être superficiel.

Sollers consacre quelques pages au Marquis de Sade, à Casanova, à Mozart, à Hemingway dont il conseille de lire « Au-delà du fleuve et sous les arbres », tous artistes bon vivants fascinés par les femmes, qu'il admire et auxquels il s'identifie.

Ironie, dérision, humour parfois irrésistible (le canular sur les fouilles archéologiques sous le supermarché, sa mésaventure désopilante avec la domestique Asuncion, le portrait hilarant de son éditeur, la caricature de Olga la collaboratrice de son éditeur, la confrontation avec le psychiatre de l'armée pour se faire réformer, l'autoportrait du Don Juan blasé obligé de s'adonner à une sexualité de charité avec certaines femmes en manque) autant de scènes qui valent le détour.

Parallèlement, réflexions pertinentes, richesse des thèmes abordés sans tabou, feu d'artifice de mots, d'expressions, de trouvailles langagières. Ce style peut fatiguer mais quand le sujet est bon, il fait mouche. Il faut prendre le temps de lire Sollers. Sa personnalité, sa philosophie hédoniste, son style, sa vie sont intéressants. Il faut lui pardonner ses outrances, son narcissisme, son étalage de culture, l'éparpillement de sa pensée. Dans le fourmillement et l'effervescence de sa pensée, il faut savoir séparer le bon grain de l'ivraie.

Une fois de plus, les femmes, sont à l'honneur : Norma l'épouse (en fait Julia Kristeva), Ingrid placée à part (sans doute Dominique Rolin dans la vraie vie), les maîtresses régulières Sophie et Joan, les aventures subies ( Asuncion, la jeune domestique espagnole, qui se jette dans les bras de l'écrivain célèbre et provoque la jalousie du petit copain, est l'occasion d'un des passages les plus drôles du livre), Tina l'italienne la partenaire de « baise de charité » dont il n'arrive pas à se débarrasser, enfin Concha (Eugénia dans « Une curieuse solitude) sur laquelle Sollers revient de façon presque nostalgique.

J'ai lu les 17 extraits proposés en Citations. Je les trouve personnellement mal choisis car ils ne donnent pas envie de lire le livre. Il manque l'humour, surtout. Aussi je vous invite à aller lire trois nouveaux extraits : la mésaventure avec la jeune domestique Asuncion, la stratégie pour se faire réformer du service militaire, les déboires du don juan blasé obligé de pratiquer une sexualité de charité. Si ces extraits ne vous arrachent pas des sourires sincères, alors oui, Sollers ne correspond peut-être pas à votre univers littéraire.

Si je regarde les 10 critiques déjà proposées, je constate que Sollers ne laisse personne indifférent.

* Colichik rejette l'homme Sollers suffisant, nombriliste et en oublie l'écrivain sur le fond.
* Sheldrake descend l'auteur et le livre en trois lignes sèches.
* Hema6 (fourvoyée en citations) n'a pas fini sa lecture mais ne juge pas et parle d'écriture novatrice
* Goldtone reste neutre et factuel sans vraiment s'engager
* Frandj apprécie le style vif et primesautier, brillant, avant de faire part de sa lassitude et en revient au narcissisme de Sollers pour finir par douter de la véracité du propos.
* Elouar00 est ambivalent, trouve l'ensemble "très drôle, assez futé, souvent, pas si intéressant que ça."
* Cecedille reconnaît des passages réussis et des défauts : " cuistrerie, facilité, clinquant."
* Kristov1 ne se mouille pas, il laisse ça à Sophie justement : "Ha les jeux érotiques de Sophie !!!!" Mais puisqu'il a mis trois étoiles c'est plutôt positif.
* ZaoWou en deux mots est emballé : "Vie rafraîchissante". Il n'a pas tort.
* celineCartier, est hyper synthétique et fan : "Du très bon Sollers !" C'est la meilleure note.

Et moi je me classe un peu avant celineCartier. Oui, du bon Sollers.


Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}