Fan inconditionnelle des romans de
Loraline Bradern, je ne pouvais pas ne pas lire son dernier roman,
Track's Attraction. Ce roman a plusieurs particularités : il a été écrit à quatre mains avec l'autrice
Pascale Stephens et surtout, il a été rédigé en trois mois. En effet, les autrices avaient soumis au jury de “Fyctia” ce roman à l'occasion des 10 ans de la New Romance. D'ailleurs, celui-ci figurera parmi les 10 derniers finalistes du concours. Chapeau les artistes ! C'est consciente de ces particularités que fébrile je tournais les premières pages et là…déception.
Déception parce que le style de
Pascale Stephens, qui écrit le point de vue de Gaël Mervans, n'a rien à voir avec la plume de
Loraline Bradern. Moins étoffée, “plus brut”, plus vulgaire aussi, j'ai trouvé le personnage de Gaël très stéréotypé, pas bien malin et franchement, grossier. Dès les premières pages, Gaël, le “serial baiseur” ne pense qu'avec sa queue et ne fait que se masturber, même au travail. On est bien loin du personnage de Aymeric dans “Enfer au Paradis”, qui est la dernière romance moderne de
Loraline Bradern écrite avant
Track's Attraction. de plus, lorsqu'il comprend qu'Alix sera la future pilote de l'équipe, sa réaction est disproportionnée. le monde des motos est un monde macho soit, mais la réaction de Gaël est trop poussée pour être crédible.
Ce n'est pas parce qu'une pilote féminine est arrivée dans une autre équipe et qu'elle a mené en bateau un de ses copains en le trompant avec un autre pilote de la team que cela explique sa haine des femmes pilotes . J'ai eu vraiment dû mal à m'imprégner du personnage et à comprendre ses actions par la suite, surtout la fameuse scène de “froid” entre Alix et lui, lorsqu'il découvre
qu'elle est victime d'un stalker . J'ai halluciné. Comment le mec fait pour péter un câble contre Alix et être jaloux de Lucas, son frère, alors qu'elle
est victime de harcèlement et de menaces de mort ? A ce moment, sa réaction est juste incompréhensible et pas plausible. Pauvre Alix.
Au contraire, j'ai adoré les parties d'Alix, qui étaient tellement mieux écrites : plus de détails, on rentre dans l'intimité de son cercle familial, on comprend mieux les relations qui lient les différents personnages. J'ai beaucoup aimé la relation qu'Alix développe avec son frère, leur fusion, le fait qu'elle s'en remette à lui pour améliorer sa technique et que lui semble tout autant vouloir l'aider. Et le plot twist était vraiment l'apogée de la relation avec son frère, le point culminant où la relation prend un tout autre tournant… Vraiment original et surtout si bien mené ! Alix est vraiment un personnage inspirant, qui a dû faire sa place dans un monde uniquement masculin, qui a gravi les échelons d'elle-même pour devenir pilote d'endurance et qui de surcroît, possède une base solide en tant que mécanicienne, grâce à l'appui de son frère dans le milieu. le lecteur voit Alix douter, pleurer, se remettre en question, se faire du tracas et ce, pour des raisons vraiment plus plausibles que son acolyte masculin. La relation qu'elle noue avec Antonio est forte, dénuée d'ambiguïté et nécessaire à la prise de confiance d'Alix dans sa nouvelle Team, Antonio étant dans un premier temps, son seul appui. Rien à voir avec les petits soucis du petit coq Mervans, le serial baiseur sans coeur qui découvre que finalement
ses parents lui ont menti et que sa mère ne l'a pas réellement abandonné…
L'histoire aurait pu être tellement mieux si le personnage de Gaël avait été plus crédible. Si Gaël était à ce point contre l'idée d'intégrer une nana dans la Team, pourquoi n'y a t-il pas de scène où il l'a défie sur la piste ? Où il l'a pousse dans ses retranchements sur la moto ? Parce que bon, c'est beau les joutes verbales mais au bout d'un moment c'est lassant. Elle s'y connaît mieux en technique que lui, elle aurait tellement pu lui mettre la misère sur ce point. La seule chose que Gaël a pour lui c'est que c'est le plus rapide de l'équipe. A part la scène où
elle le percute sur le circuit de Nevers Magny-Cours , il n'y a pas vraiment de “tension” sur la piste entre nos deux protagonistes.
Big hup pour le personnage de Marie que j'ai adoré : elle joue un rôle central dans l'équipe et sait mettre les points sur les i quand il le faut. Franck est un personnage aussi important du récit, qui joue le mec un peu grognon mais qui ne reste pas moins fier de son équipe.
Les conditions d'écriture ont vraiment impacté le récit car je suis persuadée qu'avec plus de temps, cette histoire aurait vraiment pu gagner en profondeur. le temps de rédaction imposé et la double écriture ne rendent pas hommage au personnage de Gaël Mervans alors qu'Alix s'en tire à merveille. Deux styles trop différents ? Ou suis-je trop habituée aux personnages masculins de Loraline ? En tout cas, l'écriture de
Pascale Stephens m'a pas mal refroidi, mais peut être n'est-ce dû qu'aux conditions d'écriture. Prochain défi : lire un roman de sa plume, publié en dehors de tout concours d'écriture !
Même si mon avis d'habituée à la plume de LB me rend sûrement plus critique qu'un lecteur lambda, cette histoire n'en reste pas moins plaisante et prenante. Je vous la conseille, ne serait-ce que pour découvrir le plot twist…