C'est un roman qui met en scène trois personnages que l'on découvre progressivement et un lieu, un palace suisse , comme on l'imagine, luxueux, calme, au dessus d'un lac.. .
Le narrateur, Ernest, est
un garçon parfait. Pas un mot plus haut que l'autre, pas un cheveu qui dépasse, et toujours la bonne attitude adaptée à la clientèle, un juste instinct du désir des clients -le mot désir n'a rien d' anodin - c'est un métier, je dirais même une vocation, et pour ce solitaire, finalement une protection que ce lieu clos qui ne change jamais, même si la clientèle qui y défile va, elle, changer. En effet, en 1935 commencent à arriver pour des séjours prolongés les riches familles juives qui ont senti qu'en Allemagne, ça commençait à sentir le roussi.
Trente ans plus tard, Ernest est resté le même. Extérieurement du moins. Même le jour où il est victime d'une sévère agression homophobe, pas une plainte..
Mais cette agression va l'amener à retrouver le deuxième personnage , un écrivain qui a fui avec sa famille aux Etats-Unis , celui qui " il y a désormais trente ans de cela, avait détruit son insignifiante vie ou du moins l'avait rendue encore plus insignifiante qu'elle n'était, de toute façon."
Car il n'est pas parti qu'avec sa famille, cet écrivain. Il a emmené Jacob..
Et Jacob, qu'Ernest a formé à devenir
un garçon parfait, était l'amour de sa vie.
En dessous du lisse et des apparences, que de passion et que de douleur et de blessures.
Et trente ans après, au début du roman, Ernest reçoit une lettre de Jacob..
C'est avec une écriture très classique , très étudiée , qu'
Alain Claude Sulzer réussit à transmettre l'ambiance de cet hôtel , la réalité historique avec la montée du nazisme , et les relations amoureuses et même passionnelles , les trahisons et les drames. On s'en doutait, mais au fur et à mesure il nous le raconte, Jacob n'était pas tout à fait
un garçon parfait..
J'ai beaucoup aimé ce roman qui semble longtemps lisse , et qui se révèle finalement très cruel dans le sort qu'il réserve à tous ses personnages.