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Gros plan sur une période maudite de notre histoire : au moment de la libération des camps de la mort. Deux focus : la cavale d'une mère et de sa fille, tandis qu'un cahier de fortune se passe de main en main, témoignage de l'horreur, mais aussi outil de solidarité. C'est là que la réalité se mêle à la fiction, le but ultime étant de faire parvenir ces écrits à Magda, l'épouse de Goebbels, alors que l'édifice mortifère construit par quelques illuminés, suivis par les hordes bêlantes s'écroule de toute part.

Lorsque l'histoire a déjà été maintes fois racontée, c'est l'écriture qui fait la différence. Et là elle est particulièrement efficace : les phrases courtes, cinglantes, témoignent de l'affolement général, qu'il concerne les fuyards, traqués jusqu'au dernier moment, dans l'urgence de faire disparaître les preuves, ou les libérateurs, qui découvrent abasourdis l'étendue du désastre.


En contraste, le personnage de Magda reste placide, résignée, et prête à accomplir le pire des crimes, et pourtant encore attentive à un détail vestimentaire en songeant à une gloire déchue.
C'es sans doute celle qui est décrite avec le plus de précision;

La petite Ava, figure centrale du roman, est esquissée, comme une allégorie, une icône de ces enfants nés en captivité. Et elle est un point d'ancrage solide du récit, alors qu'autour d'elle ses repères sont mouvants.

C'est aussi un bel exploit que de créer une ambiance de thriller, par la convergence des deux histoires et l'attente de ce qui va les lier.


Un premier roman percutant, poignant, qui mêle adroitement l'histoire vérifiée sur des textes solides et fiction à travers des personnages à la fois fragiles et denses.




Lien : https://kittylamouette.blogs..
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☠️ La chute des bourreaux.
Celle plus précisément de Magda Goebbels, personnage phare de ce roman prenant, figure emblématique du Troisième Reich, épouse de Joseph Goebbels ministre de la propagande du régime nazi. le récit se situe à la fin de la seconde guerre mondiale alors que l'un des régimes totalitaires les plus abjectes et les plus meurtriers de l'Histoire est en pleine déliquescence.
Magda, la toute puissante. Taillée dans le roc à la lame d'acier, un temps première dame du IIIe Reich, cachait sa véritable nature sous un épais vernis.
Froide, arriviste, méprisant tous ceux qui ne sont pas au dessus de la mêlée. Seule chose qu'elle s'ingénie à préserver : son image publique de femme et de mère parfaite.
Elle se réfugie avec son mari et six de ses enfants dans le bunker berlinois d'Hitler où se trouvent « tous les derniers figurants de ce qui reste du Reich ». Dans ce bâtiment glauque elle finira par se suicider après avoir tué ses enfants méthodiquement. Comment en arrive-t-on à de tels actes? « Un voile reste dressé entre le geste et son moteur intime ».
L'auteur non sans réalisme reconstitue ses dernières heures et met en lumière son parcours passionnant remontant de manière factuelle aux origines du mal. Peut-être pour tenter de comprendre les sources de ce fanatisme et cet infanticide car l'histoire familiale de Magda, enfant naturelle, est compliquée.
D'autres récits s'entrelacent, ceux de survivants des camps contraints par les SS aux « marches de la mort » et donnent lieu à des scènes poignantes et chaotiques.
Des récits touchants où l'humanité et la solidarité des opprimés « sur le terrain » contrastent avec la froideur des persécuteurs-commanditaires retranchés dans leur sphère mais au destin finalement tout aussi tragique.
Leurs histoires se recouperont par l'intermédiaire de lettres, notamment celles désespérées du père adoptif juif de Magda qui l'a élevée comme sa fille, prisonnier des camps et qu'elle a abandonné à son sort.
Le style est percutant, constitué de phrases courtes, de mots riches, acérés et accumulés donnant un sentiment d'urgence, un rythme frénétique et une densité au récit.
Une très belle découverte💖.
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Pour s'emparer du passé, les écrivains prennent parfois des libertés avec L Histoire. Ils la contournent, la personnalisent, pour combler des vides, la rendre plus épidermique ou lui donner une nouvelle vigueur. Et parfois ça marche.
Comme beaucoup ici, j'ai aimé l'angle choisi par Sébastien Spitzer pour se saisir de la chute de la femme la plus puissante du IIIe Reich, Magda Goebbels. Une biographie richement documentée a déjà été consacrée à cette femme qui de manière surprenante est passée des bras d'un sioniste affirmé à ceux d'un haut dignitaire nazi.
Mais à la différence d'Anja Klabunde, Sébastien Spitzer préfère la fiction. Et pour concentrer notre attention sur un secret que l'ambition de cette femme a tenté de dissimuler.

Pour cela, l'auteur, en véritable alchimiste du récit, a envisagé un double récit qui n'a vocation à raconter qu'une seule histoire. Il tisse des liens entre des personnages fictifs et réels. Il utilise un subterfuge pour rendre «solidaires» des personnages totalement étrangers les uns aux autres à l'heure où Magda Goebbels voit se profiler la fin du régime alors que des rescapés juifs tentent d'échapper à la folie de leurs tortionnaires qui veulent effacer toute trace de leurs atrocités.
Avec habileté, Sébastien Spitzer glisse presque sans effort de l'attente glaçante de l'une à la fébrilité des autres, les pulsations des personnages rythmant avec finesse la progression du récit. Mais là où on imaginait une course à la survie, l'auteur préfère propulser son histoire dans une quête mémorielle. Loin de traquer la trajectoire d'une femme énigmatique ou de dresser son portrait psychologique, tous les ingrédients narratifs et stylistiques sont guidés par le devoir de transmission et érigent le livre en véritable recueil commémoratif.
Malgré un léger fléchissement de la verve, ce fut une lecture passionnante car, malgré les tensions délicatement orchestrées, le ton très personnel et contemporain, Sébastien Spitzer parsème son roman de nombreuses références historiques qui donnent une authenticité profonde à chaque page.
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Au début de ce livre le lecteur est traversé par un sentiment d'inquiétude, de méfiance , de désarroi encore un livre sur cette période maudite de la seconde guerre mondiale !
Beaucoup de personnages : Aimé, Judah, Ava, Fela, Magda ....

Puis l'on s'attache férocement à ce récit , pas loin du coup de coeur, récit qui fait valser les faits grâce à sa construction hardie , frontale , osée, formidable ....

L'auteur tente la fiction et manie l'histoire avec un grand «  H »  d'une main de maître...là , où pourtant les travaux complexes des historiens, les recherches , les photos et le cinéma semblent avoir tout archivé, répertorié , restitué, et éclairci ?

Nous arpentons à toute allure les territoires de l'Est de l'Europe en1945, en côtoyant d'infinies colonnes de mourants , luttant pour leur survie, un spectre total, à peine échappés des camps de concentration .....

«  Judah file aussi droit que possible. Il étouffe la douleur de ses poumons mis à l'épreuve.
Il a la gueule ouverte , inspirant , expirant , sans que ses lèvres se touchent , grande ouverte , toute grande ouverte ....Vite . S'accrocher. Ne pas tomber , Ne pas se retourner . Droit devant . Les tirs allemands! Ces plombs brûlants !Ces déchirures ! Les blessures! . Et le sang ...! . »


Nous sommes entraînés à l'aide de phrases courtes, tranchantes , dans le vraisemblable mêlé à l'imaginaire ....C'est le talent de l'écrivain.

Une course folle où celui-ci réussit à éviter tous les pièges....

Les personnages sont criants de vérité , révélant leurs contradictions, leur entêtement à vivre au sein d'un monde éclaté qui n'a plus aucun sens ....

Grâce à une écriture vive et descriptive, jamais lourde, il nous emporte dans la tourmente le souffle court, tous nos sens alertés...

Une espèce de théâtre macabre où ces hommes à bout de force , en charpie , résistent , au delà de tout....
L'auteur talentueux avance dans la tragédie avec des interrogations , des questions, à propos de survie, de sacrifice , et de mémoire.
Qu'il se tienne dans le bunker berlinois où Magda Goebbels , dont il dresse un portrait terrible, cinglant , dont je ne dévoilerai rien, cette Medée moderne, ambitieuse , qui s'enfonce dans l'abîme avec ses regrets ...en passe de se suicider avec ses enfants ...un mystère ...
Qu'il marche dans la forêt polonaise aux côtés d'une mère et sa fille , Ava , enfant mutique , obstinée , frêle et silencieuse , toutes deux tentant d'echapper aux tirs des villageois et des nazis...
Il garde la distance, transmet une voix juste sur l'effondrement des rêves mais aussi la volonté farouche de survivre pour transmettre ....Il reconstruit ou invente des personnages sortant de l'ombre et prenant chair ....

La construction du livre frontale et hardie ,originale et téméraire , brûlante, appuyée sur une somme documentaire et un travail de recherche importants «  Flirter le mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste » écrit l'auteur dans sa postface ..donne un ouvrage fort , doté d'une écriture brillante , troublante qui transperce, saisit , nous passionne et nous glace , «tenter dit- il encore , «  d'astiquer les consciences » ......tout ce que l'histoire néglige peut - être ....

Un premier grand roman au souffle puissant , au titre pourtant anodin!

Écrit par un journaliste dont je salue le brio .
A quand le prochain livre ?

















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Bonne pioche, ce livre ! Pas loin du coup de coeur!
Et pourtant, quelle charge émotionnelle dramatique il véhicule...

Je craignais une énième histoire sur la période du nazisme. Mon enthousiasme est donc inversement proportionnel à ma saturation concernant l'époque maintes fois utilisée en littérature.
Mais, par une alchimie brillante, l'auteur m'a tenue captive par le montage romanesque impeccable et une poésie de l'écriture qui permet de tout dire et décrire.
Cette plume très personnelle dessine les lieux, façonne des ambiances et crée des images avec élégance, permettant la mise à distance des événements dramatiques.
On trouve ici le meilleur d'une production littéraire fictionnelle au service du devoir de mémoire et de l'Histoire.

Ajouté à cela le fait incontestable que Magda Goebbels possède tous les attributs d'un personnage de roman, sorte de Walkyrie ou icône désenchantée d'une idéologie nauséabonde. On reste fasciné par le récit désincarné des dernières heures crépusculaires d'une fin annoncée.

Je conseille! Voici un livre aux personnages de chair et sang, qui renouvelle le contexte de la guerre, s'appuie sur une solide documentation et ne tombe jamais dans le pathos et les clichés.

Une jolie pépite dont le titre un peu sucré ne rend pas justice à la qualité. Un premier roman prometteur d'un écrivain journaliste.

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Nous suivons, dans ce roman, l'histoire de Magda Goebbels, son enfance, ses mariages, ses liens avec le parti nazi jusqu'au final dans le fameux bunker.

On rencontre d'autres personnages auxquels on a à peine le temps de s'attacher qu'ils disparaissent tragiquement : les déportés que l'on a obligés à quitter les camps et qu'on fait marcher jusqu'à l'épuisement pour les exterminer ailleurs, froidement (je devrais dire chaudement, car ils meurent embrasés dans une grange, dans une obscure clairière, à laquelle on a mis le feu après les avoir obligés à s'entasser !) avec la complicité des paysans du coin, bien-sûr car il fallait cacher le charnier, gommer les traces du génocide.

On croise ainsi Aimé, Judah, Fela et sa petite Ava, bébé miraculé des camps.

Ces récits alternent avec l'histoire de Magda, qui a pourtant eu une enfance heureuse, avec un beau-père qui lui a fait découvrir les arts, les lettres et qu'elle déteste parce que juif qu'elle n'hésitera pas à faire déporter.

L'ombre de Richard Friedländer, ce père adoptif, est présente tout au long du roman sous la forme d'une lettre dans laquelle il évoque son amour paternel à son égard ainsi que des témoignages d'autres personnes mortes dans les camps ; tous écrivent pour persévérer, survivre, transmettre. On écrit sur des bouts de papier, sur tout ce qu'on peut trouver, le tout enfermé dans un vieux sac…

Comment Magda a-t-elle pu épouser Goebbels ? il a un pied bot, une face de rat, c'est un nain très éloigné du profil aryen… pour arriver à ses fins elle a réussi à entrer dans le parti, en tant que bénévole et approcher les personnes qu'il fallait pour arriver jusqu'à Hitler.

Ils se marient en grande pompe et mettent en scène toute leur vie de couple, c'est la mère parfaite, qui pose avec sa famille devant les photographes pour la propagande du régime. Il est attiré par les actrices qu'il tente de séduire par la force bien-sûr, et Magda vient mettre son grain de sel pour casser d'éventuelles idylles.

En fait, en dehors d'elle-même, elle n'aime personne, sauf Harald, son fils aîné, né d'une précédente union et qui s'illustre sur le front et évidemment, le pouvoir ; la manière dont elle lorgne vers Hitler, et jalouse son Eva finit par devenir grotesque : quand ils sont tous réfugiés dans le bunker, on voit un Hitler fantoche, qui baise la main des dames avec sa bouche baveuse !

« le nabot et l'hystérique, le tremblant et le boiteux. Pour ce qui est de sa danseuse, Eva Braun, c'est de la pacotille, juste une mauvaise poudre aux yeux qui s'éparpille à la moindre brise. Magda prime. Elle le sait. » voilà ce que pense Magda coincée dans sa chambre au bunker, alors que Goebbels et Hitler ne se quittent pas.

Sébastien Spitzer a écrit un livre superbe, avec un style incisif, des phrases courtes, percutantes, des descriptions tellement vivantes qu'on n'a aucun mal à visualiser les personnages et les scènes.


Je connais bien la fin des Goebbels et Hitler et Eva Braun car j'ai vu plusieurs fois le film « le bunker » avec Anthony Hopkins épatant dans le rôle d'Hitler, et pourtant ce livre m'a tenue en haleine jusqu'au bout.

Ce livre est un véritable coup de coeur.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Sébastien Spitzer nous transporte à la fin de la deuxième guerre mondiale, en avril 1945.
L'histoire commence avec des soldats allemands qui évacuent un camp de prisonniers pour les exterminer en les brûlant afin d'éliminer les traces de leur atrocité.
Dans cette masse d'hommes pris aux abois, une fillette Ava recueille un rouleau ayant appartenu à Richard Friedländer dont on apprendra plus tard l'identité.
Au même moment, se déroule un dernier grand concert à Berlin où tout le gratin des monstres du nazisme sont conviés. Ils se savent au bout de leur gloire et un responsable leur distribue des capsules de cyanure.
Parmi les invités, la prestigieuse Magda Goebbels, femme d'un des plus grands propagandistes d'Hitler. Elle a 7 enfants, tous ont un prénom qui commence par "H".
Elle rejoint son bunker où elle est enfermée et protégée avec sa famille à laquelle elle réserve un sort assez peu conventionnel.
On s'aperçoit qu'elle a eu une enfance très pauvre, dans les pensions des environs de Bruxelles, élevée par un Juif, elle a aimé un Juif, elle en a à présent honte.
C'est vraiment l'histoire d'une personne qui voulait la richesse à tout prix. On peut dire qu'elle a vendu son âme au diable.
La lettre de son père à la page 109 est un écrit de toute beauté.
En effet, même s'il aborde des faits très douloureux de l'Histoire, l'auteur utilise une écriture magnifique, intense et ensorceleuse. Je n'arrivais pas à éteindre la lumière hier soir en le lisant
Un roman de très belle qualité, cruel quand même mais les faits le sont et sont très bien recréés sans aucune pitié.
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J'avais été bluffée par le coeur battant du monde et ce nouvel opus que je découvre de Sébastien Spitzer est bâti exactement dans la même lignée.

J'adore comment l'auteur français prend possession d'un sujet largement revisité et le traite à sa sauce, en y apportant ses interrogations personnelles et profondes sur la folie des hommes.

Il arpente cette période avec la fluidité d'un roman et l'érudition mordante d'un grand historien en restituant les faits mais aussi en laissant libre cours à son imagination.

Ces rêves qu'on piétine, est dérangé et dérangeant.
Il est porté par une voix aussi cruelle que lucide.

Dans un huis-clos glaçant, l'écriture de Spitzer est organique et corrosive, explorant les derniers moments du III Reich dans ce qu'il y a eu de plus vil et salissant en termes d'humanité, ou plutôt d'inhumanité, avec une certaine distance, voulue, et qui s'avère encore plus perturbante.

Paradoxalement j'admire sa capacité à insuffler de la beauté et de la poésie aux mots qui décrivent des horreurs et qui sortent directement des entrailles du mal.

On en ressort un peu lessivé avec en filigrane inconscient les éternelles interrogations sur ce pan noir de l'Histoire, fustigés par l'incrédulité les raisons qui ont mené à un tel déchaînement de fanatisme et d'horreurs.

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Magda Goebbels était une femme ambitieuse, une fanatique du national-socialisme et de son leader qui a donné la mort à ses enfants avant de se suicider ; alors même que les alliés libéraient les camps et que les Allemands en déroute faisaient preuve d'une extrême cruauté.

J'avoue que je me suis quelque peu ennuyée à la lecture de ce énième roman sur la Seconde Guerre mondiale. J'ai trouvé le portrait de Magda Goebbels sans vraie consistance. Les lettres fictives, écrites depuis un camp par son beau-père juif, sensées montrer l'ambiguïté et la dureté de Magda, ne m'ont pas convaincue. Pas plus que les longs et supposés états d'âme qui animent celle-ci dans ses dernières heures dans le bunker. Quand à la brutalité de la débâcle allemande, Sébastien Spitzer n'apporte rien qu'on ne sache déjà.

Voilà un livre écrit (avec peu de simplicité) par un journaliste qui navigue comme nombre de ses confrères (Eric Vuillard, Oliver Guez) sur un sujet qu'ils pensent porteur. Même s’il y a des éléments intéressants, pour aborder un tel sujet il faut, à mon avis, travailler beaucoup pour dire quelque chose qui en vaille la peine, pas comme 😏 :

« Magda ne manquait de rien. Trentenaire pleine d'allant, divorcée, célibataire et sans contrainte. Mais elle se sentait creuse. Elle pouvait gamberger des journées entières au volant de son coupé. Elle sillonnait sans but le bitume de la ville, traversait ses faubourgs, pavillonnaires ou miséreux. Lancée sur les routes de campagne, elle ouvrait grand les fenêtres de son automobile bleu nuit et se soûlait de vent, en été, en hiver. le moteur lui tenait chaud. »

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Ce roman a reçu le prix littéraire de l'ENS Paris-Saclay 2018. (ENS = École Normale Supérieure)
Ce prix, autrefois nommé "prix littéraire de l'ENS Cachan", a été créé il y a dix-huit ans par une librairie de Cachan (lieu d'implantation de l'ENS jusqu'à son déménagement à Saclay) qui est partie du constat que "les élèves de l'école sont des lecteurs curieux, attentifs et émettant des avis intéressants".
Le jury est chaque année composé de quinze élèves volontaires qui lisent les quinze livres sélectionnés par le comité d'organisation composé de membres de l'École. Les livres sont des premiers romans et sont écrits en français.
J'aime cette idée de jury composé de jeunes, étudiant des matières aussi diverses que les mathématiques, la chimie, les sciences sociales, la gestion, etc. Je trouve qu'il y a un regard plein de fraicheur et indépendant de considérations éditoriales, contrairement à d'autres prix plus prestigieux, mais dont les ouvrages primés ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre.
Pour terminer sur ce sujet, j'ajoute que Sorj Chalandon a été primé en 2006 pour le petit Bonzi.
Ils ont bon goût les étudiants de l'ENS Paris-Saclay, non ?
Sorj Chalandon a fait du chemin depuis, et je souhaite à Sébastien Spitzer la même réussite.

L'auteur a mis Magda Goebbels au centre de son livre.
Excellent choix !
Détestable, cette femme est un vrai personnage de roman. Une ambition démesurée conjuguée à un fanatisme extrême font d'elle un être sans aucun scrupules, prêt à tout pour "réussir". Et sa grande "réussite" sera de devenir une sorte de Première dame du Reich grâce à son mariage d'intérêt avec Joseph Goebbels.
L'histoire de Magda Goebbels est connue. À la fin de la guerre, terrée dans dans le fameux bunker de Berlin, elle comprend que tout est fini. Que ses années de gloire sont finies. Que l'Allemagne nazie est finie. Alors, elle tue les six enfants qu'elle a eus avec Joseph Goebbels puis se suicide avec lui.
L'évocation seule de Magda Goebbels fait froid dans le dos, alors, imaginez le récit qu'en fait Sébastien Spitzer ! D'autant qu'il est extrêmement bien fait.
Je me demande souvent comment font les écrivains ou les scénaristes pour créer d'horribles personnages, d'authentiques méchants. Ici, l'auteur n'a pas eu besoin de créer puisque son personnage est, hélas, bien réel. Il n'a eu qu'à puiser dans le matériau d'une documentation historique abondante.
Juste deux exemples qui suffisent pour se faire une opinion.
Un officier présent dans le bunker a témoigné à l'époque en ces termes : « Jusqu'à la fin, Mme Goebbels n'a montré aucune peur de la mort. Fringante et élégante, elle avait l'habitude de monter l'escalier en colimaçon en prenant la plupart du temps deux marches à la fois. Elle avait toujours un sourire aimable pour tout le monde… peut-être cette force de caractère admirable venait-elle de sa foi fanatique en Hitler »
Magda Goebbels a écrit à son fils Harald, né d'un premier mariage, que « le monde qui va venir après le Führer et le national-socialisme ne vaut plus la peine qu'on y vive ».
Charmante personne, non ?
Sébastien Spitzer raconte la vie de Magda Goebbels et y entremêle d'autres récits.
Son livre est très bien construit et la tension va crescendo jusqu'à la fin dans le bunker. Cette fin atroce lors de laquelle une mère est capable de tuer froidement ses six enfants.
Un premier roman très documenté et à l'écriture maîtrisée, sur un sujet qui ne peut laisser personne indifférent.
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