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sur 716 notes
Nous sommes dans les derniers jours de la terreur nazie. Magda Goebbels, femme dure qui aura marqué l'Histoire notamment par le sort qu'elle a réservé à ses enfants mais dont on sait finalement peu de choses, nous partage son histoire personnelle. Sébastien Spitzer nous offre avec son roman Ces rêves qu'on piétine, une plongée dans ses pensées les plus sombres. En même temps l'auteur nous propose de découvrir des destins de déportés obligés de quitter les camps à l'approche des troupes alliées et que l'on fait marcher jusqu'à l'épuisement le plus total. Un destin de femme mis en parallèle avec des histoires dramatiques causées par des choses qu'elle a appuyées.

En se penchant sur Magda Goebbels, femme très froide et qui semble n'éprouvait aucun amour sauf pour son premier fils Harald, Sébastien Spitzer nous met face à une histoire très dure et qui nous met le frisson dans le dos. Enfermée dans le bunker avec Hitler, Magda Goebbels nous offre son point de vue et sur comment elle vit la fin du régime. le portrait de cette femme ne peut être que dur et terrible mais elle restera malgré tout un mystère pour tous quand on connaît son acte final.

Porté par une plume travaillée mais percutante et tranchante, l'auteur nous propose un roman très immersif. Bien que l'on connait la fin, difficile de ne pas être pris dans ce roman. Avec ce roman, j'ai découvert un auteur qui marque et qui ose. Vivement le prochain.

Ces rêves qu'on piétine de Sébastien Spitzer est un roman dont j'avais déjà entendu énormément de bien au moment de sa sortie en grand format et donc c'est donc avec beaucoup d'attente et d'impatience que j'ai découvert que j'avais été tiré au sort lors de la masse critique. Je remercie donc Babelio et les éditions le Livre de poche pour l'envoi de ce roman.
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Dernier roman faisant partie de l'excellente sélection des Talents cultura de cette année 2017, le tout premier roman de Sébastien Spitzer, Ces rêves qu'on piétine, est paru cette rentrée littéraire aux éditions de l'Observatoire, toute jeune maison qui inaugure ainsi de très jolie faon sa première rentrée littéraire .

Historien de formation, Sébastien Spitzer revient dans ce premier roman sur les derniers jours de Magda Goebbels, épouse du ministre de la propagande nazie, et situe son intrigue dans le bunker du Führer où elle se donna la mort avec son époux et ses six enfants le 1er mai 1945.

Centrée autour de celle qui est sans doute la figure féminine la plus puissante et en tout cas la plus emblématique du IIIe Reich, Spitzer utilise la forme du docu-fiction à plusieurs voix., dont celles des femmes, prédominantes dans ce roman aussi féministe qu'ambitieux.

Sébastien Spitzer fait parler aussi bien les voix des victimes que celles des bourreaux afin de restituer cette période trouble de cette toute fin de guerre particulièrement trouble et pleine d'incettitude avec ce beau mélange très fluide entre réalité et fiction sur un sujet souvent traité par les oeuvres cinématographiques ou littéraires, mais rarement par cet angle inédit et singulier.

Un ouvrage très documenté qui évite le travers d'être didcatique ou pontifiant, et un travail salutaire érudit et acessible à tous pour ce devoir de mémoire d'une grande salubrité et simplicité.

Paru aux éditions de l'Observatoire, en août 2017 ce roman à la maîtrise incontestable, a obtenu le prix Stanislas du premier roman à Nancy en début de rentrée littéraire et devrait encore pas mal faire parler de lui dans les semaines à venir.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce premier roman, Sébastien Spitzer nous révèle déjà ses qualités de conteur. on découvre qu'il arrive à mêler la petite histoire à la grande. Ainsi, ce récit, nous raconte deux histoire parallèles.
Avril 1945, la longue marche des rescapés, suite à la débâcle allemande. Ceux-ci avancent jusqu'à l'épuisement. Au milieu d'eux Judah, Fellah, et Ava qui transporte un rouleau très important qui retrace le destin de certains prisonniers dont entre autre celui de Richard Friedländer.
De l'autre, on assiste aux derniers jours de Magda Goebbels dans le bunker. Elle va assister au dernier concert du Philarmonique de Berlin qui va se terminer sous les bombes. de retour au Bunker, elle revient sur ses souvenirs de jeunesse, puis ses ambitions. Elle utilisera des capsules de cyanure, pour se tuer ainsi que ses six enfants.
Un roman très noir, un témoignage sur les derniers instant du Reich, tout cela nous emmène dans une très belle histoire, avec le destin de deux femmes fortes. D'une écriture réaliste et acéré, l'auteur nous décrit la folie des hommes. Un superbe premier roman.
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Encore un auteur et un premier roman découvert grâce aux 68 premières Fois !
Ces rêves qu'on piétine se déroule à la fin de la seconde guerre mondiale et se focalise sur Magda Goebbels, la « première dame » du troisième Reich, figure infanticide monstrueuse. Sébastien Spitzer a choisi ce titre puissant et évocateur en pensant à William Butler Yeats, un poète irlandais nationaliste mort en 1939, dont des extraits de poèmes sont cités dans le livre.

Sébastien Spitzer met en oeuvre une forme de polyphonie sur plusieurs niveaux, temporels et géographiques, placée d'emblée dans des postures oppositionnelles : les proches d'Hitler d'un côté et quelques prisonniers rescapés des camps de concentration de l'autre. Tous font face à une débâcle, la défaite pour les puissants, les ultimes représailles pour les déportés. Tous revivent dans le temps présent, aux portes de la mort, les souvenirs du passé. Un troisième point de vue arrive aux deux tiers du récit, celui des sauveurs alliés qui découvrent à la fois les horreurs des nazis et l'infanticide commis dans le bunker.
Les personnages sont superbement travaillés, dans leur psychologie profonde et en même temps stylisés pour insister sur cette période horrible de l'Histoire. Ainsi, les rescapés des camps qui tentent de fuir et de rester en vie stigmatisent chacun à leur manière les horreurs du génocide : vandalisme et destructions des boutiques juives, arrestations et déportations sommaires, raffles, survie envers et contre tout, viols, expérimentations médicales, euthanasie des nouveaux nés à la naissance, travaux forcés… Les nazis véhiculent non seulement une idéologie mais aussi une bonne conscience, face aux agissements d'un parti dont le but avoué était de vaincre la menace russe communiste, sans trop chercher à savoir la réalité du génocide, sauf peut-être à la fin quand il faut en cacher vite et bien les preuves avant l'arrivée des alliés.
Le lien entre les passages consacrés aux fuyards rescapés et aux nazis réfugiés dans le bunker se fait par les poèmes de Yeats, présents dans le bunker et dans les camps et aussi par les lettres que Richard Friedländer écrit à sa fille adoptive, Magda : non datées mais classées chronologiquement, elles ponctuent le récit, lui redonnent de l'humanité, du bon sens, des valeurs citoyennes et familiales, une forme d'universalité dans l'Humain. Aucune des lettres n'est datée, sauf celle de Markus qui annonce justement la mort de Richard Friedländer…

Ce roman est riche d'une intertextualité protéiforme ; la littérature (Yeats, Goethe, Schiller), la musique et les arts appartenant à tous, chacun des personnages, quel que soit son camp ou sa place dans l'Histoire, peut se les approprier à sa mesure… Ainsi le Tod und Verklärung de William Strauss, d'inspiration métaphysique, sublime autant la chute des vaincus du troisième Reich que les parcours des condamnés à mort des camps de concentration et peut être écouté en fond sonore pendant la lecture. Magda Goebbels, pour tuer le temps dans le bunker, lit À l'ouest, rien de nouveau d'Erich Maria Remarque, roman interdit, pacifiste et bouleversant qui dénonce la monstruosité de la première guerre mondiale ; c'est l'occasion pour elle de revivre le souvenir de la mise à sac du cinéma où passait l'adaptation cinématographique du livre, séance à laquelle elle assistait avec un de ses amis, juif…
Ainsi que l'écrit Richard Friedländer dans une de ses lettres, chacun se fonde en passant des heures « à interroger la vie, à balayer la mystique, à gratter les mots, les idées, les grands auteurs ».

La personnalité de Martha Goebbels, telle que mise en lumière par Sébastien Spitzer, interroge. L'auteur insiste beaucoup sur ses jeunes années, sa naissance illégitime, puis le mariage de ses parents ; après son divorce, lorsque sa mère épouse un commerçant juif, ce dernier va l'élever et la chérir comme si elle était sa propre fille et elle va éprouver pour lui un attachement sincère. Cet itinéraire d'enfant gâtée, adulée, parfaitement éduquée, parlant plusieurs langues, qui a eu des camarades juifs, aurait pu déboucher sur une attitude tolérante et ouverte d'esprit.
Même si ses choix de vie semblent marqués par un certain pragmatisme et le goût du luxe et du confort matériel, elle entre au parti nazi plus pour combler une forme d'ennui et occuper ses journées après son divorce que par conviction. Jusque-là, même si elle apparaît sous un jour peu sympathique, elle est encore loin de la folie nazie.
Son mariage avec Goebbels repose sur un jeu de dupes, sur des mensonges, sur un pacte fragile pour lequel elle efface sa vie passée, en quête de position sociale et d'égards ; cette mère de sept enfants, dont six sont avec elle dans ce ventre de béton que représente le bunker est entre temps devenue une égérie, éblouie par le champ des possibles quand on est dans le camp des vainqueurs. Il est intéressant de constater que l'ennui la rattrape dans ses derniers jours qu'elle vit aussi « avec le souffle court de ceux qui sont hantés, effarés de l'intérieur, paniqués de partout ».

En général, j'aime assez me plonger dans des romans historiques bien documentés qui mettent en lumière un pan d'Histoire de manière originale par l'expression de points de vue peu conventionnels et par la confrontation de la sphère privée et de la sphère publique. Certes, la littérature est abondante sur le nazisme et ses horreurs, d'où la nécessité d'aborder les problématiques connues et archi-rebattues d'une manière à la fois originale, didactique et intimiste.
Je suis comblée avec ce roman qui oppose personnages référentiels et personnages de fiction. Aux côtés de Martha Goebbels, Sébastien Spitzer dresse de beaux portraits de femmes : Fela, protectrice jusqu'au bout de la petite Ava, ultime dépositaire des précieuses lettres des déportés, et Lee, la reporter de guerre. Ces femmes sont porteuses d'espoir et de mémoire parce que la vie continue mais qu'il ne faut pas oublier.
Un magnifique roman.
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« Ces rêves qu'on piétine » de Sébastien Spitzer nous plonge dans la psychée de Magda Goebbels, la femme de l'âme damnée d'Hitler, Joseph Goebbels. Dit comme cela, abruptement, on peut se demander l'intérêt de la démarche. Nous le savons tous, Magda fût la première dame du IIIème Reich, elle donnera six enfants à son terrifiant mari, le nabot boiteux ivre de haine, chargé jusqu'à ras la gueule par la morgue et le dégoût pour toute forme de compassion, d'humanité vu par lui comme étant de la pire des faiblesses. Magda fût trompée par tout ce que l'Allemagne comptât de premier ou second rôle au théâtre comme au cinéma dans une Allemagne nazie où le ministre de la propagande, apôtre de la radicalité, ne reculait devant rien pour tailler des croupières aux autres paladins du Reich qui devait durer mille ans.. les Speer, Ribbentrop, Himmler, Bormann.. Nous sommes en avril 1945, l'Allemagne est vaincue depuis longtemps, et pourtant Hitler, aidé de fanatiques comme Goebbels continue d'alimenter le brasier. le bateleur, l'artiste raté veut soigner ces adieux au monde. Il se suicidera à Berlin dans son bunker de la chancellerie le 30 avril. Magda Goebbels et ses enfants ainsi que Goebbels le suivront dans la mort le lendemain 1er mai. Magda, l'infanticide des six enfants né(e)s du second mariage avec Joseph Goebbels. Un fils survivra, pilote de la Luftwaffe et prisonnier en Italie. Il est le fruit d'un premier mariage (1921-1929) avec Günther Quandt, le richissime magnat et sa famille possédant BMW et les usines d'accumulateurs AG Afa (future Varta), un rouage incontournable de la machine de guerre nazie. On suit ainsi les pensées de Magda Goebbels, terrée, avec ses six enfants, son mari Joseph Goebbels et quelques fidèles nazis, dans le bunker avec Hitler à la fin d'avril 1945. La folie, la radicalité, les mensonges de Magda Goebbels font froids dans le dos même quand on a lu mainte et mainte fois les récits sur ces journées au moment de la chute de Berlin tombée aux mains des Soviétiques et de Joseph Staline. On affronte ce tunnel dans les limbes du fanatisme nazi avec un sentiment d'écoeurement face à la monstruosité des actes de cette femme infanticide (elle empoisonnera six de ses enfants avec du cyanure). Son ambition démesurée s'accommodera durant toutes ces années de conflit mondial avec les crimes massifs perpétrés par les nazis. « Ces rêves qu'on piétine » est une oeuvre de fiction qui s'appuie néanmoins sur des éléments historiques avérés. le génie de Spitzer tient dans l'entremêlement des récits et des voix. Outre Magda Goebbels, on suit Ava, petite fille née dans les camps et sa maman durant les marches de la mort qui firent des dizaines de milliers de victimes sur les routes d'Allemagne entre janvier et avril 1945. C'est ce second récit qui est le plus intéressant à mon sens. Au milieu des ténèbres, des souffrances, des atrocités commises par des Allemands fanatisés par douze ans de nazisme, Ava entrevoit la lumière.. Pour les hauts dignitaires nazis par contre, l'heure de solder les comptes est venu. Ava, la petite fille est détentrice d'un secret, des lettres de Richard Friedländer. Il était avant la guerre un riche commerçant juif, et il est le beau-père de la jeune Magda Goebbels qui s'appelle alors Magda Friedländer.. Un livre sublime porté par une plume rare, aux phrases ciselées qui nous montrent l'horreur de ces dernières semaines de conflit. C'est un récit sur la souffrance, la folie, le fanatisme, l'ambition, la sauvagerie d'un régime, qui même aux abois, n'aura de cesse de se radicaliser et de conduire à la mort des millions d'hommes, de femmes et d'enfants.. « Ces rêves qu'on piétine » de Sébastien Spitzer marque les esprits et laisse une trace, de celle qu'on n'oublie pas. Un très grand livre assurément.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Quand les bourreaux ont deviné que le vent tournait et que la fin était proche, ils ont tenté de faire disparaître toutes les preuves des atrocités commises au nom d'une idéologie désormais en train de s'écrouler. Mais à travers des textes, des dessins, des lettres, que certains rescapés ont pu soustraire à leur frénésie de destruction, la Mémoire s'est échappée. Ces témoignages, c'est Aimé le Morave, Judah le Hongrois, Fela la Polonaise, Ava, l'enfant née à Auschwitz, après bien d'autres, qui vont se les transmettre en pleine débâcle allemande, comme on se passe un bâton de relais. Dans ces documents, des lettres écrites par un père juif, déporté puis mort à Buchenwald, à sa fille Magda Friedländer, épouse Goebbels.
Pendant ce temps, réfugiés auprès d'Hitler dans son bunker berlinois, quelques dignitaires nazis assistent impuissants à leur chute finale. Parmi eux un des plus hauts dirigeants du parti, Joseph Goebbels, sa femme et leurs 6 enfants.

Un premier roman pour Sébastien Spitzer en forme de biographie romancée, mais surtout une véritable pépite pour le lecteur. L'auteur adapte son style à deux récits qui s'imbriquent. D'un côté, un texte haletant fait de phrases courtes, parfois réduites à un seul verbe, pour relater la fuite de ceux qui, après avoir survécu à la barbarie nazie, veulent échapper à l'ordre de destruction finale. Mais plus que dans le désir de survie, le sentiment d'urgence se retrouve dans le devoir de mémoire dont ils se sentent chargés. de l'autre, la prose se fait plus narrative pour décrire l'ascension sociale de Magda, ambitieuse et sans pitié, puis sa lente agonie dans ce bunker vers une fin que l'on sait inéluctable.

Un roman troublant, bien documenté, sur l'attrait du pouvoir et sur une désillusion. Un véritable coup de coeur qui mérite un 20/20. Avec " Ces rêves qu'on piétine", Sébastien Sptizer a participé avec talent au devoir de mémoire.
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1945, Berlin. Magda Goebbels s'est réfugiée avec son mari et leurs six enfants dans le bunker secret d'Hitler avec celui-ci et Eva sa campagne, leurs chiens, et quelques soldats. La défaite est imminente. Elle se rappelle comment de simple jeune fille pauvre, elle est parvenue jusqu'aux plus hautes marches du Reich, devenant une des plus célèbres représentantes du nazisme, faisant de sa famille un modèle pour le peuple allemand. Pendant ce temps, des rescapés des camps de la mort sont conduits à travers le pays pour fuir l'avancée russe. Parmi eux, Judah, un adolescent hongrois, Fela, une jeune maman et sa petite fille Ava, née en camp de concentration. Tant bien que mal, ils fuient leurs tortionnaires et les villageois de qui ils doivent se méfier. Ils luttent contre la faim, la soif, la maladie et les conséquences des tortures des camps de concentration. Quel est l'avenir de Judah, Fela et Ava ? Et Magda Goebbels, elle qui croyait dur comme fer aux valeurs du nazisme, pourra-t-elle supporter l'écroulement du Reich ?

J'ai été informée de la parution de ce roman sur la Seconde Guerre Mondiale grâce à Babelio. Passionnée par ce thème, je suis toujours très intéressée quand il s'agit d'un livre là-dessus.
Pourtant, j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans ce livre, la construction en 3 parties m'a paru au départ un peu difficile à comprendre et avec du recul, je ne vois pas l'intérêt d'un chapitre consacré à cet "Aimé" qui disparaît ensuite du roman. J'ai plus apprécié les chapitres consacrés à Judah, Fela et Ava, ces survivants des Marches de la Mort. Ces pages paraissent très vraisemblables et nous permettent de comprendre notamment ce qu'ont ressenti ces personnes.
En ce qui concerne Magda Goebbels, j'ai mis du temps à m'intéresser vraiment à elle et pour moi, en ce qui la concerne, le récit est très/trop descriptif et on n'avance pas assez vite dans son histoire. L'existence de son père inconnu, qui surgit un peu mystérieusement dans l'intrigue, m'a laissé quelques interrogations, je n'ai pas trop compris d'où il venait au début. J'ai d'ailleurs fait quelques recherches sur Wikipédia pour me renseigner sur Magda Goebbels, ses origines et sa mort.
Ce suicide ainsi que le meurtre de ses enfants, raconté de façon froide, fait froid dans le dos. L'horreur atteint des sommets ici. Comment expliquer ces crimes contre des êtres innocents raconté ainsi ?
Pour terminer, je dirai que des mots inconnus dont j'ignorais le sens, ont ralenti ma lecture, m'obligeant à des recherches dans un dictionnaire et j'avoue que je trouve cela assez désagréable quand ça se répète trop souvent.
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Ces rêves qu'on piétine... Un titre magnifique, je trouve, mais qui est tellement triste en même temps... Un choix judicieux de la part de l'auteur... Parce qu'il nous raconte ici les rêves de ces milliers de Juifs morts pour une cause qui ne faisait aucun sens... Des vies enlevés au nom de l'idéal d'un seul homme. Des destins écrasés. Des rêves qui ne se réaliserons jamais... Les rêves également d'un père, enfermé dans un camp, et qui les écrit à sa fille. Un père qui ne comprend plus le silence et l'indifférence de sa fille. Une fille qui a complétement renié l'éducation, les souvenirs, l'amour que lui a porté ce père... Cette fille, c'est Magda Goebbels. La femme de Joseph, le bras droit d'Hitler. Celui par qui l'horreur a été véhiculé. Magda, son plus grand rêve à elle, c'est une Allemagne Nazie qui gagne, qui règne sur le monde. Ces rêves à elle aussi seront piétinés. Heureusement. Sentant la fin approchée, les dernières heures passées dans le bunker, les rêves de ses enfants qu'elle avorte par le poison... Un livre troublant, touchant... Un livre qui raconte se pan de l'Histoire, atroce, incompréhensible. Un livre qui restera longtemps dans ma mémoire.
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Sébastien Spitzer fait revivre au travers d'une biographie romancée, la vie Magda Goebbels, la seule parmi les femmes nazies à s'être suicidée, qui jusqu'au-boutiste et n'acceptant pas l'effondrement d'un régime quelle a promu et admiré, va jusqu'à tuer ses six enfants. L'énigme de ce geste n'est pas véritablement éclairci mais Sébastien Spitzer reconstitue l'enchaînement des évènements qui vont la propulser de femme divorcée d'un riche homme d'affaires à femme d'influence quand elle épouse Joseph Gobbels, ministre de la propagande et lui apporte un carnet d'adresses qui va donner les lettres de noblesse qui accréditent le mouvement nazi naissant. Ses zones d'ombres sont évoquées, un beau père juif Richard Friedländer qui mourra en 1939 à Buchenwald ou Victor Arlosoroff un sioniste dont elle sera éperdument amoureuse.
En alternance, le récit poignant de plusieurs prisonniers, Aimé de Moldavie, Judah juif polonais qui aide Fela, une jeune femme victime des expériences des médecins nazis et sa fille Ava. Une chaine de personnages qui se relayent et se transmettent comme un témoin un cahier de cuir, renfermant des lettres...

Ces rêves qu'on piétine est un récit à plusieurs voix qui évoque les derniers jours dans le bunker de Berlin et plus particulièrement ceux de Magda Goebbels, la « Première dame du IIIe Reich » et, en alternance, l'évocation de la survie de prisonniers, survivants du massacre de Gardelegen, un massacre de plus de mille prisonniers - majoritairement polonais - qui, trop faibles pour être transportés d'un camp de prisonniers à un autre, sont enfermés dans une grange où les troupes allemandes SS et la Luftwaffe mettent le feu et tuent ceux qui tentent de s'échapper.
Un texte très fort dont la construction originale fait alterner les voix, les pensées de chacun pour, au final, tenter de reconstituer les derniers moments d'un régime et des victimes de façon assez factuelle et assez distanciée qui par moment glace le sang.
Un premier roman impressionnant.
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Tread softly because you tread on my dreams...
Marche doucement car tu marches sur mes rêves. Mais ce vers de Yeats perd de sa saveur quand il est traduit.
Le titre de ce livre me faisait penser à Yeats. Et il va admirablement à ce roman.
Il en faut du talent, de la délicatesse et de la foi en l'humanité pour parvenir à décrire l'horreur, toucher du doigt le quotidien des bourreaux les plus médiatisés de l'Histoire.
Sébastien Spitzer vous entraine dans la marche horrible de ces rescapés des camps qui loin de se retrouver dans des draps de soie et accueillis à bras ouverts, doivent encore hors des barbelés, lutter pour leur survie, qui après des mois de privation de nourriture, identité, humanité, ne tient qu'à un fil. Seule la volonté, l'instinct animal et parfois la chance, permet à une poignée de réussir. Réussir pour transmettre le message. Pour raconter, au nom de tous les autres. Car l'absence d'identité fait que chacun devient la multitude.
De l'autre côté, vous suivez les dernières heures de Magda Goebbels. Entourée de ses souvenirs, de ses enfants, de son ambition aussi démesurée que mortifère. Vous vivez à ses côtés les derniers instants du Reich moribond, secoué par les bombes, assombri par la suie, dont les drapeaux partent en lambeaux.
Difficile de se confronter, même avec un livre en guise de bouclier, à autant d'horreur. Encaisser qu'un jour des milliers de survivants ont survécu au milieu de tant de haine. Encaisser qu'une femme a tué froidement ses enfants...Tout est raconté avec beaucoup de réalisme, une pointe de pudeur mais jamais de grandiloquence ni de sensationnalisme de mauvais goût.

Alors, faut-il le lire ? Oui. A ceux qui ont déjà lu moultes livres sur cette période maudite, vous pouvez sans souci ouvrir celui-ci. Il est unique. Il est dense. Il est de ceux qui restent, qui marquent, qui pèsent. A ceux qui ne sont pas familiers de cette époque de l'histoire lisez-le aussi.
En ce mois de juillet 2020, c'est pour le moment ma plus belle découverte littéraire de l'année. J'attends avec impatience la nouveau roman de l'auteur à paraitre en août.

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