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EAN : 9781091902237
Editions Fario (16/11/2015)
4.59/5   23 notes
Résumé :
Comme on s’informe des moeurs et usages d’une colonie animale en observant à bonne distance ses foyers d’attroupement, ses circulations saisonnières, ses activités significatives, il est indispensable d’examiner l’état actuel de la collectivité humaine et l’esprit qui l’anime en tâchant de se projeter, autant que possible, en dehors ou au-delà de ce « Dôme » d’ondes électromagnétiques qui la retient captive (à plus de sept milliards se gênant d’être entassés là sans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En une autre époque que la notre, plus courageuse sans doute et plus empressée à se connaitre elle-même, ce livre aurait certainement été au centre des débats et de toutes les discussions.
Si l’on cherchait quelque parenté à cet ouvrage, on pourrait évoquer le 1984 d’Orwell ou tout aussi bien y distinguer l'ajout d'un cercle supplémentaire à l'Enfer de Dante; sauf que, et le détail est d’importance, ce n’est pas d’une fiction dont il s’agit mais d’une description sans concession de notre monde, de celui où nous avons à vivre. Beaucoup estimeront donc ce "détail" comme décidément très abusif; exigeant d'un littérateur qu'il se tienne à sa place et évite de venir compliquer une vie quotidienne déjà fort pénible à affronter.
"De même qu'autrefois le monde nous était donné partout dans son immensité - de même aujourd'hui n'en rencontre-t-on partout que les portes closes, les interphones, les contrôles à l'embarquement, les sas de détection avant d'entrer, les codes d'accès et nous est-il refusé partout dans ses restrictions, ses zones de rétention, ses confinements d'air climatisé; ses pays délabrés que filment des drones, ses scènes d'égorgement."
Aussi bouleversant que soit ce tableau, il n’est pourtant à aucun moment outrancier : relevé méticuleux dont chacun, quand il veut bien s’extraire quelque peu de ce cloaque, ne peut que constater la triste vérité.
Car comme le formule fort bien notre auteur, «il ne pouvait donc y avoir de meilleure époque pour la conscience que celle-ci où elle devient si vite un inconvénient.».

Si bien que face à ces graves inconvénients beaucoup choisiront le confort de l’ignorance ou encore le déni obstiné, furieux que l’on ait pu ainsi venir les débusquer au milieu de cette misère partagée.
Très peu distinguent en effet ce qu’il est possible de tirer d’une négativité pleinement reconnue, sa promesse d’autre chose justement; de l’indication qu’elle offre d’un autre chemin et d’une autre manière de vivre.
On remarquera, et ce n’est pas accessoire, que notre auteur anonyme s’exprime dans un français remarquable dont émerge à tout moment la poésie de l'instant; une langue fluide dont le ton accompagne si bien le propos que l'on se sent facilement entrainé à en lire de longs passages à haute voix, avec le sentiment que nous pourrions ainsi obtenir un peu plus de clarté et de lumière, renverser ainsi le pesant discours de la fatalité que nous tiennent quotidiennement sur les médias les penseurs à gages du néant.
La valeur d’une époque se mesure aussi à l’usage qu’elle fait de ce qui lui est offert en matière de renversement, «durant quoi l’âme, par la nostalgie qu’elle ressent, tente de nous faire souvenir, de nous faire douter de ce monde-ci, s’efforce de nous rappeler des impressions toutes différentes et par là suggestives d’un monde différent, où nous serions davantage, plus pleinement ; s’efforce de nous faire voir celui-ci tel qu’il est en réalité dessous les images en surimpression.»
«& dans cet ordre de choses une autre hypothèse, d'abord surprenante, s'est proposée à l'étude : que dans l'état social où nous sommes, où les générations se suivent, passagères, fortuites, isolées : elles paraissent, elles souffrent, elles meurent : nul lien n'existe entre elles, où l'individu se voit entièrement livré au seul jugement de l'argent et à la froideur concurrentielle pour se maintenir à flot quand il n'y en a pas pour tout le monde, à la solitude et à la précarité de ce destin économique, et que par cela la peur, l'angoisse sans répit, lui sont devenues si bien l'état normal, le surmenage permanent imposé par la contrainte de s'adapter, d'humiliations si continuelles qu'il ne les conçoit même plus; que dans un monde social si complètement dénué de toute bonté ou compréhension, sans aucune protection ou refuge de communauté, d'ailleurs instable et incertain quant au futur, où rien ne figure que provisoire, et si dépourvu de charme, de tranquillités, de clartés morales, de beauté ordinaire et pour tout le monde, où l'individu ne peut ignorer que c'est indifférent qu'il soit là ou non dans l'entassement de la collectivité, etc.»
Œuvre indispensable à une conscience contemporaine - qu’éviteront donc probablement ceux qui préfèrent s’en passer, ignorants sans doute que "ce qui a été transformé en conscience n'appartient plus aux puissances ennemies".
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Rare et précieux
Oeuvre majeure dont les cinq premiers chapitres ont été prépubliés dans la revue Fario, « Au fond de la couche gazeuse » met discrètement en scène un narrateur qui se confond avec l'auteur, lui-même invisible dans la vie d'aujourd'hui, sans empreinte numérique, expédiant à son éditeur ses manuscrits sous enveloppe, par la Poste, comme aux temps anciens. le catalogue de nos maux et de nos pertes débute prosaïquement par l'usage machinal de l'éclairage électrique. Déjà, dans « La vie sur Terre » [1996-1999], l'auteur évoquait peut-être des souvenirs personnels lorsqu'il écrivait : « […] et si avec les progrès du confort les amants prennent des douches, bavardent au téléphone et ont un tourne-disque, […] c'est la froide lumière électrique qui dégrise leur nudité, au lieu qu'en épuisant la lampe à mèche, toujours inquiète, recueillait le témoignage des heures passées avec leurs ombres vivantes ». Aujourd'hui, il revient sur la lumière fixe et uniforme glaçant la réalité pour la cantonner dans un décor neutre : « L'éclairage électrique en nous désapprenant à voir dans la pénombre… dérobe toutes les pensées et sentiments des choses qui auraient trouvé… à s'y nuancer et ramifier au-dedans de nous en d'autres impressions et imaginations et souvenirs par jeu de correspondances, en phosphorescences si ténues que la lumière artificielle nous les rend invisibles… juste en actionnant l'interrupteur ». Alors qu'il pourrait sourire à la vie comme elle va, Baudouin de Bodinat suppute et soupèse l'ineptie des existences formatées à l'ère de la mondialisation, de la marchandisation et de la surpopulation : « […] des idées… viennent aussitôt à l'esprit, de pénuries angoissantes à s'additionner, de progressions de terres abandonnées à la dessiccation qui se constate en imagerie satellitaire, d'immensités océaniques vidées en l'espace d'une génération de tous leurs habitants comestibles, d'insalubrités à 9 milliards de terriens après-demain qui veulent manger tous les jours, d'extraordinaires désordres atmosphériques par-dessus tout cela… ». Quand l'auteur fixe son attention sur son environnement immédiat, l'étroitesse et la médiocrité des vies l'accablent : « […] le tout-venant précaire du IIIe millénaire chaussé de baskets… à la physionomie sans beaucoup de vivacité durant qu'ils sont chacun absorbés par le maniement de leur Smartphones… ou bien feuilletant un gratuit avec des fils électriques rentrant dans leurs oreilles ». le portrait à charge n'est pas caricatural. Il dessine la lobotomisation en marche. Plus loin, il grave à l'acide la triste trogne des dirigeants de Goldman Sachs enrichis de manière éhontée, en toute impunité, « intouchables dans leur monde à part sécurisé d'hyper-luxe… » et responsables de la paupérisation de travailleurs surendettés par le biais des subprimes : « […] des physionomies fermées de prédateurs sans états d'âme […] Quand la moindre des choses eut été de jeter vivante aux piranhas cette engeance, cette lie de l'humanité ; ces monstres qui fatiguent la Terre ». Dans cette irréalité quotidienne, Baudouin de Bodinat s'arrête près d'un « vieil homme occupé à son jardin… ou sans hâte à ranger son bois pour l'hiver… pour se souvenir… qu'il aurait pu en aller très autrement de nous tous ». le portrait psychologique tiré par Baudouin de Bodinat des Indiens d'Amérique du Nord à la fin du recueil émeut profondément d'autant que la perte ressentie semble incommensurable et finalement indéchiffrable. En 240 pages denses, le passage en revue des calamités programmées et des projets dévastateurs produit un passage à tabac des consciences. Si le sort en est jeté avec des dés pipés, reste une superbe prose incisant les maux et libérant les sanies. En 240 pages où le fil discursif est en extrême tension, Baudouin de Bodinat constate presque tranquillement l'apocalypse en marche et en sourdine. Il voit au-dessus des systèmes politiques et commerciaux, la vacuité d'une existence gangrenée de toutes parts, prise dans un hold-up planétaire où le libre-arbitre est un leurre et l'angoisse du vide et de la mort une obsession universelle. Etonnamment, ce sinistre catalogue imprégné de nihilisme radical contient une force vitale exceptionnelle, un élan salutaire irrépressible.
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Baudouin de Bodinat continue ici le panorama du monde entamé il y a presque vingt ans avec la Vie sur Terre. L'écriture et le déroulé des idees, l'accrétion des pensées mises à la suite comme des îlots reliés en chapelets par les caractéristiques esperluettes, évoluent presque en sinusoïde, tantôt dressant l'inventaire décourageant, tantôt dissertant sur les réjouissances intimes et indispensables — il y a des paragraphes magnifiques sur les livres, la nostalgie, l'amour —, évoluant harmonieusement comme une onde qui ne quitte jamais son lit. Bodinat rend explicite ce que tous nous avons en intuition, à défaut de savoir le formuler, mais il le fait d'une manière elle-même nuageuse et suggestive, détournée, c'est-à-dire poétique. L'écriture est une inflation de propositions, d'énumérations, de listes, une succession de conjonctions et d'anaphores parsemant le texte et qui nous le font si familier de page en page, le tout pourtant dirait-on troué d'ellipses syntaxiques et d'audaces grammaticales qui font oublier au lecteur le début de la phrase, le point d'émergence de l'idée en cours, nous plongent dans un éther littéraire qui fait oublier qu'on est en train de lire, là, assis dans un fauteuil, une page de papier. Bodinat propose une littérature et une rénovation de la langue telles qu'un ou deux autres écrivains seulement peuvent s'en targuer en notre siècle. Un livre prodigieux qui aide à vivre.
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Dagerman, Sebald, Lou Andréas-Salomé, Dostoïevski, Amiel, Nietzsche, Édouard Levé, Giauque, etc. la liste est longue de ces écrivains qui, plutôt que de prendre la pose, se sont résignés à être les légataires de leurs propres angoisses pour remplir le vide du monde ; ce même vide qui évoquait à Walter Benjamin une scène de crime lorsqu'il observait les photographies d'Adget - curieusement vide de gens. Photographies qui devenaient des "pièces à conviction pour le procès de l'Histoire" ; et dans ce même procès qui n'en finit pas de finir, Baudoin de Bodinat apporte lui aussi son témoignage avec cette suite à ses deux volumes de la Vie sur Terre (1996 et 1999), ressassement littéraire qui porte le beau nom de : Au fond de la couche gazeuse, et qui rappelle à nous ses vers de Dante se trouvant au dessus de la porte de l'Enfer : "Par moi, on entre dans le domaine des douleurs… / Vous qui entrez ici, perdez toute espérance." Il n'y a ici aucun espoir de rédemption, le constat est noir, pas de notice d'emploi pour contrecarrer les effets négatifs de cette humanité que l'auteur compare à "un macrobiote occupé à digérer la vie terrestre que lui distribuent les chariots élévateurs, les semi-remorques, les portes-containers géants, et à n'en restituer que les résidus inassimilables qui font ces tas d'ordures par milliards de tonnes répandues au hasard" - pas de médecin de l'âme pour venir à notre secours ? Peut-être Socrate, qui nous rappelait que les mauvaises expériences sont aussi les bonnes occasions pour devenir philosophe - bien dit. N'en reste pas moins que la lecture de Baudoin de Baudinat est comme un uppercut de Céline suivi d'un baume déposé sur l'ecchymose par Cioran... on ne sait finalement pas ce qui fait le plus mal et c'est bien ce qui est le plus angoissant (surtout quand on aime ça).
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le plus curieux et troublant dans cette métamorphose est qu'elle se soit produite comme à notre insu. On se réveille un jour dans un monde où tout est autrement, qui ne tient plus par rien à celui qui était là encore la veille, comme s'il en avait été toujours plus ou moins ainsi à vivre dans l'étroitesse de l'Âge définitif, à l'intérieur de cet invisible dôme radio-électrique nous séparant de tout ce qui fut antérieurement ; sans s'aviser que ce phénomène s'est étendu jusqu'en soi-même, à ne plus y retrouver les impressions, les pensées et les imaginations que l'on avait dans cette époque après tout peu lointaine, qu'on a connue, où tout se ressentait autrement, où l'on mangeait des huîtres, où les pêcheurs remontaient leurs filets grouillants de poissons ; où les nouveau-nés ne se présentaient pas avec déjà des nanotubes de carbone dans le cerveau, ni additionnés de mimétiques les prédestinant à une dentition désastreuse, aux tumeurs de la sphère reproductrice, avec des équivoques dans les caractéristiques, du déficit attentionnel et des troubles cognitifs ; où l'on apprenait les nouvelles par de grandes feuilles imprimées qu'on achetait dans la rue ; où les saisons étaient habituellement à ramener dans leur cycle les mêmes sortes de jours au long de la vie ; où le temps était devant ses habitants comme une évidence à se perdre au loin, si l'on s'y reporte, etc. ; et comme si beaucoup de générations s'étaient déjà succédées à l'abri de ce dôme depuis son établissement.
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...et puis des habitants épars, divers d'âges, plutôt tous des étages d'en bas - dans les couches inférieures des classes moyennes, qui sont les débris dénués de signification d'une société désintégrée - et donc les hommes quelconques de la modernité tardive, le tout-venant précaire du IIIème millénaire, des anonymes de la métropole mondiale sans étonnement de la médiocrité et de l'étroitesse de la vie permise à végéter là, n'y trouvant pas étranges ces interphones, portes électroniques et robots auprès desquels il faut justifier son identité, et même son existence, et caméras qui sont partout (même quand on ne le voit pas) ; et à la physionomie sans beaucoup de vivacité durant qu'ils sont chacun absorbés par le maniement de leur Smartphone, iPad, BlackBerry, portables 3G à écran tactile, e-book, ou bien feuilletant un gratuit avec des fils électriques rentrant dans leurs oreilles.
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"Il y a des jours où, sans qu'on sache pourquoi, les antennes de la perception se déploient complètement, où la réceptivité de l'ambiance générale se fait plus nette et distincte, où l'intensité de ce qui vibre dans l'atmosphère de cet âge du monde où nous sommes parvenus s'empare entièrement du sentiment qu'on a des choses et vient hanter ce ciel de juillet tout ce qu'il y a de tranquille et bénin, durant qu'on est à s'occuper du jardin, d'un bourdonnement assourdi de Predator venu rôder ici depuis le proche avenir ; où cette vive esthésie d'une précipitation continuelle des événements autour de soi donne à toutes les occupations normales et nécessaires, à l'ordinaire de la vie courant un caractère de lenteur pénible, d'embarras, d'inapproprié, d'un hors de propos suscitant de la nervosité ; ainsi qu'on s'appliquerait à poursuivre la lecture de la Vie d'Alexandre par Amyot - "... de quoy Clitus qui estoit desja un peu surpris de vin, avec ce qu'il estoit de de sa nature homme assez rebours, arrogant et superbe, se courroucea encore d'avantage, disant que ce n'estoit point bien honestement fait d'injurier ainsi, mesmement parmy des Barbares ennemis, etc." -, tandis qu'en allumant la radio ce serait dans un climat d'épouvante des speakers de plus en plus anonymes, décontenancés et bégayants, à répéter des consignes de confinement et de prophylaxies manifestement périmées par la vitesse de la contagion, et qu'on entendrait d'une maison voisine des cris aigus, des claquements de portières, une voiture qui démarre en trombe ; ou bien rester assis comme si de rien n'était à tourner les pages de l'année 1711 des Mémoires de Saint-Simon - "...Je crus donc devoir recharger plus fortement encore ; et voyant mon peu de succès, je lui fis une préface convenable, et je lui dis après ce qui m'avait forcé à le presser là-dessus. Il en fut étourdi : il s'écria sur l'horreur d'une imputation si noire et si scélératesse de l'avoir portée jusqu'à M. le duc de Berry, etc. " -, alors qu'aux informations radiovisées la banqueroute finale propageait d'heure en heure à la surface du globe les mêmes images partout de pillages, d'incendies, de blindés patrouillant les avenues jonchées de carcasses, de foules éparses en carnavals sinistres d'après une fin du monde où toutes les croyances seraient tombées et plus rien ne fonctionnant, et que par la fenêtre ouverte s'en approcherait le raffut. Mais dans la réalité rien de tout cela n'a encore eu lieu, et il faut bien terminer de désherber entre les petits pois ou de repeindre la cabane à outils; et ce n'était pas un drone tout à l'heure mais juste un petit hélicoptère de l'administrations fiscale."
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& dans cet ordre de choses une autre hypothèse, d'abord surprenante, s'est proposée à l'étude : que dans l'état social où nous sommes, où les générations se suivent, passagères, fortuites, isolées : elles paraissent, elles souffrent, elles meurent : nul lien n'existe entre elles, où l'individu se voit entièrement livré au seul jugement de l'argent et à la froideur concurrentielle pour se maintenir à flot quand il n'y en a pas pour tout le monde, à la solitude et à la précarité de ce destin économique, et que par cela la peur, l'angoisse sans répit, lui sont devenues si bien l'état normal, le surmenage permanent imposé par la contrainte de s'adapter, d'humiliations si continuelles qu'il ne les conçoit même plus; que dans un monde social si complètement dénué de toute bonté ou compréhension, sans aucune protection ou refuge de communauté, d'ailleurs instable et incertain quant au futur, où rien ne figure que provisoire, et si dépourvu de charme, de tranquillités, de clartés morales, de beauté ordinaire et pour tout le monde, où l'individu ne peut ignorer que c'est indifférent qu'il soit là ou non dans l'entassement de la collectivité, etc.
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L'impression dominante, l'ambiance planétaire dans quoi nous respirons, si l'on trouvait à se reculer assez pour l'envisager, serait plutôt de fuite en avant, d'exaltation à réfuter l'évidence, d'un fanatisme collectif multipliant les expédients de procédés énergétiques pour alimenter la machinerie, assez comme l'autarcie de guerre nazie et ses usines souterraines de carburant synthétique, en croyance désespérée de gagner assez de temps jusqu'à l'innovation miracle : entreprises manifestement absurdes de stockage en sous-sol du CO2, d'exploitation du gaz de schiste ravageant l'hydrographie, ou d'extraction des schistes bitumeux salopant des contrées entières, de forages sous la calotte polaire ou au fond des abysses, de couvrir le Sahara de panneaux électrosolaires fabriqués en Chine, d'élevages de micro-algues à croissance rapide faisant en incubateur du pétrole instantané, de véhicules électriques pour tous avec des réacteurs neufs pour remplacer ceux en fusion et puis déjà ça de tirer avantage de la surpopulation en récupérant la chaleur animale captée dans les transports souterrains pour chauffer les logements de surface, ou un complexe de loisirs aquatiques avec les calories du crématorium voisin.
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