AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 20 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis décidée à sortir ce récit de ma pile en entendant son auteure un matin sur France Inter... Un témoignage à la fois poignant et profondément utile : celui d'une avocate amenée à défendre un individu a priori indéfendable selon l'opinion c'est à dire vous et moi. Qui ne s'est pas demandé, un jour, face au pire criminel, comment on pouvait défendre cet homme ? Véronique Sousset, en prenant la parole pour livrer son expérience apporte quelques éléments de réponse et surtout de réflexion. Sans emphase, sans nier la difficulté et la complexité de la confrontation, elle tente, avec coeur et intelligence de montrer pourquoi la défense est aussi importante que légitime, quel que soit le contexte.

Véronique Sousset a donc défendu un homme coupable d'avoir tué son enfant après des années de maltraitances. Impossible de ne pas se souvenir de cette histoire sordide, de cette petite fille de huit ans objet de brimades et de coups de la part de ses parents, un couple infernal passé à travers les mailles de tous les filets de surveillances et autres signalements. Alexandre Seurat en avait fait le sujet de son premier roman, La Maladroite, dans lequel il donnait voix à l'entourage, de ceux qui n'avaient rien vu ou rien voulu voir à ceux qui avaient tenté d'alerter, en vain. Un monstre est-on tenté de penser. Non, un homme répond Véronique Sousset. Car ce serait trop facile d'écarter d'un geste la part sombre de l'humanité, de nier que l'homme peut être à l'origine du pire sans que la folie ne vienne excuser son geste.

L'auteure raconte cet épisode si particulier de sa vie. Les regards étonnés souvent, horrifiés parfois lorsque ses interlocuteurs comprennent qui elle défend ; sa réflexion profonde sur le sens de son métier et de son engagement ; ses face à face avec lui, le meurtrier qui est néanmoins homme, mari, fils et père ; ses pensées tournées sans cesse vers la petite victime, qui la surprennent dans les moindres actions de la vie quotidienne ou se voient amplifiées au contact des rires d'enfants dans un square. Mais elle ne s'apitoie pas. Elle réfléchit, elle raisonne, elle avance.

"Les longues plages de vide donnent du temps pour lire. Les couloirs du palais, les salles d'attente des cabinets des juges ne sont pas des lieux propices à l'écoute intérieure d'un texte et pourtant, là où le pire est plus souvent rencontré que le meilleur, dans cet espace où les hommes sont à vif, la lecture est un baume."

La lecture lui est donc un baume, comme pour nombre d'entre nous. Peut-être parce qu'elle explore si bien les tréfonds de l'âme humaine qu'elle apporte un éclairage toujours renouvelé sur ces points de bascule qui font passer du blanc au noir. Mais ne nous méprenons pas. L'avocate s'en tient aux faits, il n'est nullement question pour elle de réécrire l'histoire. Sa plaidoirie finale invite à une réflexion bienvenue sur le sens de la défense. Et offre une vision passionnante et dépourvue de tout effet de manche sur le rôle complexe de l'avocat.

"La propension à confondre droit et morale est néfaste à la difficile mission de juger. Il n'y a qu'à constater la pléthore de lois pénales édictées depuis ces dernières années pour répondre au gré de faits divers dramatiques, à l'émotion de l'opinion. On cadenasse, on verrouille, on gomme la réflexion au profit de la répression. Pour quel gain ? Sinon celui de la bonne conscience. Ce dossier est difficile mais il n'empêche pas d'être lucide. On peut défendre un monstre et ne pas se résoudre aux raccourcis de la morale. Si elle est un socle indispensable au bien-jugé, elle ne peut tenir lieu de motivation d'une décision. le droit comme une digue aux bouleversements de la raison. Je m'y accroche."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          90
Une lecture qui me travaille et dont je ne sais vraiment pas quoi penser.
Autant "La maladroite" qui traite de la même "affaire" m''avait donné la nausée tant j'en l'avais trouvé malsain, autant là je ressors de ma lecture d'une traite perplexe et pleine de questionnements.
J'ai été dérangée par ce livre qui "humanise" un monstre que je ne veux pas humaniser mais tout en étant bien consciente de l'intérêt de ce point de vue.
Malgré tout, j'ai aimé avoir une autre perspective, celle de l'avocate du "monstre". de tenter de comprendre pourquoi elle avait accepté ce dossier qui touche à ce que l'humain a de plus ignoble.
J'ajouterai juste que le livre se lit très bien, très vite et qu'il est très bien écrit.
Commenter  J’apprécie          20
Défense légitime de Véronique Sousset

Mon avis:
Je ne sais pas trop quoi en penser. En effet, comment peut-on défendre un monstre? Véronique Sousset tente d'y répondre, avec beaucoup de courage. Car du courage, il en fallait vu l'ampleur et la gravité cette affaire. Je pense qu'elle a trouvé les bons mots pour nous expliquer comment elle a pu défendre son client, un père qui a tué sa propre fille. Elle nous montre qu'il reste un homme mais j'ai comme l'impression qu'elle veut avant tu nous montrer le bon de cet homme. Il y en a forcément, elle nous explique " leurs coulisses, leurs entrevues", qu'il a assumé tous ses actes et qu'il n'a pas toujours été ce père abominable. Mais je ne suis pas convaincue par cet aspect. Il a commis l'irréparable, je ne peux pas passer au-delà et imaginer l'homme qu'il y a en dessous. La plume est vraiment bien maniée parfois même, poétique.
Lecture intéressante, qui nous montre, sous un nouveau jour, un point de vue, un témoignage terriblement poignant toujours en hommage à cette pauvre petite fille...
8/10

Résumé :
Directrice d'établissement pénitentiaire, Véronique Sousset choisit 2008 de passer "des barreaux, au barreau" en devenant avocat, pendant 4 ans. Durant cet intervalle, elle est commise d'office dans une affaire terrible qui peut faire vaciller toute foi en l'homme : elle accepte la défense d'un père meurtrier de son enfant. Elle va alors éprouver le sens de son engagement. Comment se confronter à la part la plus sombre de l'humain? Un homme se réduit-il à son acte aussi effroyable soit-il? Dans ce procès de l'indicible, elle est allée chercher les mots pour répondre à cette question maintes fois posée :comment défendre un monstre?
Commenter  J’apprécie          10
Véronique Sousset, directrice d'un centre pénitentiaire, a décidé pendant 4 ans d'exercer le métier d'avocate.

Elle accepte d'être commise d'office et se retrouve face à un homme accusé d'avoir maltraité sa fille de 8 ans pendant plusieurs années avant de la tuer.

A travers ce récit, on est face à cette terrible affaire où il n'y a pas de doutes possibles quant à la culpabilité de son client. Ce dernier a avoué son crime.

Se posent alors un grand nombre de questions pour cette femme qui accepte par défi de défendre cet homme jugé pour des actes inhumains. Comment devient-on l'avocat d'un tel homme? Est-il seulement défendable alors que tous le considère comme un monstre?

On suit Véronique Sousset de l'instruction du dossier au jugement final en passant par l'épreuve de la reconstitution au domicile de la victime.

Dans ce livre, l'auteur ne donne aucun nom. le meurtrier est seulement désigné par le pronom « vous » qui donne un caractère universel à ce texte et qui nous pousse à réfléchir sur la notion de perpétuité.

L'avocate doit se concentrer sur les faits et se détacher de ses émotions. Elle se posera notamment la question : A-t-elle fait le bon choix en acceptant de défendre cet homme?Malgré les préjugés concernant sa carrière, cette femme fait face.

La première rencontre au parloir avec son client est particulièrement marquante. Il faut encaisser, garder de la distance et ne pas flancher.

La plaidoirie finale de l'auteur est brillante et j'ai admiré la manière dont elle manie les mots à la perfection.

Véronique Sousset nous livre ici un témoignage intense sur son expérience en tant qu'avocate. Malgré la cruauté des actes de son client, elle garde foi en l'homme. Elle a fait preuve de courage en acceptant de défendre cet homme que tout le monde considère comme un monstre.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          10
Un fait divers terrible : la maltraitance quotidienne d'une petite fille de 8 ans, Diana.
Il y a eu un livre écrit par Alexandre Seurat dont le titre est « La maladroite » puisque c'est comme ça que cette petite essayait d'expliquer ses innombrables traces.

Dans « Légitime défense » la parole est à l'avocate du père meurtrier.
Puisque Diana est morte sous les coups de son père...
Elle tente d'expliquer son choix de défendre cet homme qui tient plus du monstre que de l'homme.
Qu'est-ce qui motive l'avocate ?
Comment la femme vit ça en sortant du tribunal ?

Un livre merveilleusement bien écrit.
Des phrases ciselées, des images poétiques.
Une plaidoirie et une sentence qui rendent hommage à cette pauvre petite victime.
Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Véronique Sousset (2) Voir plus

Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Virginie Grimaldi ou Agnès Ledig

Juste avant le bonheur ?

Virginie Grimaldi
Agnès Ledig

10 questions
48 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}