la vie se passait inconsciemment dans les tâches insignifiantes et les petites joies
Est-il quelque chose de plus cruel que la transformation de la poésie en comédie dès les premiers pas, dans ce paysage, et sur cette scène ?
Il sut que ces baisers, qui avaient autrefois été arrêtés par le rire, avaient trouvé leur chemin dans les larmes.
Les légendes nous racontent qu'un habile fabricant d'armes peut façonner des épées si tranchantes que l'homme coupé en deux ne s'en aperçoit pas. Mais il est secoué, les deux parties se séparent. L'épée du destin est aussi aiguë.
Tout d'abord Apurbo fut grandement surpris, mais ensuite il sut que ces baisers, qui avaient autrefois été arrêtées par le rire, avaient trouvé leur chemin dans les larmes.
Tous les gens du village passaient leur temps à se disputer, à comploter les uns contre les autres, à propos de plantations de cannes à sucre, de procès illégaux, de commerce de jute; les seuls qui s'intéressaient aux idées et à la littérature étaient Sashibhusan et Giribala.
(Nuage et soleil)
Il avait plu la veille, mais ce jour-là il n'y avait aucun signe de pluie et un pâle soleil et des nuages dispersés s'amusaient à colorer des longues trainées de leurs pinceaux les champs où la moisson d'automne était déjà mûre. Le vaste paysage vert était touché un moment par la lumière qui lui donnait une blancheur éclatante, et l'instant suivant il était barbouillé par des ombres profondes et fraîches.
(Nuage et soleil)
On rencontre beaucoup de visages dans le monde, mais certains d'entre eux pénètrent dans notre esprit presque à notre insu. Ce n'est pas à cause de leur beauté qu'ils s'imposent à nous, mais plutôt à cause d'une autre qualité. Dans la plupart des visages la nature humaine ne transparaît pas, mais il s'en trouve cependant où cette qualité mystérieuse, intérieure, se manifeste spontanément. Alors ce visage-là se fait remarquer entre mille autres et s'imprime tout à coup dans l'esprit.
(La petite mariée)
Apurbo venait de passer à Calcutta ses examens de bachelier ès Arts et retournait à son village.
La petite rivière qui y coulait était toujours à sec une fois que la saison des pluies était passée, mais en ce moment, pendant la mousson de juillet, les lourdes pluies l'avaient grossie et elle entourait maintenant toute l'enceinte du village jusqu'aux bouquets de bambous. Le soleil avait reparu dans le ciel dégagé de nuages après les pluies torrentielles qui avaient duré plusieurs jours.
(La petite mariée)
Elle ne savait pas qu’en cette dernière nuit le passé de sa jeune vie auquel elle s’accrochait avait changé d’aspect avant qu’elle s’en aperçoive. Maintenant elle pouvait aisément secouer les souvenirs comme l’arbre laisse tomber ses feuilles mortes.
Les légendes nous racontent qu’un habile fabricant d’armes peut façonner des épées si tranchantes que l’homme coupé en deux ne s’en aperçoit pas. Mais s’il est secoué, les deux parties se séparent. L’épée du destin est aussi aiguë. Lorsqu’elle avait séparé la jeunesse de Mrinmayi de son enfance, Mrinmayi ne s’en était pas aperçue. Mais aujourd’hui, à cause d’une secousse, les deux parties de sa vie se détachèrent l’une de l’autre, et Mrinmayi en fut tristement surprise. (p. 40-41)