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28 pages
La Charrette orchestrale (01/02/2019)
4.88/5   4 notes
Résumé :
Cofondée et presqu'intégralement rédigée par Baudouin de Bodinat, essayiste, et Marlène Soreda, chroniqueuse et poète en prose tout à la fois, « Dernier Carré » a légitimé son jusqu'au-boutisme naturel par le fait d'être une production de la « Société des amis de la fin du monde », terme qui n'autorise aucune échappatoire.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Il épuise en lui tous les poisons pour n'en garder que les quintessences."
Marcher avec pour viatique le second bulletin des amis de la fin du monde est une sinécure tant le fascicule est léger avec ses vingt-huit pages quand les caractères sont de plomb et le propos d'airain. Cassant la croûte dans un éboulis confortable, assis à l'ombre d'un érable, sur un bloc rocheux naturellement équarri, j'ai loisir d'apprécier la chronique de Marlène Soreda alors que le vent glisse et fait bruisser la chênaie dans le vallon sauvage de Valescure du plateau de Vaucluse. Je m'immerge dans la saveur d'un paysage nourri des sucs et des fragrances du printemps. le lieu, frugal et autarcique, a un goût d'éternité. Je peux alors saisir la teneur du texte des "Piètres plaisirs de Paris" avec l'échouage des laissés pour compte du Bout-de-la-Route d'autant qu'on peut soi-même avoir vécu des décennies dans ces endroits, aux abords de zones périphériques elles-mêmes satellisées à une conurbation où s'engoncent dans des pardessus flottants et des capuchons profonds des créatures des niveaux souterrains. La pauvreté repousse toujours plus loin les déshérités et finit par les entasser aux mêmes endroits : taudis, squats, terrains pollués, etc. Marlène Soreda fait ensuite revivre l'épopée soixante-huitarde avec le retour à la terre et le gavage des oies. Peut-on s'émerveiller de "l'orangé des becs qui se mariait si bien au gris perle du plumage" et puis éventrer le volatile pour en extraire le foie pour sa valeur marchande, sans autre forme de procès ? La vie est une chienne de l'enfer.
Baudouin de Bodinat rappelle les catastrophes environnementales, économiques, sociétales avérées, inévitables, durables. Dans cette litanie mortifère éclatent les prévisions de la "boule de cristal" à l'exemple de l'hébétude des Australiens déjà de plain-pied dans l'au-delà, celui du Pyrocène, les Californiens aussi. Est-ce que les Aborigènes seront capables de reprendre pied dans la fournaise alors qu'ils font corps avec l'immense espace australien depuis plus de 40 000 ans ? Les brèves du "Cadastre" sont épouvantables car elles acquièrent une gravité absolue en se focalisant sur des cas personnels.
Heureusement, l'ami Valyn qui nous vient de loin, de la fin dix-neuvième pour tout dire, dispense ses conseils aux scrofuleux et autres nécessiteux en confectionnant un plastron en ouate : "les pardessus sont sans doute plus confortables, à la vérité mais aussi bien autrement coûteux". Valyn a encore dans sa besace de boyscout la créosote, goudron caustique "un peu violent" pour calmer la dent pourrie lancinante ou bien il propose de fabriquer soi-même la machine à laver le linge avec cuvier, boules en bois, balancier, tout un fourbi farfelu pour un nettoyage rapide. Dans le "Dernier carré", on ne plantera même plus de pomponnettes pour fleurir nos tombes car on se sera tous évaporés mais on tiendra jusque-là comme aurait pu dire Lapalisse. Cette deuxième livraison de la revue est la plus rude à digérer mais elle n'en demeure pas moins roborative, éclairante, touchante, pétrie d'intelligence et de culture, épicée d'humour et de poésie, aromatisée aux levures de l'esprit.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(& à les observer autour de soi poussant le charriot ou le temps d'un trajet en heure d'affluence et à y chercher en vain un regard, à endurer le vocabulaire réduit de leurs confidences au téléphone, à jeter un coup d'œil à leurs séries favorites, à percevoir le peu d'énergie psychique, le taux vibratoire anormalement bas émanant de tout cela, on se dit qu'après tout l'espèce n'y perdra rien et même au contraire.) (p. 6)
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Des enquêtes le vérifient chez les générations nées avec ces mauvaises fées penchées sur leur berceau : explicitement leur "maison" c'est l'écran portatif et ses fichiers, le lieu physique n'appelant aucune remarque (ils ne le voient même pas, sont indifférents à ses aspects et alentours) - avec quoi ils sont chez eux où il y a du débit... (p. 3)
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[...] ce futur alors inconcevable, déroutant l'anticipation quoi que pressenti désobligeant, est là autour de nous maintenant avec ses voix synthétiques, ses drones de surveillance, ses visiophones et ses chimies industrielles en dilution partout, ses foules errantes et ses désordres météorologiques, à s'accomplir tout prosaïquement... (p. 2)
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