Après avoir lu
Les délices de Tokyo et
le rêve de Ryosuke, dont j'avais apprécié la poésie et la délicatesse, j'avoue que j'avais certaines attentes en entamant la lecture du roman de
Durian Sukegawa.
Côté atmosphère, on est loin de l'optimisme qui perçait dans les deux autres romans. le ton est sombre, voire désespéré. La vie d'un corbeau en milieu urbain n'a rien de réjouissant et Johnson, corbeau de son état, personnage principal, en est le parfait exemple. Encore incapable de voler, le voici éjecté du nid par un prédateur affamé. Recueilli par Ritsuko, soigné par son fils Yôichi, il est vite obligé de fuir les Hommes. Confronté à la violence de ses congénères, il sera sauvé par Rayon vert avec laquelle il fonde une famille. Mais le bonheur est de courte durée et les hommes, encore eux, y mettront fin dans le sang, ce qui ne sera pas sans conséquence. Parallèlement, nous suivons Ritsuko, mère divorcée qui élève seule son fils Yôichi. Et pour eux, non plus, la vie n'est pas rose.
Nous vivons l'histoire avant tout à travers les yeux de Johnson, et même si, l'auteur lui prête souvent des sentiments finalement assez humains, sa « voix » nous fait passer par diverses émotions (quand même plutôt négatives, il faut l'avouer) : colère, tristesse, etc. Dès qu'une légère lueur d'espoir perce, c'est pour s'évanouir aussitôt dans un désespoir encore plus profond. Il est donc difficile de ressentir des émotions positives et pourtant l'amitié improbable entre un corbeau, Johnson, et Yôichi, un jeune garçon un peu perdu, est la lumière qui illumine le roman de bout en bout, même s'il faut bien l'avouer, elle est bien ténue.
Faut-il y voir une lueur d'espoir pour l'Homme qui peut encore retrouver ce lien avec la nature qu'il s'obstine à nier et à repousser ?