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Critique de NicolasElie


Une chronique de Seb, sur Aire(s) Libre(s)
« le matin ensoleillé, c'est le temps de la joie paisible. Quand la rosée scintille sur les herbes, chaque feuille porte un joyau merveilleux, quand même il n'est pas de grand prix. Ce n'est pas le moment de se hâter, ni de se bousculer. Les pensées sont lentes, profondes, dorées, le matin. »
L'histoire. Quelque temps après le premier conflit mondial. À Monterey, dans le quartier de Tortilla Flat, vit Danny. Danny est un sans domicile fixe, il soutire de la vie ce qu'il faut pour subsister, à force de ruse et de débrouillardise. Il fréquente quelques semblables qui forment une sacrée équipée et qui cultivent, comme lui, l'art de ne rien faire.
Tu as lu l'extrait en italique ? Ça envoie du lourd, hein ? 37. C'est le nombre de pages que j'ai lues avant de tomber sur cette merveille. Certains très gros vendeurs de livres grattent trois cents pages sans jamais approcher ce niveau-là. D'accord, John Steinbeck n'a pas obtenu le prix Nobel de littérature en triant des lentilles. C'est un fait. Lui, je l'aime vraiment beaucoup. Avec le Maître, avec Big Jim, avec Cormac McCarthy et John Irving, avec James Lee Burke, Louise Erdrich, je le place très très haut.
Steinbeck était un révolté, il s'est toujours placé du côté des faibles et des opprimés. Dans Tortilla Flat, il montre une tendresse folle pour ses personnages, ces moins que rien. Il faut voir le tableau qu'il dresse, de l'époque, où il faut sacrifier sa santé pour gagner une misère, un tableau de la société, puritaine, de classe, où le bon grain bourgeois ne se mélange pas avec l'ivraie en haillon. Dans ce roman qui n'est pas le plus célèbre de l'auteur, il décoche quelques flèches bien affûtées qui piquent encore aujourd'hui.
Page 79 : Il est stupéfiant de constater que le revers de toute action noire est blanc comme neige. Et il est décourageant de constater combien sont lépreuses les parties secrètes des anges.
Une putain de phrase pour laquelle n'importe quel écriveur se damnerait, moi y compris.
Dans ce roman, l'auteur raconte la vie libre d'une bande de marginaux et laissés pour compte menés par Danny, Danny le flamboyant, Danny le héros de guerre. Entre moments suspendus, entre tendresse et amitié, dans la complicité de la survie, entre rapine et franche rigolade, le tout agrémenté de quelques gallons d'alcool pour faire durer les étoiles pendant qu'on se raconte des histoires, le grand écrivain nous brosse des portraits très attachants, non dénués de défauts, mais capable d'une chose dont beaucoup parmi les gens arrivés et bien mis sont incapables, l'empathie, la fidélité et l'amitié. Il m'est toujours surprenant de constater à quel point ceux qui possèdent le moins sont les plus aptes à donner. Un mystère à mettre en parallèle avec la mine dédaigneuse de l'employé de bureau qui passe sans un regard pour le mendiant.
La suite, juste là :
Lien : https://aireslibres.net
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