Au commencement, il y a souvent une église et son clocher, visible de loin. On s'y rend par l'unique route cabossée, on s'y retrouve, et voilà le début d'une communauté.
Ce jour-là ils ne sont pas repartis chacun de leur côté par la route déglinguée et poussiéreuse, ils ont décidé de vivre ensemble.
Aujourd'hui il y a de grandes tours visibles de loi. On s'y rend par les autoroutes fraîchement goudronnées et lisses comme de la lave, on s'y presse, on y rejoint ceux qui ont mené leur grand projet : construire.
Des campagnes alentour on migre vers la grande ville, irrésistiblement attiré par la foule, le bruit des cafés, la lumière des cinémas, le mouvement incessant d'une vie qui tourne désormais à plein régime.
Le tactactactac assourdissant des marteaux piqueurs, la poussière aveuglante soulevée par les roues immenses des pelleteuses, les engins jaunes qui envahissent la place, l'odeur du goudron chaud, la démesure des grues éclairées la nuit comme des rampes d'atterrissage et au bout desquelles se balancent d'immenses poutres métalliques, les trous creusés dans la terre friable puis remplis de béton ferraillé, les pavillons, les tours, les écoles, les bibliothèques, la gare et les voies ferrées Le vide se remplit.
Au commencement, il y a souvent une église et son clocher, visible de loin. On s'y rend par l'unique route cabossée, on s'y retrouve, et voilà le début d'une communauté.