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Critique de afriqueah


Avec courage, et aussi dans le but de dévoiler une maladie curieusement peu connue, dont il décrit les dangers, la dépression, Wiliam Syron raconte sa descente. Il vient de gagner un prix convoité, pour cela il doit se rendre à Paris, perd le chèque de 25 000 dollars qu'il a gagné, se trompe, s'enferme dans le mutisme et la solitude. La dépression est malheureusement peu connue, parce que les angoisses restent le plus souvent intérieures et ne peuvent se communiquer, tellement elles sont mortifères, que les insomnies peuvent être enrayées par des médicaments, (dont Styron dénonce le danger de certains) et que les suicides post dépression sont rapidement niés par l'entourage dévoré de culpabilité et appelés de préférence « accidents ». La dépression grave est tellement peu connue, nous dit Styron, que même son psychiatre a renâclé à ce qu'il soit hospitalisé. Or, c'est ce milieu terne de l'hôpital qui devient un « sanctuaire où l'esprit est à même de retrouver la paix ». Il décide de se faire hospitaliser après des mois terribles où le suicide lui semble la seule solution pour mettre fin à ses angoisses et une nuit où la nécessité du suicide lui semble évidente, quand il écoute par hasard un passage de la Rapsodie pour contralto de Brahms. Il ne peut renoncer à ce plaisir, se dit-il, qui lui rappelle sa mère le chantant et sort enfin de ce « mortel dilemme » dont il était prisonnier.
Cette « tempête des ténèbres » intérieure, nous rappelle Philippe Sollers sur la 4* de couverture, peut frapper n'importe qui à chaque instant, mais plus particulièrement les artistes et les écrivains, comme Hemingway, Virginia Woolf, Romain Gary, Primo Levi, Van Gogh.
Styron évoque certains de ces suicidés et constate que ce n'est pas à cause d'une perte, d'un malheur ou d'une rupture qu'ils ont décidé de se donner la mort. Car l'homme est en général enclin à survivre, même dans des conditions tragiques comme pour Primo Levi à Auschwitz qui se suicide bien après. Il analyse aussi l'attitude des autres, bien que sa femme Rose soit la compassion même. « Quand on dit « courage » alors que l'on est en sécurité sur le rivage à quelqu'un qui se noie » c'est une insulte mais c'est aussi un essai de convaincre que la vie vaut la peine d'être vécue. Pas de recette pour Styron, qui raconte simplement sa descente difficile dans les ténèbres sans présumer jamais d'une solution ni même d'une explication. Pour lui, ce fut un morceau de musique, pour d'autres ce peuvent être un psychiatre ou des médicaments. Il trouve cependant une possible explication à ce terrain dépressif dans la génétique, car son père lui aussi a été en prise à la sombre forêt de la dépression et sa mère meurt lorsqu'il a treize ans …. Et le déclencheur dans la trahison de son corps qui n'admet plus l'alcool, ce qui pourtant lui donnait du nerf et éloignait en apparence la dépression.
Mythe de Sisyphe, toujours, car la remontée est imprévisible, dit Styron, et c'est un hymne à la mémoire de sa mère.
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