Le retour est toujours le chemin le plus important, racontait le feuillage, qui racontait partout la même chose.
(Poche, p. 175)
Regarde Melmoth, qui parcourt le monde à la recherche de l’attention et crois-le quand il dit qu’il n’y a pas eu un jour dans sa vie où il n’ait pas appris quelque chose — et pas une nuit.
(Poche, p. 252-3)
Un bombyx du mûrier, papillon blanc, petit bout de soie aérienne, fit son apparition. On fabriquait la soie à partir de chenilles, d'énormes troupeaux de vers rampants. On les faisaient cuire et on leur enlevait leur enveloppe. On tondait bien les moutons. Tant que c'était blanc, tant que c'était chaud, on ne se souciait pas de savoir si l'on portait à même la peau du jus de vers ou de la laine de mouton. Tous voulaient être blancs comme des moutons, et en même temps, ils ne le supportaient pas : ils teignaient la laine et puaient. Leur nudité demeurait cependant. C'était ça, le secret, le secret à l'état brut. Les hommes sont nus face aux choses, livrés aux choses, trahis par les choses alors même qu'ils les trahissent eux-mêmes.
« Il n’est pas mort de maladie. Les bêches ne sont pas des virus ! » (p. 7)
-Non, mon petit. L'esprit de George ne va pas revenir. Les hommes n'ont pas d'âme. Pas d'âme, pas d'esprit, rien. C'est aussi simple que cela.
-Comment peux-tu dire une chose pareille! s'insurgea Mopple. Nous ne savons absolument pas si les hommes ont une âme ou non. Il y a peu de chances, d'accord, mais cela reste possible.
-Même un agneau sait bien que l'âme se loge dans l'odorat. Or les êtres humains sentent très mal.
Zora redressa la tête.
- Et le loup ? demanda-t-elle.
- Le loup est à l’intérieur de chacun, répondit Fosco.
- Comme un abîme ? demanda-t-elle encore. Un abîme à l’intérieur ?
- Mouais, comme un abîme, confirma-t-il.
Elle réfléchit. Tomber dans le vide – elle voyait ce que cela voulait dire. Mais tomber en dedans ? Elle secoua la tête.
- Ce n’est pas pour les moutons.
- Non, dit-il. Ce n’est pas pour les moutons.
En général, les brebis parlaient de leur progéniture, ce qui n’intéressait qu’elles. Bien sûr, il existait des agneaux de légende, tel Ritchfield, mais les mères de ces agneaux-là avaient la sagesse de la boucler.
En principe, les moutons ne sont pas bavards. Cela tient au fait qu’ils ont souvent la bouche pleine. Cela vient aussi de ce qu’ils n’ont parfois que de l’herbe dans la tête. Mais tous les moutons aiment les bonnes histoires. Ce qu’ils préfèrent, c’est écouter et s’étonner - entre autres parce qu’on peut écouter et ruminer en même temps. Depuis que George avait cessé de leur faire la lecture, il leur manquait quelque chose dans leur vie.
Adjugé : les moutons de George Glenn allaient élucider le crime de leur seul et unique berger.
Elle avait expliqué que, de toute façon, seuls les imbéciles mangeaient de la paille en plein été dans le pâturage le plus vert et le plus gras d’Irlande et que même les loups les plus raffinés ne tuaient pas leurs victimes en leur plantant une bêche dans le corps.