Quand un nageur vient s'entraîner et qu'il traverse des épreuves dans sa vie privée, on lui dit qu'il n'a qu'à pleurer sous l'eau, là où personne ne pourra le voir.
Les mots avaient résonné entre les lattes du parquet comme un coup de canon dans la montagne. Ara était tétanisée, debout face au plan de travail de sa cuisine. Des semaines qu'elle les entendait se disputer, et à chaque fois la même sensation de froid se saisissait d'elle malgré la canicule. Cela n'avait rien à voir avec la peur, cette vieille amie qu'elle avait appris à dompter pendant la guerre. Non, c'était la mémoire des mots et des coups, celle des nuits sans sommeil à espérer simplement que ses fils puissent voir un jour nouveau.
- Clara, c’était une fille pleine de passion et très courageuse. Mais il y avait quelque chose d’enfoui… une souffrance. Elle pleurait sous l’eau.
- Comment ça, elle pleurait sous l’eau ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
- C’est une expression qu’on utilise en compétition. Quand un nageur vient s’entraîner et qu’il traverse des épreuves dans sa vie privée, on lui dit qu’il n’a qu’à pleurer sous l’eau, là où personne ne pourra le voir.
Le noir partout autour de lui comme un goudron poisseux et opaque.
L'image de ce corps de femme flottant sous la lune ne la quittait pas, comme un fantôme au fond de son verre.
Il voulait imposer sa volonté sur le moindre objet, il voulait que je sois un objet moi-même. Et peu à peu, j'ai accepté...
C'était aussi un sensible de la race de ceux qui souffrent en silence, portant le poids de leurs soucis sur les épaules jusqu'à ce qu'elles se brisent.
L'enquête se trouvait entre les mains du juge,une date avait même été fixée en 《 comparution immédiate 》.L'issue restait incertaine, mais Rhonda avait fait son job et plus important ,elle avait rendu sa mémoire à Clara.Elle se rapprocha de l'entrée du bassin et entra dans l'eau d'un coup.Son corps fut parcouru d'un agréable frisson alors qu'elle commençait à nager dans la ligne.C'était un jour rempli de joie et d'espoir,un jour où l'on oubliait de pleurer sous l'eau.....( Page278)
Tomar ne savait pas trop quoi en penser.Son boulot au 36-- Il,fallait encore qu'il,s'habitue à l'appeler le Bastion ou le New 36 comme certains de ses collègues--ne l'exposait pas quotidiennement à la frustration du travail de terrain.Mais il songeait à tous ces jeunes qui, une fois sortis de l'école de police ,s'engageaient par conviction pour devenir gardiens de la paix.Par le seul port de l'uniforme,ils se transformaient radicalement dans les yeux des autres.Autrefois ,on pouvait y lire le respect,mais aujourd'hui la haine du flic s'étalait librement dans la rue,sur les réseaux sociaux,attisée par la complaisance des médias jamais avares en images de prétendues" bavures policières " .Un truc bien pourri s'était infiltré dans le système et les flics servaient de fusibles à une société prête à exploser,sans en avoir ni les épaules ni les moyens.On avait beau leur fournir des bâtiments tout neufs,ça faisait l'effet d'un pansement sur une jambe de bois, car le seul véritable moteur de ce métier de dingue,c'était l'intime conviction de faire quelque chose d'utile.Si on leur enlevait ça en les dénigrant systématiquement, il ne restait rien.Alors ,à quoi bon continuer à se battre?.( Page34).
La nuit est chaude et aussi étouffante qu'un four.Mais Laurence et Sacha s'en foutaient bien.Ils avaient tout juste dix-sept ans ,des rêves plein le crâne et l'envie de s'envoyer en l'air.Un pote du lycée leur avait parlé d'une fenêtre qu'il suffisait de faire coulisser pour pénétrer dans la forteresse en briques rouges surplombant la butte.De toute façon l'alarme ne marchait plus depuis bien longtemps et,à cette heure tardive,ils ne risquaient certainement pas de croiser qui que ce soit .( Page 11).