Quel tour de force que ce roman. L'idée est brillante et rondement menée. l'intrigue très simple, force le lecteur à réfléchir à des mécaniques de pensées, qui s'il elles ne sont pas familières, peuvent dérouter. En effet,
Aminata Sow Fall s'attaque au statut de la mendicité et à ce qu'elle représente dans le pays du Sénégal, en allant titiller non sans une certaine hargne, les grandes instances politiques du pays.
Court roman de moins de deux cents pages, «La Grève des battù», place son intrigue au moment de changement politique majeure, entraînant de ce fait des personnages aux desseins contrastés. On ne sera pas mécontent de voir la place qu'est faite à la femme dans ce roman et les différentes facettes qu'elle peut vêtir. L'intrigue est portée par une écriture fluide, elle même portée par des dialogues percutants.
L'autrice propose un rôle aux mendiants en leur prêtant une certaine mystique liée aux superstitions des gens du pays. Cependant, ces mêmes mendiants indispensables au bon fonctionnement du pays sont priés de dégagés très rapidement car cela fait du mal au tourisme. L'intrigue s'emballe et tout le propos du livre se dévoile dans les cent dernières pages.
Un roman qui sort de la zone de confort à laquelle je me suis habituée, ici on est face à une lecture prolétarienne mêlée de mysticisme et de jeux politiques. le tout sous l'oeil avertit des gourous.