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Critique de Talec0904


« Voici un assassinat : s'il est politique, c'est une information, s'il ne l'est pas, c'est un fait divers. » (Roland Barthes) !!!!!!

Cela se présente comme un fait divers, à la frontière franco-belge. En 2014, une bande de jeunes, certains du village, d'autres de la banlieue de Roubaix, décide de cambrioler un homme âgé, Daniel. L'affaire tourne mal et Daniel est laissé pour mort, sa ferme sera incendiée une semaine plus tard, pour effacer les traces du méfait.
Son agonie ayant été filmée et diffusée et les assaillants ayant dépensé l'argent de manière ostentatoire, ils seront rapidement arrêtés.
L'auteur est journaliste, a déjà effectué des enquêtes sur la traite des êtres humains. Il est également le neveu de Daniel et a interrogé les voisins, les proches, pour comprendre comment un tel drame a pu arriver.
Ce récit a souvent été présenté comme l'affrontement de deux mondes.
---- celui immuable du paysan, traditionnel, travailleur, vivant sans internet, sans carte bancaire, mais qui a des journées remplies d'activités simples, effectuées selon un rythme immuable, une régularité rassurante, déboussolé par la modernité.
---- le monde d'après : celui de la consommation, sans repaire moral, la violence d'une société du tout, tout de suite, et surtout sans efforts.
Mais, en réalité Daniel, dont la famille est héritière du monde paysan des grandes fermes carrées d'autrefois a été marginalisé par son propre monde. L'indifférence des villageois qui ne verront pas Daniel pendant une semaine relativise tous les discours sur l'anonymat des villes et les relations forcément riches des campagnes. Il était "le vieux crasseux" « le vieux pervers » dont l'enterrement a été expédié dans une église quasiment vide.
De même le monde d'après, celui de la consommation est plutôt celui du député Daniel Senesael adepte des évènements médiatiques, des riches familles du Nord qui rachètent ces fameuses fermes.
En réalité et au bout du compte, ce sont des pauvres êtres qui assassinent d'autres pauvres êtres ,
Des gagnants face à des perdants, non pas l'affrontement de deux mondes mais l'affrontement des exclus de ces mondes.
Ce livre, à sa sortie, a été probablement instrumentalisé. Il est resté une des meilleures ventes aux Pays-Bas pendant longtemps. Ce qui est significatif.
Il n'a pas les prétentions littéraires de Gitta Sereny (Une si jolie petite-fille) ni de Gabriel Garcia-Marquez (Récit d'un naufragé) ou Truman Capote (De sang-froid)
Mais c'est le livre d'un journaliste qui se pose des questions.
C'est également un livre plein d'empathie pour les marginaux de tous bords : un livre de neveu.

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