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Souvenez-vous du terrible livre d'Alexandre Seurat "La Maladroite" (éditions du Rouergue août 2015) qui racontait comment, malgré les multiples signalements des institutrices, les démarches des services sociaux et de la gendarmerie, une petite fille, maltraitée par ses parents, avait fini par succomber sous les coups de ces derniers. Ce texte m'avait beaucoup touchée et j'en garde encore une profonde impression de malaise face à l'inefficacité des uns et des autres pour sauver une enfant en danger. Je ne condamne personne, ce serait trop facile, néanmoins, face à l'horreur absolue, on se dit toujours que le pire aurait pu être évité.
Lorsque j'ouvre Défense légitime dont le sous-titre est : « Défendre un homme que l'opinion considère comme un monstre. le récit bouleversant d'une avocate », je ne sais rien du lien entre le livre de Seurat et celui que je m'apprête à lire. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le « monstre » dont il s'agit n'est autre que le père de la petite.
Sur le coup, je l'avoue, je m'interroge sur la poursuite de ma lecture. Je ne pense qu'à l'enfant et à tout ce qu'elle a subi et suis tout à fait incapable d'entendre parler de l'autre, celui que je ne veux même pas nommer tellement il ne mérite plus de l'être. J'ai le livre entre les mains et les mots de l'avocate qui m'accompagnent. Sans eux, j'aurais abandonné, sans eux, j'aurais tout lâché, incapable, seule, d'y voir plus clair, refusant la moindre explication qui ouvrirait une voie vers l'autre que je me refuse à voir. Non, c'est au-delà de mes forces.
Et pourtant, aidée, guidée, tenue par les mots de Véronique Sousset, l'avocate du « monstre », j'avance vers quelque chose qui me semble être une forme de lumière encore bien floue. C'est difficile, j'ose à peine regarder où je mets les pieds mais j'y vais.
Qui est-elle, cette femme, l'avocate ? Oh, surprise ! Elle est comme moi, pas plus capable de supporter l'insupportable que moi. Non, elle n'est pas une superwoman. Elle s'interroge : « Comment défendre ce que l'opinion nomme un monstre ? », comment regarder celui qui se trouve en face de vous et qui a commis le pire ? « Monstre, un des rares mots de la langue française qui ne rime avec aucun autre. du latin « monstrum » : phénomène singulier avant que de désigner un être qui fait horreur. Je n'en avais jamais côtoyé de si près. J'ai fait sa connaissance. Rien n'efface cette expérience. Abasourdie, on baisse le regard dans un premier temps, puis on lève la tête pour lui faire face. » Elle doit accepter d'être pour les autres « l'avocat d'un salaud » et logiquement, devenir aussi « le salaud d'avocat », accepter « d'entendre l'inaudible », accepter d'écouter, d'échanger avec lui, celui qui se tiendra de l'autre côté de la table. Corps séparés, éloignés, tenus à distance. Lire les dossiers, voir les photos, assister à la reconstitution des faits. « Des heures de questions préparées, de confrontations, pour savoir qui, quand, où, comment, rarement pourquoi. », « Éreintée de cette plongée dans les entrailles de l'humanité, secouée pour avoir ainsi frôlé les bords de votre gouffre, j'ai bien failli chuter. » Elle avance comme une funambule sur un fil, je la suis difficilement, mets mes pas dans les siens, je l'imite mais je tremble. Je regarde ses mains, elle aussi tremble : « Je sens bien que si je me penche sur elle (la petite), je ne pourrai plus vous accompagner. Votre fille est une flamme qui brûle où mes certitudes peuvent aussi se consumer. »
Elle se doit de rester concentrée, maîtriser son corps, ses émotions. « Pourquoi est-ce vous qui reprenez le dossier ?, ne me demandez-vous pas. Je ne vous réponds pas : « Parce que personne n'en veut au barreau. » Ma consoeur a abdiqué pro domo, car comme à tant d'autres, vous faites horreur. » L'avocate est commise d'office, on s'interroge sur sa décision de défendre celui qui a « frappé, insulté, séquestré » et tué son enfant. Pourquoi accepter de le défendre ? Pour comprendre, refaire le parcours du début, de son début à lui, l'homme, de son enfance à son enfant. Chercher la parcelle d'humanité certainement enfouie en lui, la ramener à la surface pour qu'avec le temps, le monstre redevienne homme. « C'est quoi une juste peine ? La juste peine c'est une peine utile, qui répond à ce double objectif : punir et prévenir. Elle devient alors l'instrument possible d'une réadaptation à la société, c'est à ça que doit servir la prison. Car « faire sa peine » comme on l'entend, ce n'est pas laisser s'égrainer le temps, des années comme des bâtons alignés que l'on raye sur un mur de cellule. Faire sa peine, c'est s'en emparer. La prison sera le lieu où Monsieur va continuer le chemin qu'il a commencé vers nous. »
Madame, sachez que non seulement vous avez été lue mais aussi que vos mots viendront dorénavant éclairer ma pensée. Je ne suis pas certaine de marcher toujours bien droit et je crains même quelques rechutes, alors, croyez-moi, je ressortirai votre livre et relirai ces lignes qui m'ont empêchée de renoncer « à la foi que l'on doit garder en l'homme. »
Merci.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Je me suis décidée à sortir ce récit de ma pile en entendant son auteure un matin sur France Inter... Un témoignage à la fois poignant et profondément utile : celui d'une avocate amenée à défendre un individu a priori indéfendable selon l'opinion c'est à dire vous et moi. Qui ne s'est pas demandé, un jour, face au pire criminel, comment on pouvait défendre cet homme ? Véronique Sousset, en prenant la parole pour livrer son expérience apporte quelques éléments de réponse et surtout de réflexion. Sans emphase, sans nier la difficulté et la complexité de la confrontation, elle tente, avec coeur et intelligence de montrer pourquoi la défense est aussi importante que légitime, quel que soit le contexte.

Véronique Sousset a donc défendu un homme coupable d'avoir tué son enfant après des années de maltraitances. Impossible de ne pas se souvenir de cette histoire sordide, de cette petite fille de huit ans objet de brimades et de coups de la part de ses parents, un couple infernal passé à travers les mailles de tous les filets de surveillances et autres signalements. Alexandre Seurat en avait fait le sujet de son premier roman, La Maladroite, dans lequel il donnait voix à l'entourage, de ceux qui n'avaient rien vu ou rien voulu voir à ceux qui avaient tenté d'alerter, en vain. Un monstre est-on tenté de penser. Non, un homme répond Véronique Sousset. Car ce serait trop facile d'écarter d'un geste la part sombre de l'humanité, de nier que l'homme peut être à l'origine du pire sans que la folie ne vienne excuser son geste.

L'auteure raconte cet épisode si particulier de sa vie. Les regards étonnés souvent, horrifiés parfois lorsque ses interlocuteurs comprennent qui elle défend ; sa réflexion profonde sur le sens de son métier et de son engagement ; ses face à face avec lui, le meurtrier qui est néanmoins homme, mari, fils et père ; ses pensées tournées sans cesse vers la petite victime, qui la surprennent dans les moindres actions de la vie quotidienne ou se voient amplifiées au contact des rires d'enfants dans un square. Mais elle ne s'apitoie pas. Elle réfléchit, elle raisonne, elle avance.

"Les longues plages de vide donnent du temps pour lire. Les couloirs du palais, les salles d'attente des cabinets des juges ne sont pas des lieux propices à l'écoute intérieure d'un texte et pourtant, là où le pire est plus souvent rencontré que le meilleur, dans cet espace où les hommes sont à vif, la lecture est un baume."

La lecture lui est donc un baume, comme pour nombre d'entre nous. Peut-être parce qu'elle explore si bien les tréfonds de l'âme humaine qu'elle apporte un éclairage toujours renouvelé sur ces points de bascule qui font passer du blanc au noir. Mais ne nous méprenons pas. L'avocate s'en tient aux faits, il n'est nullement question pour elle de réécrire l'histoire. Sa plaidoirie finale invite à une réflexion bienvenue sur le sens de la défense. Et offre une vision passionnante et dépourvue de tout effet de manche sur le rôle complexe de l'avocat.

"La propension à confondre droit et morale est néfaste à la difficile mission de juger. Il n'y a qu'à constater la pléthore de lois pénales édictées depuis ces dernières années pour répondre au gré de faits divers dramatiques, à l'émotion de l'opinion. On cadenasse, on verrouille, on gomme la réflexion au profit de la répression. Pour quel gain ? Sinon celui de la bonne conscience. Ce dossier est difficile mais il n'empêche pas d'être lucide. On peut défendre un monstre et ne pas se résoudre aux raccourcis de la morale. Si elle est un socle indispensable au bien-jugé, elle ne peut tenir lieu de motivation d'une décision. le droit comme une digue aux bouleversements de la raison. Je m'y accroche."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Comment se faire l'avocate du diable ?

C'est au Boulevard du Polar que j'ai rencontré Véronique Sousset. Elle m'a présenté son livre comme un témoignage basé sur une histoire vraie. Une histoire vécue et qui l'a bouleversée. Et plus je l'écoutais parler plus cela me rappelait un roman lu en 2015. Son récit « Défense légitime » parle, en effet, de la même affaire que celle qui a inspiré Alexandre Seurat dans « La Maladroite », récit bouleversant que j'avais beaucoup aimé.

Véronique Sousset a défendu un père tortionnaire de sa fillette de 8 ans. Elle nous présente d'abord le dossier, sans fioriture : date, lieu, description, autopsie, photos et témoignages de l'entourage. Elle tente de laisser de côté ses émotions pour s'en tenir aux faits.
Elle parle ensuite de son client qu'elle se refuse à voir comme un monstre mais pour lequel elle n'a aucune compassion, aucune sympathie. Elle va devoir lutter contre sa répulsion et établir peu à peu un contact professionnel et chercher en lui une once d'humanité.
Puis viendront le regard des collègues, de la presse, les commentaires, la reconstitution (si difficile à supporter tant les faits sont horribles)... Et au bout du bout, les assises.

Commise d'office pour défendre ce père infanticide, Véronique Sousset nous plonge au coeur de l'horreur avec dignité et retenue. Son récit est servi par une écriture précise et fluide car elle manie les mots avec intelligence et finesse. Il s'insinue en nous, touche et fait réfléchir.

Une question sous-tend tout son témoignage : « Pourquoi défendre un monstre ? » A travers ce récit, elle formule peu à peu une réponse : et si défendre n'était pas excuser ou trouver des circonstances atténuantes mais expliquer, donner du sens pour juger en connaissance de cause ?

L'auteur nous raconte l'instruction et le procès et parvient à insuffler un peu d'humanité à ce récit insoutenable. Une lecture intense qui nous incite à ne pas oublier « La foi qu'on doit garder en l'homme ».
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Ce récit est le juste pendant du livre d'Alexandre Seurat « La maladroite » chez le même éditeur.
Il s'agit de l'affaire Marina Darras Sabatier, enfant tué par ses parents à l'âge de 8 ans, épilogue d'une vie de martyre et d'un grand n'importe quoi des services sociaux.
Véronique Sousset, directrice d'établissement pénitentiaire décide en 2008 de devenir avocate au pénal. Et elle nous livre son expérience puisqu'elle a été chargée de « défendre un monstre ».
« Avant, il a fallu refaire le chemin de l'horreur, coup pour coup. Consentir à ne rien comprendre. Courir ce risque. Ecouter votre langue, saisir vos mots, les prendre en charge, mais reconnaitre d'abord leur étrangeté. Durant de longues années, sur l'autel de votre amour propre et de celui bien plus sale de votre amour conjugal, vous avez, avec votre femme, frappé, insulté, séquestré votre enfant. »
Le lecteur comprend d'emblée que le droit d'être défendu sera omniprésent que cela n'a rien à voir avec la recherche d'excuses mais qu'il s'agit de comprendre pour ceux qui ont la lourde tâche d'être dans le jury mais aussi pour que l'accusé comprenne ce qu'il a fait.
Cet homme a été déclaré « sain d'esprit » et d'intelligence normale voire plus, alors…Comment en est-il arrivé là ?
En creux l'auteur nous dit l'impact au jour le jour qu'il y a sur sa vie quotidienne, ce qu'il lui faut d'énergie pour faire son métier. Les codes qu'il faut trouver. L'accusé n'a pas la même facilité à manier le langage.
Le lecteur progresse avec la défense et l'accusé, sans jamais oublier Marina ni son calvaire. Mais ce qui est mis en exergue c'est la complexité humaine, il n'y a pas de place pour le « c'est blanc ou noir » non la gamme des nuances grises est infinie.
Lorsque l'accusé apprend que l'avocat désigné d'office a renoncé, il demande à Véronique Sousset « Pourquoi ? C'est compliqué mon affaire ? » sur le moment on manque d'air puis plus tard certains voiles tombent.
Le récit de la reconstitution est juste effroyable, et à un moment votre défense fait sens : « Je me dissous dans ma fonction. Je vous tends un mouchoir et vous demande impassible de vous concentrer. Vous êtes un pantin et j'aperçois les ficelles qui vous tiennent. Enfin je vous vois, enfin vous comprenez, enfin vous me confirmez que je ne suis pas là pour rien. »
Devant nous se déroule une vie, des vies, l'horreur, l'indicible qui fait jour, les méandres dans lesquels on se noie.
Je crois que la lectrice que je suis n'a respiré normalement qu'une seule fois, lorsque parmi les gens qui vous ont côtoyé au cours de votre vie, un seul s'est présenté pour dire celui qu'il a connu : « il dit à la barre que vous êtes son meilleur ami, qu'il n'en a plus eu depuis, que c'est normal qu'il vienne témoigner, que c'est la vie. » et la réponse de l'accusé nous explose en pleine face « Non, Frédéric, ce que j'ai fait c'est pas la vie… »
Je vous laisse découvrir la plaidoirie qui justifie la défense de tout individu, car il y a un homme derrière. A la fin de ce récit, nulle envie de pardonner, d'excuser, pas d'empathie avec l'accusé, il y a juste un homme devant nous et une femme qui va au bout de son engagement.
Merci Véronique Sousset de nous éclairer avec ce récit tracé droit comme un sillon vers « La foi qu'on doit garder en l'homme ».
En chapitres courts, avec des mots choisis pour une sobriété de bon aloi, vous aussi vous avez redonné une vie à Marina, cette enfant qui, un an avant de mourir, à déclarer aux gendarmes : « Papa et maman sont gentils. Non, ils ne s'énervent pas, sauf si je fais des bêtises, mais c'est rare. Je tombe souvent ou je me chamaille avec mes frères et soeurs. »
©Chantal Lafon- Litteratum Amor 09 mars 2017
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Une lecture qui me travaille et dont je ne sais vraiment pas quoi penser.
Autant "La maladroite" qui traite de la même "affaire" m''avait donné la nausée tant j'en l'avais trouvé malsain, autant là je ressors de ma lecture d'une traite perplexe et pleine de questionnements.
J'ai été dérangée par ce livre qui "humanise" un monstre que je ne veux pas humaniser mais tout en étant bien consciente de l'intérêt de ce point de vue.
Malgré tout, j'ai aimé avoir une autre perspective, celle de l'avocate du "monstre". de tenter de comprendre pourquoi elle avait accepté ce dossier qui touche à ce que l'humain a de plus ignoble.
J'ajouterai juste que le livre se lit très bien, très vite et qu'il est très bien écrit.
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"La question est sans réponse a priori.

Comment, lorsque gronde la colère des faits, affirmer autre chose que ce qu'il est commun d'entendre ? Éviter l'hyperbole au profit de la mesure ? Comment défendre ce que l'opinion nomme un monstre ?"
Ce qu'il est commun d'entendre et de penser, c'est qu'un homme qui a martyrisé physiquement, psychologiquement son propre enfant durant des années, qui l'a tuée, ne mérite pas d'être défendu.
Perpet' et qu'il s'estime heureux. Perpet' et que ses codétenus lui en fassent baver au moins un dixième que ce qu'il a fait endurer à sa progéniture.

Comment un avocat peut-il défendre un monstre ? Pourquoi accepte-t-il cette mission au risque de devenir l'allié du monstre, être celui qui travaillera à alléger la peine d'un père bourreau qui n'a eu aucune indulgence envers une enfant, la sienne, qui elle, n'a bénéficié d'aucune défense.

Car enfin, rien n'oblige un avocat à être celui du diable.

L'auteure a été commise d'office. Elle aurait pu refuser, bien sûr. Mais elle va accepter d'approcher cet homme immense, déglingué, armé de deux pognes gigantesques, les armes du crime. Parce que la défense est un droit, pour tout un chacun, parce qu'elle a choisi le pénal et que si elle est consciente que dans cette affaire, elle peut y laisser des plumes et sa clientèle, il lui faut se frotter à ce que l'humanité trimballe de plus noir pour tenter, non pas d'accepter, mais de comprendre, un peu.
L'homme a tout avoué. Il se qualifie lui-même de monstre. Il veut perpet'. Il tente même d'inviter son avocate à se dessaisir de ce dossier immonde. Il ne mérite plus rien.

Nous voilà plongés dans les rencontres entre l'avocate et le client. Dans les reconstitutions, les audiences, dans l'horreur brute, dans les fragments d'humanité qui remontent, parfois, à la surface, mais que le client refuse d'utiliser comme d'infimes éléments de défense.

Elle garde la juste distance. Elle encaisse.

Et la mère ? C'est pire. Mais il la couvrira, parce que le monstre est amoureux fou. Se dessine alors le portrait d'un homme qui n'est pas né monstre, mais qui l'est devenu.
Une autre question émerge : l'homme est-il un monstre ou est-il est un homme qui a commis des actes monstrueux ?

L'exhibition des faits, dans ce récit, nous est épargnée. Il aurait bien sûr été tentant de décrire par le menu les sévices infligés, le coup de grâce, le corps planqué, le silence… Rien de tout cela n'a été employé par l'auteure pour appuyer là où ça fait mal. Mais rien n'a été caché non plus. Tout est direct, abrupt, sans empathie pour le coupable, sans haine non plus.

La plaidoirie est d'une justesse, d'une justice impeccable. Et justice a été rendue. À aucun moment, la petite fille n'a été oubliée par celle qui a défendu son meurtrier, son papa.

À travers ce récit adressé au coupable, l'auteure s'autorise à parler à cet homme, comme il lui était impossible de le faire quand elle était son avocate. En s'adressant à lui, en l'humanisant dans la mesure du possible, elle nous parle, à nous. Elle plaide sa cause à elle, à celle de ses confrères, ceux qui acceptent ce qui semble inacceptable, ceux qui défendent, en leur âme et conscience.

La question, aujourd'hui, a trouvé quelques réponses.

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Défense légitime de Véronique Sousset

Mon avis:
Je ne sais pas trop quoi en penser. En effet, comment peut-on défendre un monstre? Véronique Sousset tente d'y répondre, avec beaucoup de courage. Car du courage, il en fallait vu l'ampleur et la gravité cette affaire. Je pense qu'elle a trouvé les bons mots pour nous expliquer comment elle a pu défendre son client, un père qui a tué sa propre fille. Elle nous montre qu'il reste un homme mais j'ai comme l'impression qu'elle veut avant tu nous montrer le bon de cet homme. Il y en a forcément, elle nous explique " leurs coulisses, leurs entrevues", qu'il a assumé tous ses actes et qu'il n'a pas toujours été ce père abominable. Mais je ne suis pas convaincue par cet aspect. Il a commis l'irréparable, je ne peux pas passer au-delà et imaginer l'homme qu'il y a en dessous. La plume est vraiment bien maniée parfois même, poétique.
Lecture intéressante, qui nous montre, sous un nouveau jour, un point de vue, un témoignage terriblement poignant toujours en hommage à cette pauvre petite fille...
8/10

Résumé :
Directrice d'établissement pénitentiaire, Véronique Sousset choisit 2008 de passer "des barreaux, au barreau" en devenant avocat, pendant 4 ans. Durant cet intervalle, elle est commise d'office dans une affaire terrible qui peut faire vaciller toute foi en l'homme : elle accepte la défense d'un père meurtrier de son enfant. Elle va alors éprouver le sens de son engagement. Comment se confronter à la part la plus sombre de l'humain? Un homme se réduit-il à son acte aussi effroyable soit-il? Dans ce procès de l'indicible, elle est allée chercher les mots pour répondre à cette question maintes fois posée :comment défendre un monstre?
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Avec une écriture franche, directe, poétique, sensible et pudique, l'auteure livre un petit livre très lourd. Défense légitime évoque une affaire sordide et même, si rien n'est réellement caché et que l'horreur est palpable, Véronique Sousset nous épargne l'étalage des faits inutiles. Quelques détails nécessaires sont livrés mais il s'agit essentiellement du rapport à l'homme, de son travail et de sa part d'investissement personnel.
Il y a là une très grande justesse. Pas d'empathie (jamais elle ne cherche à dédouaner), mais un regard intelligent porté sur l'homme qui touche profondément.................................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Véronique Sousset, directrice d'un centre pénitentiaire, a décidé pendant 4 ans d'exercer le métier d'avocate.

Elle accepte d'être commise d'office et se retrouve face à un homme accusé d'avoir maltraité sa fille de 8 ans pendant plusieurs années avant de la tuer.

A travers ce récit, on est face à cette terrible affaire où il n'y a pas de doutes possibles quant à la culpabilité de son client. Ce dernier a avoué son crime.

Se posent alors un grand nombre de questions pour cette femme qui accepte par défi de défendre cet homme jugé pour des actes inhumains. Comment devient-on l'avocat d'un tel homme? Est-il seulement défendable alors que tous le considère comme un monstre?

On suit Véronique Sousset de l'instruction du dossier au jugement final en passant par l'épreuve de la reconstitution au domicile de la victime.

Dans ce livre, l'auteur ne donne aucun nom. le meurtrier est seulement désigné par le pronom « vous » qui donne un caractère universel à ce texte et qui nous pousse à réfléchir sur la notion de perpétuité.

L'avocate doit se concentrer sur les faits et se détacher de ses émotions. Elle se posera notamment la question : A-t-elle fait le bon choix en acceptant de défendre cet homme?Malgré les préjugés concernant sa carrière, cette femme fait face.

La première rencontre au parloir avec son client est particulièrement marquante. Il faut encaisser, garder de la distance et ne pas flancher.

La plaidoirie finale de l'auteur est brillante et j'ai admiré la manière dont elle manie les mots à la perfection.

Véronique Sousset nous livre ici un témoignage intense sur son expérience en tant qu'avocate. Malgré la cruauté des actes de son client, elle garde foi en l'homme. Elle a fait preuve de courage en acceptant de défendre cet homme que tout le monde considère comme un monstre.
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Les mains du condamné sont moins imposantes que celles du coupable


« La question est sans réponse a priori. Comment, lorsque gronde la colère des faits, affirmer autre chose que ce qu'il est commun d'entendre ? Eviter l'hyperbole au profit de la mesure ? »

Le récit de Véronique Sousset est poignant car il parle de l'humanité, de « juger un homme derrière son crime ». Il ne s'agit ni d'excuser, ni de trouver des circonstances atténuantes. Une « plongée en « obscurcie » ».

L'auteure parle des regards sur l'autre, des qualification de monstre, « est-on un monstre parce que l'on a commis une monstruosité ? », de la victime que l'on nie, de cette part d'humanité que nous partageons…

Elle indique qu'il « a fallu refaire le chemin de l'horreur, coup pour coup », entendre l'inaudible, dire l'indicible… Prison, rencontre, interrogatoires, procédure, tribunal, assises, sens de la défense, jugement…

Je souligne la pudeur et les difficultés de la rencontre avec cet homme, la superposition des images, les mots « Il y a des mots que vous prononcez que je ne pourrai jamais dire, d'autres que vous ressassez que je combats », des mots qui bastonnent, le vertige des questions, les « grandes pelletées de silence pour boucher le trou », la prison, « la prison, au risque de perdre son sens, ne peut pas être qu'un lieu de relégation où la société enferme le pire d'elle-même », la différence entre une longue peine et une perpétuité.

Un récit pour réfléchir au delà de l'horreur, « Peut-on rester debout après de tels actes ? », du presque indicible.

Je poursuis un raisonnement. Pourquoi traiter les crimes collectifs comme des crimes politiques (génocide, crimes de guerre, crimes contre l'humanité) et d'autres crimes comme des « faits divers » (ici torture et assassinat d'enfant, mort par « accident » du travail, violences conjugales – euphémisme pour les meurtres de femme par leur conjoint) ? Crimes politiques du travail, crimes politiques de la violence sexuelle, crimes politiques de la violence raciste, crimes politiques de la violence envers les enfants, crimes politiques des armées et des polices…

Comment oublier ces milliers de criminel-le-s, très majoritairement des hommes, dont certain-e-s non jugée-e-s qui circulent à travers le monde ou gouvernent même certains Etats, ceux qui brillent dans la lumière en dénégation de leurs crimes…

Pour les un-e-s négation des faits et des responsabilités, pour les autres refus d'interrogations au nom du « pas d'excuse » (Lire par exemple, Bernard Lahire : Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue « culture de l'excuse »).

Il importe de faire procès, juger et condamner, en public et dans le respect des procédures judiciaires. Il en va de la mémoire de toutes et tous, du respect des victimes – de toutes les victimes, de l'humanité des un-e-s et des autres, des possibles émancipateurs…

Quant aux protections des vivant-e-s et des peines applicables aux coupables, d'autres débats seraient nécessaires.

« J'ai serré les poings pour m'ordonner de croire que la vie était belle, fascinant le hasard qui me menait ici… Mais un enfant est mort, là-bas quelque part, mais un enfant est mort et le soleil est noir. » Barbara citée par l'auteure.
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