Il s'étonne de sa propre indifférence face à ces sarcasmes. Au début, lorsqu'il avait trouvé Ruelov, tout son corp participait à sa haine. Elle vivait dans ses entrailles autant que dans ses mains. La seule évocation de l'image ou de la voix de l'autre faisait monter dans chaque fibre musculaire, chaque nerf, une marée épaisse et chaude qui le faisait vivre. A présent, à sa place, il ne restait qu'un immense vide qui le laissait indifférent et fatigué.
Il saisissait surtout que lui faisait le travail et que Ruelov récoltait la gloire.
Il a été jusque-là porté par une volonté qui lui échappait, chaque action découlant de la précédente sans qu'il intervienne; à présent, planté dans la réalité, il ne sait plus ce qu'il est venu chercher.
Avant même de l'avoir obtenu, l'homme était devenu célèbre.