Je viens d'achever ma lecture de ce roman, les émotions sont encore fraîches et les idées se bousculent dans ma tête. «
Une vie entre deux océans » n'est pas un roman que l'on lit pour se détendre après une dure journée, ni lorsque la gaieté nous manque. C'est un roman à la fois d'une beauté saisissante, mais d'une tristesse intense et qui ne laisse pas de marbre une fois la dernière page tournée.
Pour résumer, Tom Sherbourne, un vétéran de guerre, accepte un travail de gardien de phare sur l'île de Janus, aux alentours de l'Australie. Après avoir rencontré Isabel dans la petite ville de Partageuse, ils se marient, et cette dernière le rejoint alors sur son île isolée, où ils coulent des jours heureux et complices. Pour autant, le bonheur est rapidement tourmenté par les tentatives ratées et répétées des deux amants d'avoir un enfant. D'abord un, puis deux, puis trois échecs se suivent. le moral d'Isabel est au plus bas ; lorsqu'un jour un canot échoue sur l'île, avec à son bord un homme décédé et un bébé qui, bien qu'apeuré, se trouve être en bonne santé. Voyant cet événement comme une intervention Divine, un miracle après tant de souffrances, Isabel supplie Tom de ne pas déclarer le sauvetage de l'enfant, et ainsi de garder 'clandestinement' ce dernier ; ce qui a des conséquences malheureusement dramatiques...
Ce livre m'a profondément touché, et je me sens tout ému de l'histoire que je viens de terminer, et rares sont les livres qui me procurent telle sensation.
M.L. Stedman était une écrivaine inconnue pour moi, et je crois d'ailleurs que cet ouvrage est son premier, et pourtant quelle maîtrise, son style est réellement agréable à lire, les différentes situations, personnages, caractères, sont décrits avec talent et richesse, mais sans excès, de sorte à ce que l'on puisse facilement se visualiser ces divers éléments, en laissant pour autant une place à l'imagination.
L'intrigue est menée avec brio, le début se construit dans la gaieté et le bonheur : la guerre touche à sa fin, et l'un de ses héros recommence une vie calme, loin de ses souvenirs, et trouve même un amour pour rallumer ses sentiments et son coeur, alors endurcis par les années tragiques de la Grande Guerre. On se prend d'affection pour les personnages qui se plaisent, qui nous plaisent, qui mènent une vie heureuse et se complètent et s'adaptent, tout semble alors parfait. On est troublé par les difficultés qui touchent Tom et Isabel, finalement essuyées par l'arrivée du jeune bébé, Lucy... On suit alors la tendre vie de la nouvelle famille, l'évolution de Lucy, la joie d'Isabel. Puis de nouveaux événements viennent ternir cette ambiance lumineuse, et les personnages commencent à sentir le poids de leurs décisions, leur conscience est écrasée sous le lourd sentiment de la culpabilité
lorsqu'ils apprennent que la mère de l'enfant est entièrement détruite par la disparition de son unique bébé...
Le livre nous fait passer au travers de tellement d'émotions : de la joie à la mélancolie, du rire à la peur, de la compassion à la culpabilité... Il est difficile de reste neutre face à une telle démonstration d'amour et des tournures que peuvent prendre les événements, la vie joue avec nos sentiments et nous fait faire des choix qui ne sont jamais sans conséquences notables, ce livre est une parfaite illustration de ce qui peut arriver de plus beau dans l'existence d'un homme, d'une femme, ou de leur union, mais également du poids que nos décisions peuvent avoir sur nous comme sur les autres.