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EAN : 9782723608374
144 pages
Nouvelles éditions africaines (30/11/-1)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Un adolescent qui ne peut se courber aux disciplines scolaires, des parents inquiets et malheureux qui s'interrogent. C'est que le jeune homme ressent une forme inattendue et authentique de "grand cri nègre": l'appel des arènes de luttes, avec leur suggestion d'héroïsme, de charisme et mysticisme.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est un livre sur un combat que mène un couple de Sénégalais qui choisit la modernité, l'Occident. Quand leur fils unique se tourne vers les combats dans les arènes, c'est l'incompréhension ! Beaucoup de doutes, beaucoup d'hypothèses, d'essais-erreurs de leur part, pour trouver la bonne réponse à la passion de leur fils. Au terme de batailles psychologiques douloureuses, tout converge vers une heureuse réconciliation des forces traditionnelles et de la rationalité… l'acceptation d'une double culture, d'une double influence, le nouveau choix d'une convergence.
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Louga, fin du 20ème siècle. Nalla, douze ans, rêve pendant les exercices de grammaire. Il s'ennuie. La solitude lui pèse. Inhabituelle, cette solitude d'enfant unique. Les enfants sénégalais se rencontrent plutôt en bande de cousins ou de frères. Ses parents, éduqués et modernes, vétérinaire et sage-femme, ont prévu une éducation occidentale, stricte et bien rangée. Nalla n'a pas le droit de jouer avec les enfants du quartier. Il doit réussir à l'école, même au prix des cours particuliers de Monsieur Niang.

Nalla s'étiole. Ses parents, inquiets, l'interrogent. Il ne rêve pas, il écoute les tambours de l'arène. Son seul ami, André était un lutteur du Saloum. Il lui a fait connaître Malaw, le grand champion, qui a fait de lui son garçon-fétiche. le monde des lutteurs, est l'antithèse de ce que les parents modernes et occidentalisé imaginaient pour leur fils. Traditions ancestrales, brutalité de ce sport. Ils cherchent à l'éloigner des arènes.

Nalla trouve un allié inattendu chez Monsieur Niang qui voit toute la poésie dans le rêve de l'enfant. Poésie des chants des griots et des paroles des combattants qui'l a enregistrées sur un magnétophone. Poésie des contes que Malaw, le lutteur raconte à l'enfant. Traditions orales transmises par les griots et les chanteuses. Initiation des enfants qu'on a refusée à Nalla...Solidarités familiales et villageoises qu'il a connu, petit, chez sa grand mère dont on l'a éloigné.

Le diagnostic de Monsieur Niang est précis : aliénation.

"L'aliénation est assurément la plus grande mutilation que puise subir un homme"

[....] "l'homme perd ses racines et l'homme sans racine est comme un arbre sans racines : il se dessèche et meurt."

L'auteur raconte avec grâce le monde enchanté des lutteurs, des griots, les traditions, les hommes-lions, les fêtes et les gris-gris...
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Diattou, la mère, travaille à la maternité et veut quitter la ville pour éloigner son fils de ce qu’elle estime être de mauvaises influences :
La maternité. Quitter à tout prix la maternité. Elle n’a plus la noblesse et la splendeur d’une source de vie. Elle est hantée par les forces du mal et par la calomnie. Elle est le désastre et le chaos. Le vent sec et chaud de l’harmattan y draine des relents de ruine. Maudite maternité. L’employé des voiries n’y passe plus. « A-t-il peur que je lui dérobe son âme ? » Les toiles d’araignées recouvrent les murs d’un voile lugubre. Les feuilles de bentenier forment un tapis très épais et s’amoncellent sur le gazon desséché. Le soleil les a grillées… leur crissement, sous ses pas, lui donnent le vertige. « Voilà où peut mener ce complot social que j’ai toujours détesté. Guidé par l’aveuglement de l’instinct plutôt que par la lumière de la raison. Mais alors la raison, quelle force a-t-elle si elle ne peut pas balayer ces croyances et ces mythes fondés sur rien ? Si elle ne peut pas tout ramener à la rigueur mathématique, quel est son intérêt ? Me voici victime de ces pressions collectives, haïes et combattues. Quelle aberration ! »
Le souvenir du village l’a assailli sous la forme d’une pieuvre. Elle a résisté et s’est contracté la gorge, comme on si on lui demandait de revenir à ses vomissures.
A son retour d’Occident, lorsqu’elle était partie pour récupérer son fils Nalla, elle avait débarqué en mini-jupe. Son accoutrement et ses cheveux coupés ras avaient scandalisé les villageois. La stupeur n’était pas encore passé qu’elle osa se promener dehors en pantalon, cigarette au coin des lèvres. Les villageois, en observant ses fesses en forme de calebasses moulées dans le pantalon et en les voyant rebondir lorsqu’elle marchait, avaient pensé que Diattou leur jouait une scène de dérision. Mais ils n’en avaient pas ri. Une profonde secousse les avait ébranlés et en premier lieu, Mame Fari.
- Diattou, as-tu tout ton esprit ? avait demandé sa mère.
Ses éclats de rire avaient résonné dans le ventre de Mame Fari comme une insolence. Elle n’avait pas perçu l’horreur que montrait le visage de sa mère.
- Bien sûr que j’ai tout mon esprit ! Pourquoi tu me le demandes ?
- Ta mise est indécente, ma fille… que diront les gens ?
- Mais, ils n’ont rien à dire ! Ce que je fais ne les regarde pas. Est-ce que je me mêle de leurs affaires ?
- C’est notre tradition de nous regarder et de noue redresser mutuellement, ma fille.
- Le monde n’est plus ce qu’il était hier. Personne ne peut arrêter le progrès. Il faut vivre dans son siècle, sous peine de s’éteindre. Notre siècle, c’est celui du progrès et de la liberté.
Mame Fari n’avait pas eu le courage de rapporter cette conversation. Elle avait senti que la colère grondait dans les cœurs. Et aussi l’indignation. Le conseil des anciens avait été réuni.
- Je ne vous appartient pas, avait dit Diattou, sans pudeur et sans le moindre respect
pour ces braves laboureurs aux mains calleuses et à la barbe blanche. Vous n’êtes ni mon père ni ma mère, vous n’avez donc pas à vous mêler de mes affaires. Je suis grande maintenant. Je suis majeure. Je peux disposer de ma personne comme je l’entends. Personne n’est mon tuteur.
- Le diable sera ton tuteur, avait dit le vieux Madiodio courbé sous ses
quatre-vingt-treize ans.
Il symbolisait la dictature aux yeux de Diattou. Il l’exaspérait.
Le lendemain de cette fameuse réunion, elle s’était embarqué avec Nalla pour la capitale.
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Vidéo de Aminata Sow Fall
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